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Cycle de conférence Sciences et Société de l’UP – Femme, artiste et entrepreneure. Le défi de Caroline

Par Sarah Journée

Conférence Gestion, Sociétés Cycle de conférences Sciences et Société de l’UP Femme, artiste et entrepreneure. Le défi de Caroline Comment concilier la vie de femme, d’entrepreneure, d’artiste, les ambitions de création et les nécessités économiques ? Voici une équation qui semble difficile à résoudre. Voici un parcours parsemé d’embûches qui peut effrayer. Mais Caroline n’a pas froid aux yeux. Cette vie multifacette, cette chanteuse lyrique et fondatrice gestionnaire d’une association, l’a voulue et elle est parvenue à structurer son projet. Comment ? C’est ce que nous découvrirons ensemble lors de cette conférence. L’intervenante : Isabelle Horvath est professeure des universités en sciences de gestion et du management et chercheuse au Centre de REcherche en Gestion des Organismes (CREGO) à l’Université de Haute-Alsace. Informations pratiques 16 avril 2026 18H30 – 20H Tout public Entrée gratuite Université Populaire du Rhin, salle de conférence de la Cour des Chaînes, 13 rue des Franciscains, Mulhouse Ajouter au calendrier Google Agenda iCalendar Outlook 365 Outlook Live Nous retrouver sur : Facebook Instagram Linkedin Youtube UP du Rhin « Tous les Évènements

Crises de l’eau : comment gérer les conflits d’usage ?

Par Sarah Journée

Publié le 17 août 2024 Crises de l’eau : comment gérer les conflits d’usage ? Bruno Camous, Université de Haute-Alsace (UHA) et Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) En ce mois de mai 2025, l’ensemble de la France s’apprête à connaître sa cinquantième vague de chaleur depuis le début des mesures en 1947. Avec les canicules qui se multiplient, les objectifs de sobriété dans les usages de l’eau génèrent des conflits d’usage. Quels outils pour en sortir ? Les épisodes de sécheresse se succèdent en France ainsi que dans le Nord de l’Europe. Après plusieurs étés caniculaires, le président de la République annonçait le 30 mars 2023 un « Plan Eau ». Celui-ci vise à garantir la sobriété de tous les usages et à réduire de 10 % les prélèvements sur la ressource d’ici 2030. Concrètement, la mise en œuvre de ce plan d’action s’organise autour de 5 axes stratégiques : organiser la sobriété des usages de l’eau pour tous les acteurs, optimiser la disponibilité de la ressource, préserver la qualité de l’eau, être capable de mieux répondre aux crises de sécheresse et mettre en place les moyens d’atteindre ces ambitions. Les quatre premiers axes nécessitent de nombreux investissements : 15 milliards d’euros seraient nécessaires pour moderniser les installations, remplacer les canalisations et accroître la digitalisation des relevés et des factures d’eau. À cela s’ajoute l’évolution de la réglementation sur la qualité et le traitement de l’eau qui pourrait conduire à doubler le montant des investissements. Il faut aussi composer avec la hausse du coût de l’énergie et des charges d’exploitation. Pour assurer la mise en place et la pérennité des investissements, le cinquième axe stratégique doit permettre de débloquer les moyens financiers face aux capacités d’autofinancement limitées des exploitants. Or, plusieurs acteurs du secteur tirent la sonnette d’alarme.   Faire plus avec moins La Fédération nationale des collectivités concédantes et régies, ainsi que la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau soulignent que les efforts nécessaires de sobriété, en réponse à la sécheresse historique de 2023, ont engendré une diminution des volumes consommés de l’ordre de 3 à 4 %. Si cette diminution paraît positive au regard de l’objectif de préservation de la ressource, elle engendre également pour les exploitants et collectivités une réduction significative de leurs recettes. Les inquiétudes sont aussi liées à l’abandon, par le gouvernement d’Élisabeth Borne, de l’augmentation de la redevance sur les pollutions diffuses, perçue sur la vente de pesticides, et celle