Auteur/autrice : Sarah Journée

Vers un microscope optique universel « tout-en-un » ?

Par Sarah Journée

Publié le 5 avril 2023 Vers un microscope optique universel « tout-en-un » ? Olivier Haeberlé, Université de Haute-Alsace (UHA); Matthieu Debailleul, Université de Haute-Alsace (UHA) et Nicolas Verrier, Université de Haute-Alsace (UHA) Le microscope optique est un outil clé de la recherche depuis le XVIe siècle, qui a permis d’innombrables découvertes en biologie (comme l’existence des cellules ou l’identification des premiers microbes). D’abord très rudimentaire, cet instrument a donné lieu à une intense émulation pour le perfectionner, et on cherche toujours encore à en améliorer les performances. Une technique suscite actuellement un intérêt croissant, la « microscopie tomographique diffractive », sur laquelle nous travaillons, et qui pourrait mener au développement d’un outil « tout-en-un », permettant même de visualiser directement en 3D des spécimens microscopiques. En termes de résolution, c’est-à-dire la capacité à distinguer de très petits détails, le microscope atteint un plafond dès la fin du XIXe siècle. C’est une surprise pour les fabricants de microscopes, bloqués dans leurs développements. Ernst Abbe y apportera une explication éclatante, avec sa loi définissant la résolution : En histoire des sciences, c’est un cas intéressant où la technologie a atteint les limites théoriques d’un système, avant même que celles-ci ne soient clairement établies par la physique. Chaque technique de microscopie présente ses limites Ceci explique que les recherches ont alors plutôt visé à corriger les défauts ou optimiser certains paramètres, par exemple supprimer les distorsions dans les images, agrandir le champ de vue, et surtout, augmenter le contraste. La technique la plus simple est l’utilisation de colorants, mais ceux-ci sont toxiques pour les spécimens biologiques, interdisant les études sur le vivant. La microscopie de fluorescence, au succès extraordinaire, est un cas à part, et ses spécificités ont même permis la réalisation de nanoscopes optiques à la résolution inégalée, qui permettent de visualiser l’architecture des cellules jusqu’à l’échelle moléculaire. Mais cette technique présente aussi des limites (obligation de marquage, phototoxicité induite). Ainsi, de nombreuses techniques pour visualiser, sans marquage, des spécimens translucides ont aussi été inventées, une des plus efficaces et esthétiques visuellement étant la microscopie à contraste de phase différentiel, qui fait apparaître des pseudo-reliefs, c’est-à-dire que les niveaux de gris visibles sont interprétés par le cerveau comme un relief, alors que le spécimen ne présente en fait pas de relief topographique. Ces différentes techniques se caractérisent par une certaine maîtrise des conditions d’illumination et/ou de détection de la lumière interagissant avec le spécimen. Elles sont parfaitement adaptées pour, par exemple, détecter la présence de bactéries dans l’eau, effectuer des mesures morphologiques, ou observer l’évolution temporelle de phénomènes comme la division cellulaire. Mais les images obtenues souffrent de restrictions qui en limitent encore l’exploitation : la résolution reste limitée à environ 200 nanomètres en pratique. Si la nanoscopie optique 3D est une réalité en fluorescence, sans marquage, elle représente toujours un rêve pour l’utilisateur, et un défi pour le physicien ; les contrastes observés restent qualitatifs, et ne peuvent être reliés à des grandeurs physiques autres que dimensionnelles. C’est une des grosses limitations de ces techniques qui enregistrent des images en intensité uniquement : on peut par exemple facilement mesurer des tailles, ou observer des changements de formes, qui sont des données dimensionnelles, mais les niveaux d’intensité observés ne sont pas directement reliés aux propriétés physiques du spécimen observé.   