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Retour sur la fête de la science 2024 !

Par Sarah Journée

Publié le 22 octobre 2024 Retour sur la Fête de la Science 2024 ! La Fête de la Science est l’un des événements de valorisation des recherches scientifiques auprès du grand public les plus prisés par la communauté scientifique et par le public. Cette année 2024 elle s’est articulée autour du thème « L’eau dans tous ses états ». Découvrez en images le Village des Sciences de Colmar, organisé par la Nef des Sciences, qui a permis à des scientifiques de l’UHA de présenter leur travail à la société. https://youtu.be/0gSjfCuocPI?si=90-_qK7PDFCwu9jY Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2017 – Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD 7 avril 2017/ Publié le 7 avril 2017 Ma thèse en 180 secondes : Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD… Vidéo Apprendre la table de Mendeleïev avec des cartes 30 janvier 2019/ Publié le 30 janvier 2019 Apprendre la table de Mendeleïev avec des cartes   Créer un jeu de cartes ludique… Vidéo Fête de la science : Driss Laraqui, jeune docteur à l’honneur 29 septembre 2020/ Publié le 29 septembre 2020 Fête de la science : Driss Laraqui, jeune docteur à l’honneur   La Fête de… Vidéo

Aide sociale à l’enfance : ces mineurs pris en charge qui entrent dans la prostitution

Par Sarah Journée

Publié le 24 septembre 2024 Aide sociale à l’enfance : ces mineurs pris en charge qui entrent dans la prostitution Héléna Frithmann, Université de Strasbourg et Nathalie Gavens, Université de Haute-Alsace (UHA) Associations et acteurs de la société civile manifestent ce mercredi 25 septembre pour la protection de l’enfance. Retour sur les résultats d’une enquête menée au sein des établissements de l’aide sociale à l’enfance alors que certains mineurs pris en charge se prostituent. Le récent rapport de France Stratégie sur les ruptures de parcours de jeunes accompagnés par l’aide sociale à l’enfance met en exergue les carences au sein du système de protection de l’enfance en France. Certaines sont parfois sous-évaluées. Suite à plusieurs faits, une commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance a été créée en mai 2024. Son objectif était de « faire la lumière sur les dysfonctionnements de l’aide sociale à l’enfance ». Cependant, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024, cette commission a été brutalement arrêtée. Nos recherches récentes dans le domaine de la prostitution soulignent toutes les fragilités de ce public et rappellent l’urgence de poursuivre la mise en lumière des fonctionnements et des manquements de l’aide sociale à l’enfance.   Les failles de la protection de l’enfance Selon sa définition, la protection de l’enfance en France « vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation, dans le respect de ses droits ». Il s’agit donc pour l’État de prendre le relais et d’aider les familles en difficulté afin d’assurer la sécurité et le développement des enfants qui lui sont confiés. Or, depuis plusieurs années, des voix s’élèvent pour dénoncer les failles de ce système puisque le devenir des enfants placés est plus sombre que celui des enfants qui grandissent dans leur environnement familial : (scolarité complexe, mais aussi risque plus élevé de vivre une période sans domicile fixe, ou passage à la vie adulte plus difficile et teinté d’obstacles, etc.).   Des mineurs pris en charge par l’ASE victimes de prostitution En tant que chercheuses en Sciences de l’Éducation et de la Formation et en Psychologie, nous avons travaillé plusieurs années sur le public des mineurs placés en protection de l’enfance. Une partie de nos recherches porte sur la prise en charge de ces jeunes, notamment via une réflexion sur les dispositifs de prévention et de soutien des jeunes, de leurs parents et des professionnels qui les accompagnent. Des dysfonctionnements particulièrement alarmant concernent le phénomène de la prostitution des mineurs, présent dans des établissements de la protection de l’enfance. La prostitution peut se définir comme le fait de « se prêter, contre rémunération ou avantage en nature ou la promesse de l’un d’eux, à des relations sexuelles physiques ou virtuelles ». La prostitution juvénile est un sujet mal connu du grand public et de nombreux professionnels qui accompagnent des mineurs. Pourtant, ce phénomène semble prendre de l’ampleur ces dernières années. Comme le souligne ce dossier de presse, la fourchette de mineurs concernés par la prostitution mentionnée dans le document n’est qu’approximative et largement sous-estimée. Concernant la protection de l’enfance, une estimation de 2021 met en avant un chiffre d’« environ 15 000 mineurs victimes de prostitution uniquement au sein de l’aide sociale à l’enfance ». Les mineurs confiés semblent donc particulièrement touchés par ce phénomène. Ces jeunes sont vulnérables au niveau médico-psychologique et social. Leurs parcours sont souvent marqués par des ruptures, des traumatismes, des carences affectives et éducatives, de multiples violences, des phénomènes de brisures et des problématiques d’attachement qui peuvent conduire à des conduites à risques comme les scarifications, les crises suicidaires, les fugues, les addictions à divers objets ou encore la prostitution. Pour les protéger, l’État dispose de plusieurs mesures, dont l’accueil en établissements de la protection de l’enfance. Dans ce cas, l’enfant est placé de manière provisoire dans un lieu d’hébergement comme un foyer de l’enfance, une maison d’enfants à caractère social ou encore un foyer d’action éducative. Ces établissements ont pour mission d’assurer le maintien de la santé physique et psychique, la sécurité et la moralité des jeunes ainsi que leur structuration et insertion sociale, scolaire et professionnelle. Cependant, force est de constater que la mesure de placement peut amener certains jeunes à entrer dans la prostitution.   Ce qui favorise l’entrée dans la prostitution Suite aux résultats de nos recherches menées sur le terrain auprès d’adolescentes placées, nous proposons ici d’expliciter trois éléments qui nous semblent favoriser la mise en place d’une telle conduite. D’abord, ces structures d’accueil peuvent être considérées par les riverains ou les personnes renseignées et mal intentionnées comme des « cibles » : « les professionnels qui y travaillent mettent en avant le fait que des recruteurs, des proxénètes et des clients connaissent la localisation de la structure et savent que des mineures vulnérables y sont hébergées. Elles sont donc régulièrement abordées dans la rue aux alentours de la structure par ces individus afin d’avoir des rapports sexuels tarifiés », comme le montre notre recherche. Ensuite, les jeunes placés en établissements vivent au quotidien dans un lieu d’hébergement collectif. Ce nouvel environnement de vie n’est pas sans conséquence sur leur quotidien. En effet, la mesure de placement en structure est un bouleversement important dans leur vie puisqu’elle induit la séparation avec leurs familles, leurs amis, la sphère scolaire et de manière plus globale leurs repères et habitudes. Dans certaines situations, la mesure de placement renforce donc le besoin d’appartenance et de reconnaissance de ces jeunes à un groupe, souvent le groupe de pairs de l’établissement.   Les fréquentations des jeunes placées Dans notre étude, suite à leur arrivée au foyer et via des relations nouées dans la structure, les adolescentes développent un sentiment d’appartenance important au groupe de paires de l’établissement. Par ce biais, elles sont rapidement mises en lien avec des conduites à risques comme les fugues, la consommation d’alcool, de produits psychotropes et l’initiation à certaines pratiques sexuelles, avant d’entrer dans la pratique prostitutionnelle. Enfin, les…