sur les prélèvements d’eau pour les cultures irriguées. Bien que compréhensible au regard des charges qui pèsent déjà fortement sur un secteur agricole sous pression, la suppression de ces hausses de redevances n’est pas sans conséquences sur le financement du Plan Eau. La première devait initialement rapporter 37 millions d’euros de recettes supplémentaires aux Agences de l’eau pour le financement du traitement des eaux, la seconde 10 millions d’euros. En contrepartie de cette perte financière, une contribution exceptionnelle de 100 millions d’euros à destination du Plan Eau était prévue, au travers du versement d’une redevance par EDF pour le refroidissement en eau de ses centrales nucléaires. Ici aussi, la possibilité pour les Agences de l’Eau de toucher les sommes promises semble de plus en plus incertaine. Dans ce contexte, une hausse généralisée des factures d’eau pour les citoyens n’est pas à exclure pour réussir à financer l’adaptation des réseaux aux enjeux du changement climatique.   Des risques de conflits d’usages La nécessité d’une consommation raisonnée de la ressource en eau vient aujourd’hui remettre en question le principe de « l’eau paie l’eau » : les recettes issues de la facture d’eau financent à plus de 80 % la gestion et l’exploitation des services. Si le modèle économique actuel du secteur montre ses limites par rapport à son incidence sur le prix de l’eau pour les ménages, il pose aussi des problèmes d’acceptation sociale dans un environnement où la demande va devoir s’adapter à la disponibilité de la ressource. À l’heure actuelle, les prérogatives du Plan Eau prévoient une diminution de la consommation d’eau des particuliers et des industriels de l’ordre de 10 % à l’horizon 2030, mais pas pour le secteur agricole ou énergétique (refroidissement des centrales nucléaires). Or, à l’échelle nationale, 62 % des consommations d’eau proviennent de l’irrigation des terres agricoles et 14 % de l’énergie. Cette priorité accordée au secteur agricole est à l’origine des violences de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, au printemps 2023. Les « réserves de substitution » ou « méga-bassines » visent à pomper l’eau des nappes phréatiques pour la stocker en vue de l’irrigation estivale des cultures. Indispensable pour une agriculture intensive en période de sécheresse, ce procédé est décrié en partie pour l’accaparement de la ressource qu’il engendre au profit du secteur agro-industriel. Un moratoire de 10 ans a été voté le 06 mai 2025 à l’assemblée nationale sur le déploiement de ces méga-bassines. Face à ces protestations et à un prix de l’eau en constante augmentation, les opérateurs principaux locaux – les collectivités et exploitants des réseaux – se trouvent en difficulté. Comment gèrent-ils les attentes contradictoires des différents usagers de l’eau potable ?   Penser globalement la gestion de l’eau Une des solutions aux paradoxes économique et budgétaire du secteur, mais aussi aux conflits d’usages induits par la raréfaction de la ressource, est la mise en place de systèmes de pilotage de l’eau sous la forme de « package ». Les recherches en sciences de gestion désignent par « package » un ensemble de systèmes et d’outils de gestion introduits par différents groupes d’acteurs et à des moments différents. Ils génèrent souvent incohérence organisationnelle, lourdeur administrative et incompréhension des agents et des usagers s’il n’est pas pensé globalement. Notre étude récente s’est penchée sur le processus de création de l’un de ces packages au sein d’une régie d’eau. Celui-ci se compose de cinq catégories d’outils : une convention d’objectifs pour déterminer les principaux objectifs stratégiques de la régie ; un rapport trimestriel pour opérationnaliser la liste d’indicateurs de performance de la convention d’objectifs et faciliter le transfert d’information entre la régie et la collectivité ; un accord d’intéressement pour renforcer la cohésion du personnel et le travail de l’ensemble des agents dans une direction commune ; des…