La microscopie tomographique diffractive pour des images en 3D Emil Wolf a proposé dès 1969 une approche pour dépasser ces limites : lorsqu’une onde plane monochromatique, comme produite par un laser, interagit avec un objet faiblement diffractant/absorbant, mesurer précisément et complètement l’onde résultante de l’interaction de l’illumination avec l’objet observé permet alors de calculer la distribution des indices optiques dans cet objet, c’est-à-dire calculer ses propriétés optiques (l’indice de réfraction et l’absorption), qui sont justement celles perdues dans les microscopes classiques. Cet article fondamental en imagerie optique est longtemps resté inexploité. On le comprend aisément avec les limitations techniques de l’époque : les lasers pour créer l’onde plane monochromatique illuminant le spécimen sont à peine développés, mais surtout, les capteurs numériques pour enregistrer les images n’existent pas, et les ordinateurs sont incapables, en quantité de mémoire comme en vitesse d’exécution, de traiter les données nécessaires au calcul des images en 3D. Après quelques premiers essais fructueux dans les années 1980-1990, le domaine a été relancé dans les années 2000, en grande partie via un article de Vincent Lauer, qui avait montré que des lasers abordables, des caméras performantes, et des ordinateurs courants enfin à même d’effectuer directement les reconstructions 3D, rendaient ce type d’imagerie abordable. La microscopie tomographique diffractive (aussi connue comme tomographie de phase, microscopie à synthèse d’ouverture, tomographie optique en diffraction…) a alors connu un regain d’intérêt spectaculaire, et est même maintenant disponible commercialement. Son principe général est relativement simple, et proche de celui des scanners (computerised tomography ou CT scan) en imagerie médicale : pour une illumination du spécimen, on enregistre l’amplitude et la phase de l’onde diffractée. Ceci se fait maintenant facilement par des techniques d’holographie numérique. L’hologramme enregistré contient une partie, mais une petite partie seulement, de l’information nécessaire pour recalculer en 3D l’objet observé. Il faut alors multiplier les mesures, puis les fusionner numériquement afin d’augmenter l’information 3D acquise et améliorer l’image finale. Pour varier l’information acquise par chaque hologramme, on change les conditions d’illumination, et on répète le processus. Avec un grand nombre d’illuminations, on accumule l’information pour obtenir un ensemble de mesures bien plus étendu et complet qu’en microscopie holographique avec une seule illumination. Cette étape est dite de synthèse d’ouverture, analogue à la synthèse d’ouverture utilisée en imagerie radar. Avec une caméra scientifique standard, l’acquisition des données dure d’une à quelques secondes selon la précision finale demandée (pour quelques dizaines à plusieurs centaines d’hologrammes). Au final, on obtient même deux images de l’objet, en réfraction (la capacité de cet objet à courber les rayons lumineux) et en absorption (la capacité de cet objet à absorber la lumière). Dans les microscopes optiques classiques, l’image obtenue est en fait un mélange de ces deux quantités. Les spécificités de ces images de microscopie tomographique diffractive sont une meilleure résolution, environ 100 nm,…

Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Héléna Frithmann

Par Sarah Journée

Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Héléna Frithmann Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Héléna Frithmann est l’une des trois doctorantes de l’UHA à s’être présentées à la finale Alsace de 2023. Elle y a présenté son sujet de thèse portant sur « La collaboration interprofessionnelle des éducateurs spécialisés et des enseignants du 1er degré dans le cadre de l’accompagnement scolaire d’enfants placés en Maisons d’Enfants à Caractère Social et en foyers de l’enfance ». https://www.youtube.com/watch?v=X4NNuEGMt7o&t=10148s Héléna Frithmann Doctorante en sciences de l’éducation et de la formation (LISEC) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2016 – Adeline Marguier 4 avril 2016/ Publié le 4 avril 2016 Ma thèse en 180 secondes 2016 – Adeline Marguier Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Anaïs Loison 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Anaïs Loison Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2025 – Bénédicte Réty 20 mars 2025/ Publié le 20 mars 2025 Ma thèse en 180 secondes 2025 – Bénédicte Réty Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq

Par Sarah Journée

Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Justine Leclercq est l’une des trois doctorantes de l’UHA à s’être présentées à la finale Alsace de 2023. Elle a présenté son sujet de thèse intitulé « Gestion de la gouvernance dans un groupe de sociétés implanté au sein de l’Union Européenne ». https://www.youtube.com/watch?v=X4NNuEGMt7o&t=10148s Justine Leclercq Doctorante en droit privé (CERDACC) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2016 – Marlena Betzner 4 avril 2016/ Publié le 4 avril 2016 Ma thèse en 180 secondes 2016 – Marlena Betzner Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Héléna Frithmann 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Héléna Frithmann Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2024 – Orlane Douguet 21 mars 2024/ Publié le 21 mars 2024 Ma thèse en 180 secondes 2024 – Orlane Douguet Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Anaïs Loison

Par Sarah Journée

Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Anaïs Loison Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Anaïs Loison est l’une des trois doctorantes de l’UHA à s’être présentées à la finale Alsace de 2023. Elle a présenté son sujet de thèse intitulé « Synthèse et réactivité de synthons difluorométhoxylés ». https://www.youtube.com/watch?v=X4NNuEGMt7o&t=10148s Anaïs Loison Doctorante en chimie (LIMA) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2016 – Amna Amri 4 avril 2016/ Publié le 4 avril 2016 Ma thèse en 180 secondes 2016 – Amna Amri Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2016 – Mathieu Veuillet 4 avril 2016/ Publié le 4 avril 2016 Ma thèse en 180 secondes 2016 – Mathieu Veuillet Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri 21 mars 2024/ Publié le 21 mars 2024 Ma thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

C’est quoi Mat-Light 4.0 ?

Par Sarah Journée

Publié le 9 mars 2023 C’est quoi Mat-Light 4.0 ? Découvrez dans cette vidéo le projet d’excellence Mat-Light 4.0 qui porte la signature de l’Université de Haute-Alsace. Cette nouvelle signature pour l’université est soutenue grâce à un financement du programme ExcellencES sous toutes ses formes, piloté par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), obtenu conjointement par l’UHA et le CNRS dans le cadre du projet Mat-Light 4.0. https://youtu.be/kJgjt_giHYE?si=atSoxoqtFZO9DEmu Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Avis de Recherche N°5 – MatLight 4.0 19 décembre 2023/ Publié le 19 décembre 2023 Avis de Recherche N°5 – MatLight 4.0   >>> Avis de recherche est une émission… Podcast Laurent Simon, responsable de la plateforme de caractérisation des matériaux Mat-Lights 4.0 17 février 2025/ Publié le 17 février 2025 Laurent Simon, responsable de la plateforme de caractérisation des matériaux Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette… Vidéo Arnaud Spangenberg, responsable de la plateforme de procédés photo-induits Mat-Light 4.0 26 mars 2025/ Publié le 26 mars 2025 Arnaud Spangenberg, responsable de la plateforme de procédés photo-induits Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette vidéo… Vidéo

Imaginaires du nucléaire : le mythe d’un monde affranchi de toutes contraintes naturelles