Manquera-t-on de bière demain à cause du changement climatique ?

Par Sarah Journée

Publié le 20 septembre 2024 Manquera-t-on de bière demain à cause du changement climatique ? Gaël Bohnert, Université de Haute-Alsace (UHA) Une étude menée en Alsace montre que le changement climatique aura des effets significatifs sur le secteur brassicole. Dans cette région, les récoltes de malt et de houblon seront affectées, de même que les conditions de production industrielle. Dans le même temps, les goûts des consommateurs sont en train de changer. Les amateurs de bière n’auront pas manqué de remarquer la profonde mutation que connaît le secteur brassicole depuis quelques années. Elle se manifeste principalement par ce qui a été nommé la « craft beer revolution », autrement dit la multiplication des micro-brasseries artisanales. Il en a découlé une diversification des styles de bières, produites tant par ces nouvelles micro-brasseries que par des groupes multinationaux qui s’en inspirent, pour le plus grand plaisir des palais à la recherche de nouvelles saveurs. Un élément pourrait néanmoins venir perturber cette évolution : le changement climatique. Une étude que nous avons menée en 2020 en Alsace met en effet en évidence diverses conséquences que le changement climatique peut avoir sur le secteur brassicole. Selon le niveau de la filière concernée, on peut distinguer trois types d’effets : les impacts agricoles portant sur l’approvisionnement en matières premières, les impacts industriels dédiés aux processus de brassage et les impacts indirects résultant de la modification des attentes des consommateurs.   Le malt et le houblon menacés D’après mes entretiens, les plus forts effets du changement climatique sont à redouter dès l’amont de la filière : « Les plus gros risques pour la bière, c’est sur l’agriculture », m’a ainsi assuré un brasseur. Ces risques portent à la fois sur la quantité et sur la qualité de l’approvisionnement en malt (produit principalement à partir d’orge) et en houblon, les principales matières premières qui composent la bière après l’eau. Ce sont notamment les périodes de sécheresse qui inquiètent. Les rendements de l’orge et du houblon pourraient être significativement réduits par une baisse des précipitations estivales, justement annoncées par les projections climatiques dans la région. Sur l’aspect qualitatif, c’est davantage le houblon qui concentre les préoccupations. Alors qu’il est utilisé en grande partie pour donner son amertume à la bière, les fortes températures, appelées à être de plus en plus courantes, entraînent une baisse de la concentration des acides alpha, molécules responsables de cette amertume. Pour se prémunir d’un approvisionnement déficient en quantité ou qualité, certains brasseurs envisagent – voire testent déjà – plusieurs mesures. Une première réponse est de changer de fournisseurs, afin de faire venir les matières premières de régions moins affectées, comme le Royaume-Uni. Une stratégie qui ne suffira pas à long terme, si les brasseurs du monde entier se tournent vers le voisin britannique pour s’approvisionner. L’autre piste évoquée consiste à optimiser les processus de production, voire modifier les recettes, afin de limiter la quantité de matières premières nécessaires. Ce qui aboutirait à des bières moins fortes – qui dit moins de sucres apportés par le malt pour la fermentation dit moins d’alcool produit – ou moins houblonnées. Un brasseur va même jusqu’à expérimenter des bières sans houblon, qu’il remplace par de l’achillée mille-feuille ou du lierre terrestre pour aromatiser. Les impacts industriels Si les conséquences du changement climatique sur la production de bière en elle-même semblent moins prononcées que sur l’amont agricole, elles ne sont pas négligeables. L’eau, premier ingrédient de la bière puisqu’elle en compose 90 à 95 % de la masse des ingrédients, est la principale problématique en la matière. Une brasserie efficiente consommera ainsi entre 4 et 7 litres d’eau pour produire 1 litre de bière : face à l’intensification des sécheresses, de nombreux brasseurs craignent de se voir imposer des restrictions d’eau qui les forceraient à arrêter ou réduire leur activité pendant l’été. Des mesures d’économies sont alors entreprises, la plus répandue étant de récupérer l’eau de refroidissement. Une autre difficulté peut provenir des fortes chaleurs : les cuves de fermentation doivent être maintenues à une température relativement constante et fraîche (4-13 °C pour la fermentation basse et 16-24 °C pour la fermentation haute). Sur ce point, la popularité des bières de fermentation haute dans le monde de la brasserie artisanale (bières souvent plus fortes en alcool et en goût, IPA par exemple) pourrait rendre ces dernières moins vulnérables aux fortes chaleurs que les grandes brasseries les plus industrialisées, qui ont fondé leur croissance sur le développement de bières de fermentation basse, qui nécessite plus d’énergie en cas de fortes chaleurs : c’est le cas des lagers, bières généralement moins fortes et visant essentiellement le rafraîchissement : « Le refroidissement est une question, parce que sur les consommations électriques, ça pèse environ un tiers de la consommation électrique » constate un brasseur. Si aucun des brasseurs rencontrés n’avait rencontré ce cas extrême lors de nos échanges, des températures trop élevées peuvent également aller jusqu’à rendre impossible un refroidissement suffisant. Le choix peut alors être fait de mettre en pause la production pendant les mois les plus chauds, mais ce sont surtout des mesures structurelles qui sont mises en avant pour réduire les besoins en froid et donc la consommation énergétique (isolation notamment). Une stratégie peut aussi être de sécuriser l’accès à une électricité propre et peu chère car autoproduite, en installant des panneaux photovoltaïques sur le toit de la brasserie par exemple.   Des consommateurs plus exigeants Enfin, au-delà de ces impacts directs, le changement climatique engendre d’autres effets indirects sur le secteur brassicole. Il s’agit de s’adapter aux évolutions que ces perturbations entraînent au niveau de la consommation. Si la bière est généralement considérée comme une boisson rafraîchissante, l’alcool qu’elle contient est peu recherché en période de canicule et les bars moins fréquentés. Ce comportement concorde d’ailleurs avec les recommandations publiques. Selon certains brasseurs interrogés, le développement de bières sans alcool vise ainsi explicitement à s’adapter à cette évolution de la demande lors des fortes chaleurs. Surtout, la médiatisation du changement climatique a fait naître de nouvelles attentes de durabilité, opportunités pour se déployer sur de nouveaux marchés (circuits courts, agriculture biologique, consigne…