Les universités françaises dans la tourmente budgétaire

Par Sarah Journée

Publié le 24 octobre 2023 Les universités françaises dans la tourmente budgétaire Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) Lors de la rentrée 2023, le président de l’Université de Strasbourg et de l’Udice (association qui regroupe 10 établissements), Michel Deneken, alertait sur les difficultés budgétaires dans pratiquement toutes les universités, qui « seront toutes en déficit d’ici un ou deux ans ». Plusieurs facteurs cumulatifs expliquent ces difficultés, qui ne sont certes pas nouvelles. Ils relèvent principalement de décisions de politiques publiques qui ont des impacts sur le budget des établissements. Or, ces difficultés risquent de s’aggraver en raison des 904 millions d’euros de coupes budgétaires annoncés début mars 2024 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.   De plus en plus d’étudiants Ces dernières années, le choix d’élever le niveau de qualification de la population (pour stimuler la croissance économique et consolider l’emploi) s’est traduit par l’objectif de porter à 50 % d’une classe d’âge le taux de diplômés de l’enseignement supérieur. Les universités françaises accueillent ainsi de plus en plus d’étudiants : 1 660 000 environ pour l’année universitaire 2022-2023, soit 271 000 supplémentaires en 10 ans. Cette augmentation conséquente des effectifs a engendré de nombreux coûts additionnels pour les établissements (augmentation du nombre d’heures de cours, d’intervenants, de salles, de la consommation de chauffage, etc.). La loi relative aux libertés et responsabilités des universités (2007) a particulièrement impacté le budget des universités. Elle a consisté à poursuivre le mouvement de décentralisation engagé par l’État en transférant la gestion de la masse salariale (soit 60 à 70 % du budget jusqu’alors centralisé) aux établissements. Cette évolution vers davantage d’autonomie a conduit à une responsabilité accrue de chaque université, qui gère désormais une masse de coûts (fonctionnement, personnel, investissement) correspondant à l’ensemble de son activité.   Si une dotation annuelle de l’État (devenue « Subvention pour charge de service public », ou SCSP) équivalente aux montants transférés a accompagné cette autonomisation, elle s’est érodée au fil des années si on la rapporte au nombre d’étudiants. L’augmentation des salaires des personnels fonctionnaires, inhérente à leur ancienneté et à leur progression de carrière, n’a été que partiellement (voire pas du tout) compensée par l’État, tout comme l’augmentation du point d’indice décidée en 2022.   Le poids du parc immobilier Parmi les facteurs majeurs de tensions budgétaires, les coûts actuels et à venir de l’entretien du parc immobilier pèsent également lourdement sur la situation financière. Une étude de la Cour des comptes en 2022 sur l’immobilier universitaire révèle que 34 % des surfaces sont dans un état peu ou pas satisfaisant ; 9 % des établissements recevant du public ont reçu un avis défavorable de la commission de sécurité locale. Le coût de réhabilitation du patrimoine universitaire avoisinerait les 7 milliards d’euros (15 milliards pour France Universités, organisation qui rassemble les dirigeants des universités et des établissements d’enseignement supérieur et de recherche), dont les trois quarts seraient en rapport avec la transition énergétique. Certes, l’État ou les collectivités territoriales interviennent (notamment au travers des dispositifs comme les Contrats de plan État-Région ou les Programmes d’investissements d’avenir). Cependant, les établissements doivent prendre en charge l’entretien du patrimoine (qui présente désormais le deuxième poste de dépenses après la masse salariale) ainsi que les fluides (gaz, électricité, eau) qui alourdissent les comptes dans un contexte de forte inflation. Par ailleurs, l’internationalisation de l’enseignement supérieur et de la recherche a connu une forte accélération à partir des années 1990. Au-delà de la traditionnelle mobilité internationale des étudiants et des enseignants, encouragée notamment par le processus de Bologne en 1998, l’internationalisation des programmes de formation ainsi que la création de consortiums ou alliances internationales se sont considérablement intensifiées. Si ces alliances bénéficient de financements conséquents de la part de l’Union européenne, l’internationalisation requiert des financements élevés, de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros. Le recrutement de personnels complémentaires est également devenu indispensable pour déployer le management de la qualité et le contrôle dans les universités. La loi de programme pour la recherche de 2006 a officiellement lancé le management de la qualité dans les universités par la création de l’agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES, devenue le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, ou HCÉRES). Il s’inscrit dans un mouvement plus global de labellisation et de certifications (label Développement durable et Responsabilité sociétale ; label européen Human Resources Strategy for Researchers, etc.). Des moyens humains et des coûts additionnels ont là encore été nécessaires, tout comme pour la mise en œuvre des obligations légales prévues par la loi sur l’autonomie des universités de 2007 ou encore par le décret relatif à la gestion budgétaire et comptable publique en 2012.   New Public Management Ces tensions budgétaires récurrentes ont conduit à la multiplication de rapports et travaux de recherche : beaucoup font le constat d’une inadéquation des financements actuels compte tenu des défis que les universités publiques françaises ont à relever. Si les financements complémentaires récents prévus dans le cadre de la loi Orientation et Réussite (2018) de la loi de Programmation de la Recherche (2020) ou des pôles universitaires d’innovation (prévus dans le cadre du plan « France 2030 ») viennent soutenir les activités des universités, ils s’inscrivent dans un temps limité. Si les montants engagés par l’État depuis 2010 dans le cadre des Programmes d’investissement d’avenir sont conséquents, ils ont créé une forte différenciation entre les établissements en capacité de répondre aux appels à projet et les autres. Dans certains cas, ils sont en effet conditionnés aux regroupements entre les universités (Pôles de recherche et d’enseignement supérieur, communautés d’universités et établissements, établissement public expérimental) et à leur maintien. Plusieurs pistes sont évoquées pour transformer le financement des universités. Dans un rapport de 2019, le sénateur Philippe Adnot propose que les établissements développent leurs ressources propres pour limiter leur dépendance à l’État : une augmentation raisonnée des frais d’inscription des étudiants français et étrangers, le développement de la formation pour adultes et de l’alternance, la création de nouvelles fondations universitaires, la valorisation du patrimoine immobilier. Comme d’autres, il préconise la mise en place de contrats d’objectifs,…

Comment sortir l’action publique d’une logique strictement financière ?