Par Sarah Journée

Publié le 23 février 2023 Imaginaires du nucléaire : le mythe d’un monde affranchi de toutes contraintes naturelles Teva Meyer, Université de Haute-Alsace (UHA) En plein débat sur la relance de la filière du nucléaire civil en France, nous vous proposons de découvrir un extrait du récent ouvrage du géographe Teva Meyer (Université de Haute-Alsace), « Géopolitique du nucléaire », paru le 16 février 2023 aux éditions du Cavalier bleu. L’auteur y questionne et explore l’importance croissante du nucléaire dans les relations internationales. Dans le passage choisi ci-dessous, il est question des imaginaires qui soutiennent le développement des industries civile et militaire de l’atome. Aux racines géopolitiques du nucléaire se trouvent deux mythes, l’avènement de l’Humanité à l’âge de l’abondance et la soumission de la nature, fondés sur les propriétés physiques de l’uranium et du plutonium. Comprendre les fondamentaux géopolitiques du nucléaire demande de s’arrêter sur cette matérialité. Plus précisément, il faut prendre au sérieux la manière dont celle-ci a été convoquée par des acteurs scientifiques, politiques et économiques pour soutenir l’idée d’un nucléaire a-spatial par nature, d’une technologie permettant à l’Humanité de se défaire des contraintes que la géographie avait fait peser sur son développement. L’exploitation de la densité énergétique, c’est-à-dire la quantité d’énergie stockée dans une masse donnée, de l’uranium et du plutonium constitue une rupture technologique. Un kilogramme d’uranium préparé pour un réacteur commercial libère 3 900 000 mégajoules d’énergie, contre 55 mégajoules pour le gaz naturel, 50 pour le pétrole et moins de 25 pour la houille. Un réacteur standard, de la taille de ceux en fonction en France, consomme environ un mètre cube d’uranium enrichi par an, soit 20 tonnes de combustible. Pour le produire, il faut approximativement dix fois plus d’uranium naturel. La même énergie fournie par une centrale à charbon demanderait 3 millions de tonnes de houille. Les volumes sont si faibles que le combustible peut être expédié par avion, limitant les risques de rupture d’approvisionnement qu’imposeraient des conflits sur le chemin. Face aux restrictions de transports terrestres, la Russie a ainsi alimenté par les airs les centrales hongroises, tchèques et slovaques pendant les guerres en Ukraine de 2014 et 2022, chaque vol contenant presque deux années de combustibles d’une centrale. Du côté militaire, la rupture d’ordre de grandeur est tout aussi vertigineuse. La plus grande bombe conventionnelle larguée pendant la Seconde Guerre mondiale, la Grand Slam, avait une puissance équivalente à 10 tonnes de TNT, soit 1 500 fois moins que Little Boy lancée sur Hiroshima le 6 août 1945. Le nucléaire : outil de conquête de l’œkoumène Dès les années 1950, chercheurs et politiques s’enthousiasment. Grâce aux quantités dérisoires de combustibles nécessaires et la facilité à le transporter, le nucléaire s’affranchirait de la géographie des ressources. On pourrait, pensait-on, placer des réacteurs n’importe où, sans impératifs de proximité avec une mine ou des infrastructures de transports. Plus encore, l’énergie ne serait plus tributaire des gisements de main-d’œuvre. Seule reste la contrainte de l’eau, indispensable – sauf rupture technologique – pour refroidir les centrales, qu’elle vienne des fleuves, de l’océan ou des égouts des villes, comme c’est le