Crises de l’eau : comment gérer les conflits d’usage ?

Par Sarah Journée

Publié le 17 août 2024 Crises de l’eau : comment gérer les conflits d’usage ? Bruno Camous, Université de Haute-Alsace (UHA) et Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) En ce mois de mai 2025, l’ensemble de la France s’apprête à connaître sa cinquantième vague de chaleur depuis le début des mesures en 1947. Avec les canicules qui se multiplient, les objectifs de sobriété dans les usages de l’eau génèrent des conflits d’usage. Quels outils pour en sortir ? Les épisodes de sécheresse se succèdent en France ainsi que dans le Nord de l’Europe. Après plusieurs étés caniculaires, le président de la République annonçait le 30 mars 2023 un « Plan Eau ». Celui-ci vise à garantir la sobriété de tous les usages et à réduire de 10 % les prélèvements sur la ressource d’ici 2030. Concrètement, la mise en œuvre de ce plan d’action s’organise autour de 5 axes stratégiques : organiser la sobriété des usages de l’eau pour tous les acteurs, optimiser la disponibilité de la ressource, préserver la qualité de l’eau, être capable de mieux répondre aux crises de sécheresse et mettre en place les moyens d’atteindre ces ambitions. Les quatre premiers axes nécessitent de nombreux investissements : 15 milliards d’euros seraient nécessaires pour moderniser les installations, remplacer les canalisations et accroître la digitalisation des relevés et des factures d’eau. À cela s’ajoute l’évolution de la réglementation sur la qualité et le traitement de l’eau qui pourrait conduire à doubler le montant des investissements. Il faut aussi composer avec la hausse du coût de l’énergie et des charges d’exploitation. Pour assurer la mise en place et la pérennité des investissements, le cinquième axe stratégique doit permettre de débloquer les moyens financiers face aux capacités d’autofinancement limitées des exploitants. Or, plusieurs acteurs du secteur tirent la sonnette d’alarme.   Faire plus avec moins La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, ainsi que la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau soulignent que les efforts nécessaires de sobriété, en réponse à la sécheresse historique de 2023, ont engendré une diminution des volumes consommés de l’ordre de 3 à 4 %. Si cette diminution paraît positive au regard de l’objectif de préservation de la ressource, elle engendre également pour les exploitants et collectivités une réduction significative de leurs recettes. Les inquiétudes sont aussi liées à l’abandon, par le gouvernement d’Élisabeth Borne, de l’augmentation de la redevance sur les pollutions diffuses, perçue sur la vente de pesticides, et celle sur les prélèvements d’eau pour les cultures irriguées. Bien que compréhensible au regard des charges qui pèsent déjà fortement sur un secteur agricole sous pression, la suppression de ces hausses de redevances n’est pas sans conséquences sur le financement du Plan Eau. La première devait initialement rapporter 37 millions d’euros de recettes supplémentaires aux Agences de l’eau pour le financement du traitement des eaux, la seconde 10 millions d’euros. En contrepartie de cette perte financière, une contribution exceptionnelle de 100 millions d’euros à destination du Plan Eau était prévue, au travers du versement d’une redevance par EDF pour le refroidissement en eau de ses centrales nucléaires. Ici aussi, la possibilité pour les Agences de l’Eau de toucher les sommes promises semble de plus en plus incertaine. Dans ce contexte, une hausse généralisée des factures d’eau pour les citoyens n’est pas à exclure pour réussir à financer l’adaptation des réseaux aux enjeux du changement climatique.   Des risques de conflits d’usages La nécessité d’une consommation raisonnée de la ressource en eau vient aujourd’hui remettre en question le principe de « l’eau paie l’eau » : les recettes issues de la facture d’eau financent à plus de 80 % la gestion et l’exploitation des services. Si le modèle économique actuel du secteur montre ses limites par rapport à son incidence sur le prix de l’eau pour les ménages, il pose aussi des problèmes d’acceptation sociale dans un environnement où la demande va devoir s’adapter à la disponibilité de la ressource. À l’heure actuelle, les prérogatives du Plan Eau prévoient une diminution de la consommation d’eau des particuliers et des industriels de l’ordre de 10 % à l’horizon 2030, mais pas pour le secteur agricole ou énergétique (refroidissement des centrales nucléaires). Or, à l’échelle nationale, 62 % des consommations d’eau proviennent de l’irrigation des terres agricoles et 14 % de l’énergie. Cette priorité accordée au secteur agricole est à l’origine des violences de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, au printemps 2023. Les « réserves de substitution » ou « méga-bassines » visent à pomper l’eau des nappes phréatiques pour la stocker en vue de l’irrigation estivale des cultures. Indispensable pour une agriculture intensive en période de sécheresse, ce procédé est décrié en partie pour l’accaparement de la ressource qu’il engendre au profit du secteur agro-industriel. Un moratoire de 10 ans a été voté le 06 mai 2025 à l’assemblée nationale sur le déploiement de ces méga-bassines. Face à ces protestations et à un prix de l’eau en constante augmentation, les opérateurs principaux locaux – les collectivités et exploitants des réseaux – se trouvent en difficulté. Comment gèrent-ils les attentes contradictoires des différents usagers de l’eau potable ?   Penser globalement la gestion de l’eau Une des solutions aux paradoxes économique et budgétaire du secteur, mais aussi aux conflits d’usages induits par la raréfaction de la ressource, est la mise en place de systèmes de pilotage de l’eau sous la forme de « package ». Les recherches en sciences de gestion désignent par « package » un ensemble de systèmes et d’outils de gestion introduits par différents groupes d’acteurs et à des moments différents. Ils génèrent souvent incohérence organisationnelle, lourdeur administrative et incompréhension des agents et des usagers s’il n’est pas pensé globalement. Notre étude récente s’est penchée sur le processus de création de l’un de ces packages au sein d’une régie d’eau. Celui-ci se compose de cinq catégories d’outils : une convention d’objectifs pour déterminer les principaux objectifs stratégiques de la régie ; un rapport trimestriel pour opérationnaliser la liste d’indicateurs de performance de la convention d’objectifs et faciliter le transfert d’information entre la régie et la collectivité ; un accord d’intéressement pour renforcer la cohésion du personnel et le travail de l’ensemble des agents dans une direction commune ; des…