Par Sarah Journée

Publié le 5 septembre 2023 Comment sortir l’action publique d’une logique strictement financière ? Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) et Angèle Renaud, IAE Dijon – Université de Bourgogne Le dernier remaniement ministériel du 20 juillet 2023 a donné lieu à son lot traditionnel de discours de passation de pouvoir, dont ceux, à Bercy, de Gabriel Attal, en partance pour l’Éducation nationale, et de son successeur Thomas Cazenave à la fonction de ministre délégué chargé des comptes publics. Ce passage de relais s’est voulu inscrit dans la continuité. Le nouveau ministre a ainsi déclaré vouloir poursuivre le travail de désendettement de son prédécesseur : « Le redressement des finances publiques et le retour du déficit sous la barre des 3 % d’ici 2027 sont nos priorités. » Jusqu’à présent, la transformation de l’action publique en France a surtout été guidée par les principes d’un New Public Management dont on peut douter de son caractère novateur (déployé au milieu des années 1980 dans des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande). Fondé sur les pratiques du secteur privé (notamment des industries automobile comme General Motors et chimique comme Dupont de Nemours), il promeut davantage de discipline dans l’utilisation des ressources financières, une intensification de la concurrence public/privé et public/public, la fragmentation des structures publiques en unités évaluables ainsi qu’une grande attention portée à la définition d’objectifs et aux résultats.   Logique d’économies Pour mettre en application ces principes, l’État français a notamment déployé des dispositifs de contrôle de gestion dans l’ensemble de la fonction publique (hôpitaux, lycées, universités, collectivités territoriales, ministères de la Défense, de la Justice, de l’Intérieur, de la Culture, etc.) : découpage de l’ensemble de l’administration en centres de responsabilité, mise en place de nombreux systèmes de calcul des coûts, création d’un nombre incommensurable d’indicateurs, développement de systèmes de reporting et quasi-généralisation du « benchmarking » (comparaison des différents acteurs). L’orientation financière donnée à ces dispositifs a incité les décideurs publics français à voir la transformation de l’action publique davantage sous l’angle des économies budgétaires que sous celui de l’efficacité du service public. Si le redressement des finances publiques et le retour du déficit sous la barre des 3 % restent les priorités de Bercy, il faut espérer que les dispositifs employés pour transformer l’action publique ne détournent pas davantage les décideurs publics de leurs missions et priorités originelles : être au service du patient, de l’élève, de l’étudiant, du citoyen… En effet, l’action publique guidée par l’intérêt général et le bien commun différencient fondamentalement les organisations publiques de celles du privé. Un collectif de 21 praticiens de structures publiques et d’universitaires français, belges et canadiens s’est penché sur cette question dans un ouvrage paru en 2023 : « Repenser le management des organisations publiques sous le prisme du contrôle de gestion » (Éditions Vuibert). Il ressort de ces fructueuses réflexions et nombreux points de vue que, si les décideurs publics continuent à mobiliser des dispositifs de contrôle, les réduire à leur seule dimension financière (efficience et économie du New Public Management) constitue un écueil majeur à éviter.   Logiques hybrides La conception la plus répandue du contrôle de gestion dans le monde (y compris dans le secteur marchand) s’inscrit en effet dans une visée plus ambitieuse : assurer que les ressources sont allouées et utilisées avec efficacité et efficience pour la réalisation des objectifs organisationnels. Il s’agit donc de l’utilisation de ces dispositifs de contrôle par les décideurs publics en priorité pour les guider dans la réalisation de leur mission originelle : servir l’intérêt général dans le respect des biens communs. Dans cette perspective, le contrôle de gestion devrait favoriser une lecture « hybride » de l’action collective s’il ne s’enferme pas dans une logique financière. Il est porteur d’une diversité de logiques qui font la performance publique. En particulier, ce contrôle de gestion « hybride » peut déployer des objectifs multidimensionnels hiérarchisés et non seulement budgétaires ; adapter des instruments de gestion issus du secteur privé aux singularités de chacune des organisations publiques qui les utilisent ; de mobiliser ces dispositifs non seulement à des fins de vérification de la mise en œuvre des politiques publiques mais aussi de changement de long terme en encourageant les initiatives individuelles des agents. Par exemple, une ville de l’ouest de la France de 140 000 habitants, associée à une communauté d’agglomération de 30 communes, s’est engagée dans la révision de ses politiques publiques. Pour définir les grandes orientations, la ville s’est appuyée conjointement sur un contrôle de gestion à orientation diagnostique et un contrôle de gestion à orientation interactive formalisé par le spécialiste américain en sciences du management Robert Simons en 1994. Le premier visait la formalisation de contrats d’objectifs multidimensionnels entre la direction générale et les différents services, ainsi que l’animation du suivi des actions proposées et retenues par les élus. Le second était focalisé sur des réunions de dialogue de gestion regroupant les cadres et les employés pour décider des améliorations à apporter aux grandes orientations. Ces logiques hybrides visent à limiter le risque de myopie des décideurs publics, c’est-à-dire celui d’une focalisation excessive sur des questions budgétaires. Penser le contrôle de gestion publique sous l’angle de l’hybridité constitue donc bien le corollaire de la recherche de l’intérêt général qui s’inscrit, par définition, dans une vision multidimensionnelle de l’action publique. Penser le contrôle de gestion publique suppose d’impliquer les acteurs – élus, agents, usagers – dans un dialogue constructif qui vise à traiter les divergences inhérentes à cette vision, c’est-à-dire de s’appuyer sur les fondements de la démocratie.   Marc Bollecker, Professeur des universités en sciences de gestion, Université de Haute-Alsace (UHA) et Angèle Renaud, Professeure des universités, Directrice du CREGO, IAE Dijon – Université de Bourgogne   Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Marc Bollecker Professeur des universités en sciences de gestion (FSESJ & CREGO) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Veolia-Suez : la réussite de l’acquisition dépendra aussi des mécanismes de contrôle mis en place 12 octobre 2020/ Publié le 12 octobre 2020 Veolia-Suez : la réussite…

Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq

Par Sarah Journée

Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Justine Leclercq est l’une des trois doctorantes de l’UHA à s’être présentées à la finale Alsace de 2023. Elle a présenté son sujet de thèse intitulé « Gestion de la gouvernance dans un groupe de sociétés implanté au sein de l’Union Européenne ». https://www.youtube.com/watch?v=X4NNuEGMt7o&t=10148s Justine Leclercq Doctorante en droit privé (CERDACC) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2016 – Marlena Betzner 4 avril 2016/ Publié le 4 avril 2016 Ma thèse en 180 secondes 2016 – Marlena Betzner Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Héléna Frithmann 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Héléna Frithmann Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2024 – Orlane Douguet 21 mars 2024/ Publié le 21 mars 2024 Ma thèse en 180 secondes 2024 – Orlane Douguet Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