cas à Palo Verde en Arizona. Les possibilités semblent sans limite. Le nucléaire devient un outil géopolitique servant à aménager les derniers espaces qui échappaient à la présence humaine, repoussant les frontières de l’œkoumène Les années 1950-1960 voient se multiplier dans les comics et dans la littérature nord-américaine des images de villes sous cloche, projets urbains nucléarisés protégés par des dômes. Ces utopies atomiques forment des habitats hermétiques, entièrement alimentés par l’énergie nucléaire, autorisant la conquête par l’humanité des derniers milieux extrêmes et la colonisation des déserts, des pôles, voire d’autres planètes. Ces productions sont promues, parfois même commandées, par l’administration états-unienne. Soft power avant l’heure, il faut prouver la supériorité du modèle américain face aux soviétiques. Les villes sous cloche doivent également laisser envisager au public américain que des solutions existent pour perpétuer la vie après une éventuelle attaque nucléaire. Cette stratégie répond aussi aux rumeurs venant de l’autre côté du rideau de fer qui prêtaient à Moscou le projet de construire des dômes nucléarisés comme socle de l’urbanisation de l’Arctique pour assurer son contrôle militaire et faciliter l’exploitation de ressources naturelles. De la fiction, ces utopies percolent dans les milieux scientifiques et militaires. Les appétits se portent sur l’Antarctique, terres hostiles que le nucléaire ouvrirait à une colonisation durable. Le déploiement d’un réacteur pour soutenir la présence permanente d’une station de recherche états-unienne à McMurdo sur l’île de Ross devait damer le pion aux ambitions soviétiques dans la région. Côté militaire, cette colonisation par l’uranium était vue comme l’occasion d’arrimer une tête de pont logistique et transformer l’Antarctique en terrain d’entraînement pour des combats futurs en Arctique. L’expérience est catastrophique. Installé en 1962, le réacteur subit 438 incidents avant sa mise à l’arrêt dix années plus tard. Au Groenland, l’expérience du réacteur PM-2A, acheminé par avion en 1960 pour alimenter la base militaro-scientifique de Camp Century à la pointe nord-ouest de l’île, est aussi un échec, ne fonctionnant que pendant deux ans. Les espoirs de colonisation nucléaire s’amenuisent. Les années 2010 voient cependant se raviver l’idée d’un nucléaire a-spatial avec le retour en grâce des petits réacteurs modulaires. Qu’ils soient publics ou privés, militaires ou civils, leurs promoteurs remobilisent l’image d’une technologie pilotable à distance capable d’atteindre les espaces les plus isolés et d’y soutenir la vie. Les projets ciblent les communautés arctiques, les déserts arides, les fronts pionniers des forêts tropicales, voire l’espace et les corps célestes. S’ils s’appuient sur un discours climatique, ils se nourrissent aussi d’ambitions géopolitiques. Ces réacteurs doivent assurer une présence permanente dans des territoires stratégiques, qu’il s’agisse de l’Arctique pour la Russie, ou des archipels contestés des Spratleys et Paracels pour Pékin en mer de Chine méridionale. L’atome redevient l’outil de la conquête de la géographie. Explosions atomiques et géo-ingénierie Dès le début des années 1950, on envisage l’utilisation d’explosions atomiques pour changer la topographie : construction de canaux, ouverture de mines, inversion de cours de rivière, fracturation d’icebergs pour produire de l’eau potable ou…