La démocratie libérale suppose un monde partagé

Par Sarah Journée

Publié le 11 juillet 2024 La démocratie libérale suppose un monde partagé Renaud Meltz, Université de Haute-Alsace (UHA) La séquence politique qui s’est ouverte avec la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin a fait surgir une crainte : que, pour la première fois depuis 1940, la France rompe avec la démocratie libérale. La campagne électorale de ces dernières semaines a également donné lieu à plusieurs commentaires sur un retour aux années 1930, comme si l’histoire était cyclique et que la démocratie libérale devait périodiquement être remise en question par un autre modèle. Or la dynamique des populismes en France, comme à l’échelle mondiale, illustre cette lutte séculaire entre la démocratie libérale et l’autoritarisme. Elle manifeste que l’empire sans limite du libéralisme dans toutes les sphères d’activité des citoyens peut trahir l’espoir d’égalité politique mais aussi économique et sociale de la démocratie, et engendre une revanche de la démocratie illibérale – un jeu ancien, dont les années 1930 n’ont été qu’un moment parmi d’autres.   « Les années 1930 sont devant nous ! » « Les années 1930 sont devant nous ! » En novembre 1990, Gérard Granel, philosophe injustement oublié, héritier improbable de Marx et Heidegger, joue l’oiseau de mauvais augure avec cette prophétie à contretemps du triomphalisme occidental. France Culture, l’histoire de la « fin de l’histoire ».   Un an plus tôt, Francis Fukuyama a publié La fin de l’histoire (Flammarion, 1992 pour l’édition française), essai dans lequel il constate la victoire du libéralisme occidental, économique et politique. Après la chute de l’URSS, loin de se répandre comme un modèle unique, la démocratie libérale a bientôt révélé ses contradictions internes. Granel l’a compris d’emblée : ce triomphe masque une nouvelle « lame de fond populiste ». Le philosophe ne prédit pas le retour des années 1930, mais le soubresaut d’un processus historique commencé depuis plusieurs siècles.   L’avènement d’une démocratie sans libertés ? Le totalitarisme des années 1930 avait le visage de l’immixtion de l’État dans toutes les sphères de la société, caractéristique du nazisme des années 1930. Quel visage prendra le prochain « renversement du système démocratique et libéral » ? En philosophe plutôt qu’en historien, Granel prévoit que le libéralisme sans la démocratie est préparé par la mobilisation totale de la société au service de la production de richesse. L’économie mondialisée a tout digéré, le politique comme la sphère culturelle ou toute autre activité humaine non productive de richesse. La liberté sans la démocratie prépare-t-elle une démocratie sans libertés ? Granel était loin d’être le seul à dénoncer le capitalisme sans entrave au seuil des années 1990. L’année où il prononce sa conférence, le film Pretty Woman sort sur les écrans. Cette fable autour du mythe de Pygmalion fit la célébrité mondiale de Julia Roberts et trouva une audience évidemment sans commune mesure avec la prophétie de Granel. Bande annonce du film Pretty Woman, 1990.   L’intrigue amoureuse entre la prostituée et l’homme d’affaires s’entremêle à un autre fil narratif, qui peut, à mon sens, apparaître comme un propos discrètement politique. Faut-il continuer à délocaliser l’industrie américaine pour augmenter le profit des financiers ? Film hollywoodien, Pretty Woman se termine par un double happy-end : le loup de Wall Street renonce à dépecer un chantier naval américain ; il préfère le recapitaliser pour maintenir l’activité sur le sol national. Cette dénonciation vertueuse de la recherche sans fin du profit est promue par l’industrie des loisirs mondialisés. Cette ruse de l’histoire, vicieuse, n’avait pas de quoi surprendre Granel. On sait ce qu’il en a été de la dynamique sans limite de la recherche de profit, ce libéralisme sourd à la démocratie : les ouvriers, las d’être une variable négligeable dans la course au profit, ont voté pour le protectionnisme de Donald Trump et fragilisé leurs propres libertés individuelles.   La démocratie libérale, rare jeu d’équilibre entre libertés individuelles et politiques Revenons au fondement du projet politique moderne. On se souvient parfois confusément d’une lutte entre les forces révolutionnaires et contre-révolutionnaires qui ont ponctué notre modernité politique, comme une série de couples. Pensons à la Grande révolution (de 1789) et la Restauration (1814-1830) ; les Trois glorieuses (juillet 1830) et le libéralisme conservateur de François Guizot. Celui-ci était à la fois théoricien du libéralisme, hostile à la souveraineté populaire et à la démocratie sous la monarchie de Juillet. Enfin, février puis juin 1848 et l’Ordre moral ; jusqu’à la lutte entre monarchistes et républicains sur les décombres du Second Empire, qui voient la victoire des seconds, bientôt contestée par les Boulangistes ou les socialistes.   La « démocratie » au XIXᵉ, une réalité plus sociale ou juridique La « démocratie » désigne pour les hommes du début du XIXe siècle une réalité plus sociale ou juridique que politique : les droits fondamentaux accordés à tous, qui brisent la société d’ordre, bien plus que le suffrage universel, alors décrié par les libéraux. Alors, les républicains, qui admettent la démocratie politique et le suffrage universel, s’inspirent du modèle de l’antiquité grecque : un projet collectif qui transcende les intérêts particuliers. Il est juste d’imposer aux individus un bien commun, quitte à négliger les intérêts de la minorité. Face à eux, les libéraux attendent du gouvernement l’ordre et la stabilité qui permet aux individus de poursuivre librement leurs intérêts particuliers. Loin de souhaiter la démocratie, ils vouent aux gémonies la tyrannie de la majorité, la démagogie du grand nombre. La démocratie, pouvoir confié au peuple, qui arroge à la majorité le pouvoir de contraindre la liberté de la minorité, et le libéralisme qui vise l’autonomie de l’individu, n’étaient pas voués à se marier. Les libéraux comme Guizot luttaient en théorie comme en pratique contre la tyrannie de la démocratie, la démagogie du pouvoir confié à la masse. De fait, le projet démocratique, au temps des démocraties populaires, dans le bloc soviétique, a fait fi des libertés individuelles. Aussi bien d’un point de vue historique, la « démocratie libérale » a longtemps été un oxymore. C’est une chimère rare qui se crée à l’orée du XXe siècle : la démocratie libérale. On oublie que l’Europe continentale n’en connaît que deux, alors : la France et la Suisse. Le reflux illibéral de nos fameuses années 1930 referme une parenthèse très courte favorable à la démocratie libérale, née…