Bonnes feuilles : « La grande résurrection du business de la mort »

Par Sarah Journée

Publié le 2 février 2022 Bonnes feuilles : « La grande résurrection du business de la mort » Faouzi Bensebaa, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières et Fabien Eymas, Université de Haute-Alsace (UHA) Comment un marché ankylosé en 1992 est-il devenu particulièrement dynamique en 2022 ? La mort serait-elle devenue tendance ? Ou est-ce dû à l’ingéniosité de nombreux acteurs qui, surfant sur les évolutions culturelles, législatives et technologiques, sont parvenus à presque faire « aimer » le trépas ? Ces acteurs, ce sont non seulement les pompes funèbres bien sûr, interlocuteurs inévitables des familles et de l’entourage du défunt, mais également les innombrables start-up qui cherchent à disrupter un à un les différents marchés mortuaires, comme Grantwill qui veut être le « premier réseau social post mortem », ou encore Testamento qui attaque les notaires avec son offre de testaments olographes sécurisés. Ce sont ces acteurs, leurs offres et leur manière d’opérer que Faouzi Bensebaa et Fabien Eymas analysent dans leur livre Le business de la mort (Éditions L’Harmattan), dont nous vous proposons ici les bonnes feuilles…   Des marchés (dé)réglementés La dynamisation du marché de la mort débute notamment avec la promulgation de la loi Sueur qui a sonné le glas du monopole communal sur les pompes funèbres. Cela a entraîné le développement d’un petit nombre d’acteurs privés qui, profitant de la structure oligopolistique du marché, ont pu faire croître les prix et augmenter ainsi leur chiffre d’affaires. Néanmoins, le marché des pompes funèbres et, de manière plus générale, les marchés liés à la mort apparaissent encore réglementés. Lorsqu’une personne décède, il est nécessaire de respecter la temporalité précisée par les textes de loi. Par exemple, le constat du décès doit être réalisé par un médecin sous 24h et la crémation ou l’inhumation doit intervenir dans une fourchette située entre 48h après le décès au plus tôt et 6 jours au plus tard. La réglementation joue également un rôle dans le développement de marchés liés à la mort. En la matière, la France apparaît frileuse et sa réglementation empêche – à tort ou à raison – le développement de marchés comme celui de la cryogénisation, de la dispersion des cendres ou du suicide assisté. En imposant la dispersion de l’ensemble des cendres du défunt au même endroit, la législation française réduit la possibilité, pour les familles, de recourir à certaines prestations créatives qui se développent à l’étranger. Pourtant, le développement de la crémation – 1 % des décès en 1980 contre près de 40 % aujourd’hui – accroît la demande potentielle de différenciation dans la dispersion des cendres. S’il est envisageable, en France, de faire disperser ses cendres en pleine nature (forêt, mer, etc.), leur transformation en diamant, leur envoi dans l’espace lointain ou le dépôt d’une partie d’entre elles dans un godemichet comme le propose un designer néerlandais n’apparaissent pas possibles. Faut-il le regretter ? Concernant le sujet plus sensible du suicide assisté, une législation à contre-courant permet à un pays, en l’occurrence la Suisse, de bénéficier d’un avantage concurrentiel vis-à-vis du reste du monde. Concrètement, ce marché ne pouvant exister qu’en Suisse, ce pays attire de nombreux ressortissants européens non suisses désirant mettre fin à leur jour, faisant de la Confédération helvétique la destination phare du « tourisme de la mort ». Même en matière d’obsèques animales, tout n’est pas possible. Si les bêtes de 40 kg au plus peuvent être inhumées sur la propriété familiale, c’est dans une fosse d’une profondeur d’au moins 1 mètre et à une distance de 35 mètres au minimum des habitations et des points d’eau. Mais les inhumations dans des cimetières pour animaux – celui d’Asnières-sur-Seine (92) date de 1899 ! – et, surtout, les crémations ont le vent en poupe. Aux États-Unis, ce sont plus de 500 000 animaux par an qui ont droit à des funérailles !   Une ubérisation en cours ? À défaut de pouvoir se lancer sur des marchés juridiquement inaccessibles, les start-up françaises attaquent les entreprises traditionnelles des pompes funèbres et… les notaires ! Les premières, accusées de pratiquer des prix opaques – et donc forcément abusifs – doivent faire face à l’émergence de pompes funèbres en ligne qui proposent des prestations comparables tout en promettant des prix cassés. Paradoxalement, l’arrivée de ces entreprises numériques dans les années 2010 n’a pas empêché – tant s’en faut – l’inflation des prix pratiqués par les pompes funèbres traditionnelles. Certainement profitent-elles ou ont-elles profité de la faible attirance de leurs clients – des personnes âgées en moyenne de 60 à 70 ans – pour le commerce en ligne. Certainement un simple répit qui appelle une évolution en profondeur d’acteurs qui bénéficient de la situation d’urgence à laquelle sont confrontées les familles. Un autre exemple de tentative d’ubérisation d’acteurs historiques est celui de la start-up Testamento s’attaquant au monopole de fait des notaires sur le marché des testaments. Mais, à y regarder de plus près, il nous semble qu’il ne s’agit pas d’une attaque frontale, mais bien plutôt d’une proposition complémentaire qui ne devrait pas – pour l’instant en tout cas – mettre les notaires en difficulté. En effet, il existe trois types de testaments : olographe, authentique et mystique. Le premier est rédigé et conservé par le testateur lui-même, alors que les deux autres nécessitent l’intervention d’un notaire : pour la rédaction et la conservation dans le cas du testament authentique et simplement pour la conservation dans le cas du testament mystique. Bien entendu, il est beaucoup plus difficile de contester un testament authentique qu’un testament olographe. C’est là qu’intervient Testamento qui, en fournissant des modèles, propose de sécuriser la rédaction d’un testament olographe. Il apparaît ainsi que, pour l’heure, Testamento cherche davantage à exploiter une pratique hors marché – la rédaction d’un testament olographe – qu’à concurrencer les notaires sur leur marché ô combien captif des testaments authentiques. Mais les marchés relatifs à la mort ne sont pas simplement affectés par une digitalisation que l’on retrouve dans la plupart des secteurs, les technologies les plus modernes sont aussi mobilisées afin de découvrir la clé de l’éternité et de ressusciter les morts.   La technologie pour ne pas mourir… La quête de l’éternité…