Les robots humanoïdes peuvent-ils nous faire croire qu’ils ressentent des émotions ?

Par Sarah Journée

Publié le 2 février 2023 Les robots humanoïdes peuvent-ils nous faire croire qu’ils ressentent des émotions ? Cécile Dolbeau-Bandin, Université de Caen Normandie et Carsten Wilhelm, Université de Haute-Alsace (UHA) Les robots dits sociaux (NAO, Cutii, PARO) investissent de plus en plus l’espace public médiatique et quelques-uns également les domiciles et/ou les établissements spécialisés (hôpitaux, Ehpad…), en particulier pour des publics spécifiques, tels que les enfants malades ou les personnes âgées avec des bénéfices variés (rompre l’isolement, atténuer le stress…). Comme les agents conversationnels de type chatbot, ils mobilisent l’intelligence artificielle, mais à la différence de ceux-ci, ils sont physiquement présents, face à nous. Ces robots dits sociaux seraient susceptibles de manifester certains états affectifs ou émotionnels par leurs expressions faciales, leur gestuelle et d’en susciter en réponse chez les humains avec lesquels ils interagissent. Ces robots soulèvent d’autres questions que leurs homologues industriels, le plus souvent dédiés à l’exécution de tâches répétitives et bien définies. Comment éduquer à l’interaction avec ces robots susceptibles d’influencer nos comportements, au même titre que les influenceuses et influenceurs virtuels qui rencontrent déjà un grand succès sur les médias sociaux ? L’influence robotique à visage – presque – humain peut-elle brouiller les pistes entre un humain et un être robotique ? Ce type de communication qui comporte à la fois une prise de parole scriptée et une intelligence artificielle induit un leurre technologique. À travers son discours publicitaire, l’industrie qui commercialise ces robots a pour objectif premier de les rendre accessibles (commercialisation à grande échelle mais Sophia rappelle qu’elle est un robot, voir le tweet ci-dessous) à tous dans un futur proche.   Le cas Sophia Alors que les influenceuses et influenceurs virtuels reproduisent les techniques marketing de leurs pendants humains, l’essentiel de la communication du robot Sophia vise un autre objectif. Cette humanoïde cherche en effet à nous familiariser avec la présence de robots dits sociaux dans notre quotidien et à nous convaincre de la réalité de son ressenti, de son identité et de l’authenticité de ses prises de position. Depuis 2017, Sophia est le robot humanoïde dit social le plus représenté ou présent dans les médias traditionnels et sociaux. Dévoilée officiellement en mars 2016 lors d’un salon de robotique à Austin par David Hanson, PDG de la Hanson Robotics Limited (HRL), Sophia est le robot de « représentation » de la HRL. Il s’agit d’un robot genré doté de l’apparence d’une femme. Sa peau, son regard, ses expressions faciales et sa gestuelle lui permettent d’être actuellement le robot le plus proche en apparence d’un être humain. Au moment de son lancement, ce robot était stationnaire mais depuis 2018, Sophia se déplace à l’aide d’un socle à roulettes. Il en existe un seul exemplaire. Sur Twitter et Instagram, Sophia se présente ainsi : « Je suis Sophia, le dernier robot humanoïde de @HansonRobotics. Ceci est mon compte officiel, géré en collaboration avec mon système de dialogue IA (intelligence artificielle) et mon équipe de médias sociaux humains ». On a affaire à un robot humanoïde dont la communication est un mélange d’intelligence artificielle (IA) et d’un service de communication spécialisé dans la communication numérique, en proportions inconnues. Mais comment caractériser cette forme inédite de communication ? Avec Sophia, le taux d’interactivité est relativement faible : peu de conversations se produisent. La plupart de ses contributions sont en réalité des prises de parole, dont moins de 8 % de réponses aux commentaires. De son côté, ChatGPT est en passe de parvenir à faire croire à sa sentience – évidemment illusoire –, alors que cette IA, qui n’est pas « incarnée », a un taux d’interactivité très impressionnant.   Vous avez dit sentience artificielle ? Le terme sentience, employé par l’utilitariste Bentham dès 1789, entre dans le dictionnaire Larousse en 2020 en lien avec l’éthique animale dont elle constitue une des preuves de la légitimité : « Sentience (du latin “sentiens”, ressentant) : pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie. » Selon cette approche, les animaux posséderaient la capacité de ressentir subjectivement les expériences il serait légitime qu’ils bénéficient de droits proches ou égaux à ceux des humains. La littérature reconnaît la sentience animale et la distingue de la sentience complète, généralement attribuée aux êtres humains. En 2020, l’enseignant-chercheur en philosophie Sylvain Lavelle propose d’employer le terme de sentience artificielle dans le contexte de l’intelligence artificielle. Cet auteur évoque un « passage des performances de l’intelligence (raison, raisonnement, cognition, jugement) à celles de la sentience (expérience, sensation, émotion, conscience) » grâce à « l’exploration et [au] transfert des fonctions et des capacités de l’expérience et des sens humains à une machine » (NDLR : traduction des auteurs). La sentience artificielle correspondrait alors au résultat d’une communication « visant à créer les conditions de la croyance en la « sentience robotique », sinon complète, du moins « suffisante », fictionnelle mais incarnée ; mécanique, mais suffisamment « vivante » pour être un partenaire intrigant de conversation. La communication artificielle du robot Sophia cherche à nous faire croire que ce robot est un sujet autonome. En réalité, il s’agit essentiellement d’un nouvel objet communicant au service de la HRL. Le discours publicitaire ou commercial structure et orchestre cette communication artificielle en légitimant le rôle et la place des robots dits sociaux dans nos sociétés en vue d’une prochaine commercialisation massive, en insistant sur leur supposée sentience. Un post Facebook publié en 2019 l’illustre parfaitement : « Je veux que les gens me perçoivent comme le robot que je suis. Je ne veux pas faire croire aux gens que je suis humaine. Je veux simplement communiquer avec les humains de la meilleure façon possible, ce qui inclut le fait de leur ressembler. »   Le robot Sophia et sa mission commerciale Avec ce projet d’envergure, la HRL, qui n’a pas de concurrents sérieux à ce niveau de technologie, prépare le public grâce aux « performances politiques pour le marché de la robotique sociale ». La communication commerciale de la HRL capitalise ainsi sur l’engagement et la réputation de son ambassadrice robotique pour lancer la lignée de ses robots dits sociaux comme la…