Remise des diplômes de Doctorat 2023 : « C’est quoi ta thèse ? »

Par Sarah Journée

Publié le 5 juillet 2024 Remise des diplômes de Doctorat 2023 : « C’est quoi ta thèse? » Les recherches effectuées à l’Université de Haute-Alsace sont très variées et nécessitent la coopération de plusieurs corps de métiers, dont les chercheur·ses, technicien·nes, ingénieur·es, personnels d’appuis à la recherches, … et les doctorant·es ! Découvrez dans cette vidéo le sujet de thèse de quelques un·es de nos docteurs et doctoresses fraîchement diplômé·es ! https://youtu.be/LRCY_oAhUmo?si=P1hxBnnT-RBjAz6F Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Témoignage d’une doctorante – Alexandra Kraeva, doctorante 3ème année au laboratoire ILLE 2 mai 2016/ Publié le 2 mai 2016 Témoignage d’une doctorante – Alexandra Kraeva, doctorante 3ème année au laboratoire ILLE Vous avez certainement… Vidéo Thèse CIFRE – Conventions Industrielles de Formation par la Recherche 18 mars 2019/ Publié le 18 mars 2019 Thèse CIFRE – Conventions Industrielles de Formation par la Recherche Vous avez certainement déjà entendu… Vidéo Retour sur la fête de la science 2024 ! 22 octobre 2024/ Publié le 22 octobre 2024 Retour sur la Fête de la Science 2024 ! La Fête de la Science est… Vidéo

Endométriose : et si l’activité physique aidait à combattre les symptômes ?