Ma Thèse en 180 secondes 2021 – Céline Vogel

Par Sarah Journée

Publié le 18 mars 2021 Ma thèse en 180 secondes 2021 – Céline Vogel Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Céline Vogel est la seule doctorante de l’UHA à s’être présentée à la finale Alsace de 2021. C’est à nouveau une édition spéciale : au vu des mesures sanitaires, les candidat·es ont dû à nouveau présenter leur sujet de thèse face caméra ! Elle a présenté son sujet de thèse intitulé « L’appropriation des outils de contrôle à l’université ». https://www.youtube.com/watch?v=Pf2ePEjToqc&list=PLqKY7fivSf361-HnEifW__bE8V1JDuY6w&index=16 Céline Vogel Doctorante en science de gestion (CREGO) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2017 – Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD 7 avril 2017/ Publié le 7 avril 2017 Ma thèse en 180 secondes : Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri 21 mars 2024/ Publié le 21 mars 2024 Ma thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

Le mouvement anti-Amazon de retour avec la crise de la Covid-19

Par Sarah Journée

Publié le 16 novembre 2020 Le mouvement anti-Amazon de retour avec la crise de la Covid-19 Hanene Oueslati, Université de Haute-Alsace (UHA) Depuis l’annonce du deuxième confinement et de la décision de fermeture des commerces jugés non essentiels, nous assistons à une vague de contestations plaçant le géant du e-commerce Amazon dans le viseur des responsables politiques, des enseignes de distribution et des consommateurs. Amazon, en particulier, devient le responsable des maux de cette société fragilisée par la crise sanitaire de la Covid-19. Cela prend plusieurs formes allant de l’appel à boycott d’Amazon par des politiciens, des associations consuméristes et des enseignes de la grande distribution, jusqu’à la création d’un plugin « Amazon Killer » recommandé aux consommateurs afin de chercher un livre sur Amazon et de l’acheter dans une librairie physique, ou de « Amazon Antidote » qui guide le consommateur vers d’autres sites proposant le même produit vendu par Amazon, à des prix plus bas. L’ampleur de la tendance de boycott d’Amazon en France est jugée sans précédent. Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique, l’assimile à « une psychose française sur Amazon qui n’a pas beaucoup de sens ». Il précise que « Amazon, c’est 20 % du e-commerce en France », représentant le pourcentage le plus faible dans les pays de l’Union européenne. Pour cela, deux questions se posent : pourquoi s’attaque-t-on à Amazon en particulier, malgré le fait qu’il ne soit pas seul sur le marché du e-commerce français ? Et pourquoi ce mouvement anti-Amazon est-il propre à ce deuxième confinement ? Pour répondre à ces questions, une étude qualitative, qui paraîtra en 2021, a été menée auprès de commerçants appartenant aux deux catégories : « commerces essentiels » et « commerces non essentiels » et de consultants en matière de RSE (responsabilité sociale des entreprises). Une étude ethnographique complémentaire a permis d’analyser une centaine de réactions clients à différentes publications écrites ou vidéo en relation avec l’appel au boycott d’Amazon. Cela nous a permis d’identifier les facteurs explicatifs du mouvement de boycott d’Amazon lié au deuxième confinement, ainsi que les limites de ce mouvement.   L’injustice cultivée par Amazon… Selon la théorie de la justice sociale de Rawls (1971), l’homme juste est celui qui soutient les organisations justes. Or, Amazon incarne pour certaines personnes interviewées l’image du capitalisme sauvage caractérisé par un engraissement qui ne profite qu’à un très petit nombre de bénéficiaires. Ainsi, il a été pendant plusieurs années attaqué pour ses valeurs sociales et sociétales. Il a souvent fait l’objet de mouvements de contestation à l’égard de sa politique sociale caractérisée par des conditions de travail jugées inhumaines, par une politique salariale injuste, par la suppression de postes et la robotisation de ses entrepôts, etc. Covid-19 : l’inquiétude des salariés d’Amazon.   