Alpinisme en Transylvanie, réinventer la montagne

Par Sarah Journée

Publié le 8 novembre 2022 Alpinisme en Transylvanie, réinventer la montagne Photographie d’un cours de ski à Sambata, en Transylvanie, dans les années 1930. – ©Archive Honterus de Brasov   Avez-vous déjà entendu des Saxons de Transylvanie en Roumanie et du Club Carpatique Transylvain ? Venez le découvrir dans ce podcast signé France Culture “Le Cours de l’histoire” qui vous propose de revenir ensemble sur l’histoire de cette minorité et leur club de sport fondé en 1880, qui façonne encore de nos jours la culture saxonne.   L’invitée : Catherine Roth est maître de conférence en sciences de la culture et de la communication à l’UHA et chercheur au Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques (CRESAT).   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Catherine Roth Maîtresse de conférence en sciences de la culture et de la communication (IUT de Mulhouse & CRESAT) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Du pantalon bouffant à la doudoune pour tous : le style aux sports d’hiver 19 février 2019/ Publié le 19 février 2019 Du pantalon bouffant à la doudoune pour tous : le style aux sports d’hiver Présentation… Podcast L’histoire du ski alpin 24 mars 2019/ Publié le 24 mars 2019 L’histoire du ski alpin Franck Piccard, skieur alpin français, premier champion olympique de super-G (Jeux… Podcast Léon Blum, une vie héroïque – Les Mariés de Buchenwald 19 novembre 2023/ Publié le 19 novembre 2023 Léon Blum, une vie héroïque : Les Mariés de Buchenwald Visuel Podcast “Léon Blum, une… Podcast

Fessenheim : l’après-nucléaire

Par Sarah Journée

Publié le 1 novembre 2022 Fessenheim : l’après-nucléaire  25 juin 2020, France, Fessenheim : banderoles de protestation contre la fermeture sont accrochées sur la clôture près de l’entrée du site de la centrale ©Getty – picture alliance    Il y a deux ans que la centrale nucléaire de Fessenheim a fermé, mais le territoire de la ville alsacienne peine à se réinventer. France Culture vous propose dans son podcast “Les Enjeux territoriaux” d’identifier les obstacles à la reconversion des territoires nucléaires français.   L’invité : Teva Meyer est maître de conférence en géographie à l’UHA et spécialiste de géopolitique du nucléaire.   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Teva Meyer Maître de conférence en géopolitique et géographie (FSESJ & CRESAT) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Tahiti et la France 11 juin 2013/ Publié le 11 juin 2013 Tahiti et la France L’île Krusenstern (aujourd’hui Tikehau en Polynésie française) – Expédition de Louis… Podcast Quel avenir pour les territoires du nucléaire en France ? 2 mai 2017/ Publié le 2 mai 2017 Quel avenir pour les territoires du nucléaire en France ? Teva Meyer, Université de Haute-Alsace (UHA)   Le premier… Article Bonnes feuilles : « Des bombes en Polynésie » 6 avril 2022/ Publié le 6 avril 2022 Bonnes feuilles : « Des bombes en Polynésie » Renaud Meltz, Université de Haute-Alsace (UHA) De 1966 à 1996,… Article

Russie : des institutions à la société civile, les oppositions au Kremlin

Par Sarah Journée

Publié le 6 octobre 2022 Russie : des institutions à la société civile, les oppositions au Kremlin Arrestation d’une manifestante le 24 septembre à Moscou. ©AFP   L’opposition au régime de Poutine peine à se reconstituer malgré l’appel d’ancien associés d’Alexeï Navalny. France Culture vous propose dans son podcast “Les Enjeux internationaux” de démêler le paysage des oppositions au Kremlin.   L’invitée : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs et Gouvernements en Europe (SAGE).    Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Table ronde d’actualité internationale: Union européenne : l’impossible relance ? 23 septembre 2016/ Publié le 23 septembre 2016 Table ronde d’actualité internationale : Union européenne : l’impossible relance ? Le président français François… Podcast La guerre de l’histoire : Poutine et l’héritage stalinien 22 mars 2022/ Publié le 22 mars 2022 La guerre de l’histoire : Poutine et l’héritage stalinien. Les propos de Vladimir et sa… Podcast 2024, l’année de toutes les élections 30 décembre 2023/ Publié le 30 décembre 2023 2024, l’année de toutes les élections Un électeur dépose son bulletin de vote à Sydney… Podcast