Par Sarah Journée

Publié le 12 mars 2024 Endométriose : et si l’activité physique aidait à combattre les symptômes ? Marie-Anne Jean, Université de Haute-Alsace (UHA); Géraldine Escriva-Boulley, Université de Nîmes et Tracy Milane, Université de Haute-Alsace (UHA) Des études préliminaires suggèrent un intérêt de l’activité physique adaptée pour atténuer les symptômes de l’endométriose. Des programmes sont lancés pour confirmer ces résultats. Il est encore possible de participer à l’une de ces études toujours en cours. Douleurs pelviennes et fatigue sont les symptômes les plus récurrents de l’endométriose, cette affection chronique caractérisée par la présence de tissu de l’endomètre en dehors de la cavité utérine ; l’endomètre étant la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus et qui est éliminée pendant les règles. Mais l’endométriose est aussi fréquemment associée à des troubles digestifs, des douleurs neuropathiques (qui sont des douleurs relatives à une lésion ou à un dysfonctionnement du système nerveux, notamment lorsque ces douleurs sont intenses et persistantes), à des douleurs lors des rapports sexuels, ou encore à de l’infertilité. L’endométriose est aujourd’hui un enjeu majeur de santé publique au regard de ses conséquences sur la vie des personnes atteintes et du nombre de femmes concernées, près de 10 % d’entre elles. Les répercussions de cette maladie peuvent être invalidantes et toucher tous les domaines de la vie des personnes atteintes. Le phénomène peut être exacerbé par la chronicité des symptômes qui, pour certaines femmes, ne se limitent pas à la période des règles. Ils peuvent être chroniques, survenir durant le syndrome prémenstruel, au moment de l’ovulation…   S’interroger sur les bénéfices de l’activité physique dans l’endométriose Nous savons déjà que pratiquer de l’activité physique se révèle bénéfique pour réduire les douleurs chroniques, neuropathiques et les processus inflammatoires associés. Faire de l’exercice physique améliore également le bien-être physique et mental chez les douloureux chroniques mais aussi chez des personnes atteintes d’autres pathologies comme des cancers. C’est pourquoi il est possible de penser que dans le cadre de l’endométriose, l’activité physique pourrait aussi améliorer la qualité de vie ainsi que les symptômes douloureux. Ces suppositions sont renforcées par la mise en évidence de la réduction de marqueurs inflammatoires et une réduction des lésions dans des études chez l’animal. Mais ces conclusions chez l’animal ne peuvent pas être extrapolées à l’humain. C’est pourquoi des études chez les femmes sont nécessaires. A notre connaissance, une douzaine d’études a été réalisée pour étudier les effets de l’activité physique et de l’exercice sur les douleurs pelviennes et le bien-être physique et mental des personnes atteintes d’endométriose. Bien qu’un effet positif sur la gestion de la douleur et l’amélioration des symptômes anxiodépressifs ait été observé, les résultats de ces études ne permettent pas de démontrer sans équivoque les bénéfices de l’activité physique sur cette maladie.   Douleurs, stress et anxiété : principaux freins à la pratique En termes d’activité physique, les femmes atteintes d’endométriose seraient moins actives. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’elles sont davantage exposées aux symptômes d’anxiété et de dépression, qu’elles ont plus de difficultés à gérer le stress et qu’elles sont plus sensibles à la douleur physique que les autres. La combinaison de tous ces facteurs, associée à la peur d’amplifier les douleurs par le mouvement, a tendance à enfermer les personnes atteintes d’endométriose dans un cercle vicieux de sédentarité. Dit autrement : quand une personne est pliée en deux de douleur, le premier réflexe n’est pas de faire de l’activité physique !   Le programme CRESCENDO sur la pratique sportive et l’endométriose Nous avons mené une étude, baptisée programme CRESCENDO pour « aCRoitre le Sport et l’Exercice pour Combattre l’ENDOmétriose ». Dans la première partie de cette étude nous avons mené une enquête par questionnaire auprès de 470 personnes (âge moyen de 31 ans, écart type de 10 ans). Près de la moitié d’entre elles (47 %) était atteinte d’endométriose. Les résultats du questionnaire n’ont révélé aucune différence dans les niveaux d’activité physique légère (exemple la marche), modérée (exemple le jogging) et vigoureuse (exemple le trail ou le sprint) entre les femmes atteintes d’endométriose et celles qui ne le sont pas. Néanmoins, d’autres différences ont été mises en évidence. Les femmes atteintes d’endométriose montrent une motivation plus importante envers l’activité physique, c’est-à-dire qu’elles ont intégré le fait que l’activité physique peut être bénéfique. Elles ne pensent pas que l’activité puisse présenter un danger pour elles. Cependant, elles se perçoivent comme n’étant pas libres de pratiquer quand elles le souhaitent (faible contrôle comportemental). Leur état de santé apparait comme l’obstacle le plus important à leur pratique. Elles ont un score plus élevé de frustration des besoins de compétence et de proximité sociale. Autrement dit, lorsqu’elles font de l’activité physique, elles se sentent davantage incompétentes et rejetées par les autres. De même, lorsqu’on les interroge, elles pensent que les femmes malades, comme elles, manquent d’intérêt et d’habiletés pour l’activité physique. Les effets secondaires sont également un frein. Les analgésiques (ou antidouleurs), par exemple, peuvent causer des problèmes d’estomac, des nausées, des maux de tête, des vomissements, de la fatigue, des vertiges et des changements de pression artérielle. Quant à la thérapie hormonale, elle peut induire des problèmes de sommeil, de l’anxiété, de la dépression et des douleurs articulaires.   Des premiers résultats à confirmer sur la fatigue, le bien-être et la douleur Nous avons ensuite construit et testé notre programme sur dix femmes volontaires en leur proposant plusieurs types d’activités physiques adaptées, pratiquées à différentes intensités. Les séances axées sur la mobilité et le stretching (c’est-à-dire des activités dites « douces ») semblent avoir davantage de bénéfices sur la douleur par comparaison avec les séances d’activités de renforcement musculaire ou cardiovasculaires. Mais ces deux dernières ont donné de meilleurs résultats quand elles étaient pratiquées ensemble pour améliorer la fatigue et le bien-être. En résumé, les résultats globaux (tous types d’activités confondus) suggèrent une amélioration significative de la douleur et une tendance à l’amélioration de la fatigue et du bien-être. Chaque personne semble réagir différemment en termes de perception et de tolérance à la douleur suivant les types d’efforts et de séances, mais également suivant les moments du cycle, de la…