De plus, Amazon a été pointé du doigt, à plusieurs reprises, à cause d’une mauvaise protection de ses salariés lors de la première vague de la Covid-19, en refusant de fermer ses entrepôts malgré les nombreux cas atteints signalés. Ses salariés se sont retrouvés dépourvus de moyens de protection, seuls face à la pandémie, contribuant ainsi, injustement, à l’enrichissement du géant du e-commerce. En France, on reproche à Amazon, l’opacité des informations au niveau de son chiffre d’affaires de la publicité en ligne, des places de marché et du cloud. Ces chiffres estimés à plus de 50 % du chiffre d’affaires total réalisé en France, ne sont pas taxés. Ainsi, Amazon ne contribue pas à l’économie française grâce aux avantages fiscaux dont il jouit, contrairement à d’autres géants du Web français tel que C-discount, dont les richesses générées profitent à l’économie française, et de manière indirecte aux Français. Amazon est perçu comme un opportuniste qui a énormément profité de la guerre contre la Covid-19, à travers la montée fulgurante de son chiffre d’affaires et de ses cours d’action en bourse. Les quelques initiatives du géant du e-commerce de mettre en avant les produits fabriqués en France et de soutenir les entreprises françaises sur son site Web, sont assimilées à de « la poudre de perlimpinpin ». Amazon est considéré, par certains, comme l’un des « riches de la guerre » avec tout ce que cela porte comme symboles négatifs d’opportunisme, d’égoïsme, d’individualisme et d’injustice. Les attentes de solidarité avec les Français, d’assistance aux petits commerçants et d’aide aux salariés non remplies par Amazon lors de la première vague ont contribué à ternir son image et à faire de lui une cible privilégiée lors de cette deuxième vague de la Covid-19.   L’injustice cultivée par les politiciens et relayée par les médias… L’appel au boycott d’Amazon par madame Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a fait l’effet de « la seringue hypodermique » sur certains consommateurs qui ont placé le géant du e-commerce dans l’agenda de leurs sujets de discussion. Ce discours a d’autant plus été considéré comme faisant appel au sentiment de culpabilité du consommateur et à son sens de la justice, tel qu’évoqué par le philosophe américain John Rawls (1971). Cela a été accentué par les communiqués des différentes fédérations du commerce, les publicités « solidaires » diffusées par certaines enseignes de distribution, ainsi que les discours politiques contradictoires au sujet d’Amazon. Or, au lieu d’aider à rétablir la justice sociale chez les Français, la médiatisation des différents discours politiques a davantage creusé le sentiment d’injustice sociale chez eux ; elle leur a donné l’impression qu’Amazon est plus fort que l’État français. Certains commerçants se lamentent en rappelant que : « lutter contre Amazon quand on fait partie du gouvernement doit se traduire par des lois et non pas par l’appel au boycott… ». Par ailleurs, lors du deuxième confinement, l’interdiction d’ouvrir les commerces jugés non essentiels, y compris les rayons concernés chez les supermarchés et les hypermarchés français, à l’exception des e-commerçants dont Amazon, a davantage éveillé le sentiment d’injustice sociale chez les consommateurs et les commerçants français. Cela a pris la forme de deux grandes polémiques. La première polémique concerne la catégorisation de ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas. La hiérarchie des biens retenue par le gouvernement ne reflète pas de manière juste et équitable celle des commerçants français qui trouvent que les…

Veolia-Suez : la réussite de l’acquisition dépendra aussi des mécanismes de contrôle mis en place