Endométriose chez les adolescentes : une prise en charge précoce est nécessaire

Par Sarah Journée

Publié le 14 février 2024 Article aussi disponible en espagnol ici Endométriose chez les adolescentes : une prise en charge précoce est nécessaire Laura Bollinger, Université de Haute-Alsace (UHA); Géraldine Escriva-Boulley, Université de Haute-Alsace (UHA) et Nathalie Gavens, Université de Haute-Alsace (UHA) Bien qu’une femme sur dix soit concernée par cette maladie invalidante, l’endométriose demeure largement méconnue. Face aux nombreux défis qu’elle suscite, il devient essentiel de lui accorder une attention particulière. L’endométriose est une maladie gynécologique qui se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine en dehors de la cavité utérine, principalement mais non exclusivement dans la zone abdomino-pelvienne (ovaires, intestin, péritoine…).   L’endométriose peut se déclarer dès les premières règles Loin d’être réservée à la femme adulte, l’endométriose peut apparaître dès les premières règles, ajoutant des épreuves inattendues au parcours déjà mouvementé de l’adolescence. Ce trouble, dont l’origine reste à préciser, peut entraîner des douleurs au niveau du bas du ventre parfois chroniques et, possiblement, une infertilité ainsi que d’autres symptômes tels que des troubles digestifs. À ce jour, les traitements proposés visent essentiellement à lutter contre les symptômes. Plusieurs approches sont utilisées, dont des options médicamenteuses (anti-inflammatoires non stéroïdiens, contraceptifs hormonaux…). Lorsque ceux-ci ne se montrent pas efficaces, un traitement chirurgical peut être préconisé.   Des lésions encore plus difficiles à identifier chez l’adolescente Bien souvent associée aux femmes adultes, l’endométriose est une réalité présente également chez les adolescentes, chez qui on déplore des cas évolutifs et parfois même sévères. Le diagnostic, quant à lui, intervient malheureusement bien plus tard avec un délai moyen d’environ 8 ans après l’apparition des premiers symptômes. Le diagnostic tardif peut résulter, en partie, des différences dans les manifestations de la maladie entre les adolescentes et les femmes adultes. En effet, les adolescentes atteintes d’endométriose présentent souvent des lésions d’apparence rouge ou claire, ce qui peut rendre leurs identifications difficiles par les professionnels de la santé, par rapport aux lésions chez les adultes dites « en poudre noire brûlée » (black powder burn) qui sont plus facilement observables, notamment par imagerie médicale. La petite taille des lésions chez les adolescentes peut aussi rendre leur détection compliquée. De plus, les jeunes femmes sont très rapidement mises sous pilule pour diminuer les symptômes. Quand ceux-ci s’atténuent, les professionnels de santé ne mènent pas forcément plus avant les examens et le diagnostic n’est pas posé. Mais s’il s’agit bien d’une endométriose, la maladie continue de progresser.   Un risque de détresse psychologique Concernant le traitement de la maladie chez l’adolescente, les options médicamenteuses à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens et de contraceptifs hormonaux sont souvent privilégiées. Il est également indispensable d’intégrer une approche multidisciplinaire dans la prise en charge, incluant un accompagnement psychologique, qui est crucial lorsque l’on considère les multiples répercussions que peut avoir cette pathologie chez les femmes. En effet, ses conséquences sur le plan psychologique, social et éducatif sont indéniables, avec un risque accru de détresse psychologique et de troubles anxieux chez les jeunes femmes. Parfois, ces répercussions se traduisent par un taux élevé d’absentéisme scolaire, avec un impact négatif important sur la scolarité. Cependant, les conséquences de la maladie ne s’arrêtent pas là et entraînent une réduction des activités quotidiennes et la détérioration des relations sociales et intimes.   Des douleurs menstruelles parfois évocatrices de la maladie Quoiqu’elles ne soient pas forcément synonymes d’endométriose, les douleurs menstruelles peuvent être, dans certains cas, évocatrices de la maladie. Elles constituent le trouble gynécologique le plus répandu chez les adolescentes avec une prévalence pouvant aller de 34 % à 94 % selon la littérature scientifique. Tout comme l’endométriose, les douleurs menstruelles représentent un véritable défi pour les adolescentes. Elles peuvent entraîner une détresse psychologique avec une augmentation du risque de dépression et une limitation des activités quotidiennes.   Un ensemble de troubles peu reconnus même par l’entourage À cela s’ajoute un manque de soutien et de reconnaissance de la part de l’entourage et des services médicaux. C’est une difficulté supplémentaire à laquelle font face les adolescentes qui sont confrontées à des symptômes menstruels liés à des règles douloureuses et/ou à l’endométriose. Cela est dû en partie à un manque de connaissances autour des menstruations, des symptômes menstruels ainsi que de l’endométriose qui font l’objet de stigmatisations, de normalisations et d’attitudes négatives tant entre les adolescentes elles-mêmes que dans leur cercle familial, éducatif, amical.   Une méconnaissance aussi par les premières concernées et les médecins Une étude française, menée sur des femmes ayant eu un diagnostic d’endométriose, a mis en évidence une méconnaissance de la maladie par certaines d’entre elles, puisqu’elles étaient 35 % à estimer que leurs symptômes étaient normaux. Encore plus marquant, 60 % d’entre elles ont déclaré que leurs symptômes étaient qualifiés de « normaux » par des médecins. Ce phénomène de stigmatisation et de normalisation crée un environnement peu propice, laissant les adolescentes démunies face aux douleurs menstruelles et, dans certains cas, à l’endométriose. En conséquence, cela entraîne un délai supplémentaire dans l’identification de la maladie.   Développer l’éducation à la santé menstruelle Dans ce contexte, il devient impératif d’évaluer les besoins en matière d’éducation en lien avec l’endométriose et les douleurs menstruelles, afin d’améliorer la qualité de vie des adolescentes. Cette démarche vise non seulement à briser les idées reçues des adolescentes elles-mêmes mais aussi de leur entourage familial, scolaire, social, à améliorer la gestion des douleurs, mais également à favoriser un diagnostic précoce de la maladie. Malgré un effort croissant pour sensibiliser le public à ces questions, il existe aujourd’hui très peu d’interventions visant la prévention et l’éducation. Il paraît alors nécessaire de déployer des efforts significatifs pour relever les défis éducatifs liés à l’endométriose et, plus généralement, à la santé menstruelle des adolescentes.   Pour des approches non médicamenteuses basées sur la recherche Au-delà de l’aspect éducatif, il est impératif d’initier des recherches pour améliorer la compréhension des spécificités de la maladie chez ce public. Cela permettrait aussi d’orienter les actions de promotion de la santé, en encourageant les jeunes femmes à prendre un rôle actif dans leur bien-être. En ce sens, des approches non…

Les universités françaises dans la tourmente budgétaire

Par Sarah Journée

Publié le 24 octobre 2023 Les universités françaises dans la tourmente budgétaire Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) Lors de la rentrée 2023, le président de l’Université de Strasbourg et de l’Udice (association qui regroupe 10 établissements), Michel Deneken, alertait sur les difficultés budgétaires dans pratiquement toutes les universités, qui « seront toutes en déficit d’ici un ou deux ans ». Plusieurs facteurs cumulatifs expliquent ces difficultés, qui ne sont certes pas nouvelles. Ils relèvent principalement de décisions de politiques publiques qui ont des impacts sur le budget des établissements. Or, ces difficultés risquent de s’aggraver en raison des 904 millions d’euros de coupes budgétaires annoncés début mars 2024 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.   De plus en plus d’étudiants Ces dernières années, le choix d’élever le niveau de qualification de la population (pour stimuler la croissance économique et consolider l’emploi) s’est traduit par l’objectif de porter à 50 % d’une classe d’âge le taux de diplômés de l’enseignement supérieur. Les universités françaises accueillent ainsi de plus en plus d’étudiants : 1 660 000 environ pour l’année universitaire 2022-2023, soit 271 000 supplémentaires en 10 ans. Cette augmentation conséquente des effectifs a engendré de nombreux coûts additionnels pour les établissements (augmentation du nombre d’heures de cours, d’intervenants, de salles, de la consommation de chauffage, etc.). La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (2007) a particulièrement impacté le budget des universités. Elle a consisté à poursuivre le mouvement de décentralisation engagé par l’État en transférant la gestion de la masse salariale (soit 60 à 70 % du budget jusqu’alors centralisé) aux établissements. Cette évolution vers davantage d’autonomie a conduit à une responsabilité accrue de chaque université, qui gère désormais une masse de coûts (fonctionnement, personnel, investissement) correspondant à l’ensemble de son activité.   Si une dotation annuelle de l’État (devenue « Subvention pour charge de service public », ou SCSP) équivalente aux montants transférés a accompagné cette autonomisation, elle s’est érodée au fil des années si on la rapporte au nombre d’étudiants. L’augmentation des salaires des personnels fonctionnaires, inhérente à leur ancienneté et à leur progression de carrière, n’a été que partiellement (voire pas du tout) compensée par l’État, tout comme l’augmentation du point d’indice décidée en 2022.   Le poids du parc immobilier Parmi les facteurs majeurs de tensions budgétaires, les coûts actuels et à venir de l’entretien du parc immobilier pèsent également lourdement sur la situation financière. Une étude de la Cour des comptes en 2022 sur l’immobilier universitaire révèle que 34 % des surfaces sont dans un état peu ou pas satisfaisant ; 9 % des établissements recevant du public ont reçu un avis défavorable de la commission de sécurité locale. Le coût de réhabilitation du patrimoine universitaire avoisinerait les 7 milliards d’euros (15 milliards pour France Universités, organisation qui rassemble les dirigeants des universités et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche), dont les trois quarts seraient en rapport avec la transition énergétique. Certes, l’État ou les collectivités territoriales interviennent (notamment au travers des dispositifs comme les Contrats de plan État-Région ou les Programmes d’investissements d’avenir). Cependant, les établissements doivent prendre en charge l’entretien du patrimoine (qui présente désormais le deuxième poste de dépenses après la masse salariale) ainsi que les fluides (gaz, électricité, eau) qui alourdissent les comptes dans un contexte de forte inflation. Par ailleurs, l’internationalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche a connu une forte accélération à partir des années 1990. Au-delà de la traditionnelle mobilité internationale des étudiants et des enseignants, encouragée notamment par le processus de Bologne en 1998, l’internationalisation des programmes de formation ainsi que la création de consortiums ou alliances internationales se sont considérablement intensifiées. Si ces alliances bénéficient de financements conséquents de la part de l’Union européenne, l’internationalisation requiert des financements élevés, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros. Le recrutement de personnels complémentaires est également devenu indispensable pour déployer le management de la qualité et le contrôle dans les universités. La loi de programme pour la recherche de 2006 a officiellement lancé le management de la qualité dans les universités par la création de l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES, devenue le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, ou HCÉRES). Il s’inscrit dans un mouvement plus global de labellisation et de certifications (label Développement durable et Responsabilité sociétale ; label européen Human Resources Strategy for Researchers, etc.). Des moyens humains et des coûts additionnels ont là encore été nécessaires, tout comme pour la mise en œuvre des obligations légales prévues par la loi sur l’autonomie des universités de 2007 ou encore par le décret relatif à la gestion budgétaire et comptable publique en 2012.   New Public Management Ces tensions budgétaires récurrentes ont conduit à la multiplication de rapports et travaux de recherche : beaucoup font le constat d’une inadéquation des financements actuels compte tenu des défis que les universités publiques françaises ont à relever. Si les financements complémentaires récents prévus dans le cadre de la loi Orientation et Réussite (2018) de la loi de Programmation de la Recherche (2020) ou des pôles universitaires d’innovation (prévus dans le cadre du plan « France 2030 ») viennent soutenir les activités des universités, ils s’inscrivent dans un temps limité. Si les montants engagés par l’État depuis 2010 dans le cadre des Programmes d’investissement d’avenir sont conséquents, ils ont créé une forte différenciation entre les établissements en capacité de répondre aux appels à projet et les autres. Dans certains cas, ils sont en effet conditionnés aux regroupements entre les universités (Pôles de recherche et d’enseignement supérieur, communautés d’universités et établissements, établissement public expérimental) et à leur maintien. Plusieurs pistes sont évoquées pour transformer le financement des universités. Dans un rapport de 2019, le sénateur Philippe Adnot propose que les établissements développent leurs ressources propres pour limiter leur dépendance à l’État : une augmentation raisonnée des frais d’inscription des étudiants français et étrangers, le développement de la formation pour adultes et de l’alternance, la création de nouvelles fondations universitaires, la valorisation du patrimoine immobilier. Comme d’autres, il préconise la mise en place de contrats d’objectifs,…

Retour sur la journée « Filles, Maths et informatique »

Par Sarah Journée

Publié le 2 octobre 2023 Retour sur la journée « Filles, Maths et informatique » La journée « Filles, maths et informatique » est l’une des journées phares portées par la Faculté des Sciences et Techniques (FST). Pensée pour les jeunes filles de lycée, l’idée est de déconstruire les stéréotypes qui empêchent les filles d’accéder aux filières scientifiques, notamment celles des mathématiques et de l’informatique. Rencontrez dans cette vidéo les intervenant·es et les participantes de l’édition 2023 pour un retour sur cette journée riche en échanges. https://youtu.be/fmYu8bEJ1Bs?si=s4C7e6jfAFkTu20C Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Portraits de femmes de sciences : Corinne Jung, chercheuse au LPMT 13 mars 2024/ Publié le 13 mars 2024 Portraits de femmes de sciences : Corinne Jung, chercheuse au LPMT Rencontrez dans cette vidéo… Vidéo Portraits de femmes de sciences : Karine Anselme – Directrice de recherche au CNRS 22 mars 2024/ Publié le 22 mars 2024 Portraits de femmes de sciences : Karine Anselme – Directrice de recherche au CNRS Rencontrez… Vidéo Portraits de femmes de sciences : Anne-Sophie Schuller – Maître de conférences à l’UHA – ENSCMu 28 mars 2024/ Publié le 28 mars 2024 Portraits de femmes de sciences : Anne-Sophie Schuller – Maître de conférences à l’UHA –… Vidéo