Par Sarah Journée

Publié le 12 octobre 2020 Veolia-Suez : la réussite de l’acquisition dépendra aussi des mécanismes de contrôle mis en place Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) et Marion Hertzog, Université de Haute-Alsace (UHA)   L’actualité des opérations de fusions-acquisitions en France est particulièrement marquée par l’offensive de Veolia, acteur majeur de la gestion de l’eau et des déchets, sur son concurrent Suez. En effet, le lundi 5 octobre 2020, le groupe Engie a décidé de céder à Veolia près de 30 % des parts qu’il détient de son concurrent dans un contexte particulièrement polémique, dans lequel la présidence de la République est même accusée d’être intervenue dans le vote (ce que l’Élysée dément). Le 9 octobre, le tribunal judiciaire de Paris a d’ailleurs décidé de suspendre l’opération « tant que les comités sociaux et économiques concernés n’auront pas été informés et consultés quant aux décisions déjà prises ». Les deux entreprises ont annoncé qu’elles feraient appel de cette décision. Au-delà de ce cas, ce type d’opérations fait régulièrement l’objet d’une forte médiatisation : General Electric – Alstom, Fiat Chrysler – PSA, Vivendi – Havas, Siemens – Alstom, etc. Régulièrement, elles conduisent même à l’intervention des plus hautes autorités de l’État, comme l’a encore montré le dossier Veolia-Suez. Cette médiatisation s’explique par les craintes que suscitent les fusions-acquisitions, qui sont loin d’être spécifiques au secteur de l’eau et de la valorisation des déchets.   Peur de l’échec Les craintes se cristallisent le plus souvent autour des difficultés d’une situation post-fusion ingérable, de pertes d’emplois, de position monopolistique, d’offre publique d’achat (OPA) future (ici sur Suez), et des incertitudes sur la rentabilité des sommes décaissées (estimées à près de 3,4 milliards d’euros dans le cas de Veolia). Ces craintes s’expliquent également par les risques d’échecs des opérations de fusion-acquisition qui demeurent élevés. Les différentes études menées sur ces opérations s’accordent sur un taux d’échec approchant les 70 %. Relevons cependant que ce qui est entendu par la performance de ces opérations varie considérablement selon les interlocuteurs. Par exemple, en finance, elle peut se mesurer par la création de valeur pour les actionnaires (rentabilité, croissance du chiffre d’affaires, économie d’échelles) ou par l’abandon des opérations. En gestion des ressources humaines, ce peut être l’impact sur les licenciements ou sur le climat social ; en stratégie, la réalisation des objectifs stratégiques tels que le développement régional. Si des intérêts stratégiques conduisent les groupes à maintenir de telles opérations, malgré des résultats financiers souvent décevants, il est particulièrement utile de s’intéresser aux facteurs postérieurs aux opérations de fusion-acquisition, explicatifs de leurs échecs ou de leurs succès.   Choisir son dispositif d’intégration De nombreux travaux de recherche ont été menés sur la question. Sans être exhaustif, certains montrent le rôle des dirigeants et du leadership, d’autres se focalisent sur la gestion des différences culturelles, les relations humaines et l’identité, d’autres encore sur la gestion de l’incertitude et de l’ambiguïté, ou la vitesse d’intégration. Quel que soit l’angle d’analyse adopté, ces opérations nécessitent d’intégrer, dans une nouvelle entité, des structures et collaborateurs présentant des différences cognitive, sociale, géographique voire institutionnelle plus ou moins importantes. En réalité, il s’agit d’un problème classique et ancien dans toutes les organisations, d’intégration et de différenciation. Les dispositifs d’intégration (ou mécanismes de contrôle) se traduisent par des systèmes, des règles, des pratiques et des valeurs qui orientent les comportements des collaborateurs vers la réalisation des objectifs et de la stratégie de l’organisation. Les chercheurs en contrôle de gestion, Teemu Malmi et David Brown, ont montré la diversité de tels dispositifs d’intégration massivement utilisés par les firmes : plans d’action à court, moyen et long terme (planification), budgets, indicateurs financiers et non financiers, tableaux de bord (contrôle cybernétique), récompenses et bonus, délégations des responsabilités, procédures, gouvernance (contrôles administratifs), valeurs, croyances, normes sociales (contrôles culturels) etc. La grande majorité des fusions-acquisitions sont des échecs (Frédéric Fréry, Xerfi Canal, 2016).   Dans le cas d’une fusion-acquisition, ces dispositifs d’intégration peuvent s’avérer tout à fait utiles pour sensibiliser les employés aux finalités de l’opération, pour véhiculer les objectifs de la nouvelle entité, voire même pour les rassurer quant à leur avenir (à supposer que cela soit envisageable !). Dans ce type d’opération, le groupe acquéreur est alors amené à réaliser un choix complexe sur le degré et les mécanismes de contrôle (intégration) des différentes entités et sur leur autonomie (différenciation) respective. Ce choix peut prendre trois formes différentes si l’on se réfère à l’une des nombreuses typologies réalisées sur le sujet : la préservation, l’absorption, la symbiose. La première forme se traduit par la conservation de l’identité et de l’autonomie de chaque entité, la coordination se limitant à un contrôle financier (par exemple LVMH et Liberty Surf). Elle se retrouve souvent dans des stratégies de diversification menées par le groupe acquéreur. La deuxième se caractérise par une faible autonomie de l’entité acquise et une très forte coordination par l’acquéreur. Elle passe le plus souvent par la recombinaison des ressources et de l’identité de la structure acquise (par exemple Axa et UAP). La dernière forme d’intégration implique le maintien de l’autonomie tout en développant des relations de coordination approfondies sur le plan opérationnel par des mutualisations des processus (par exemple Air France et KLM).   Intégrer de manière optimale Dès lors, parmi les différents facteurs de réussite d’une opération de fusion-acquisition, on peut relever l’importance d’une recherche de cohérence entre les dispositifs d’intégration (ou mécanismes de contrôle organisationnel) existants ou à développer dans chacune des entités et la forme d’intégration choisie. On peut ainsi aisément comprendre que, dans le cas d’une intégration qui vise la préservation des spécificités de l’entité acquise, l’utilisation massive par l’acquéreur d’une variété de dispositifs d’intégration (contrôle culturel, contrôle administratif, contrôle cybernétique, planification…) s’avère peu pertinente. Elle conduit à une mise sous contrôle excessive ou inadaptée des employés. Elle expose l’acquéreur au rejet des dispositifs d’intégration. Nombreux sont les travaux ayant démontré des risques de controverses, de non-appropriation voire de rejet, même au-delà des opérations de fusion-acquisition. Inversement, la seule utilisation d’outils de contrôle cybernétique dans une forme fusionnelle ne serait pas suffisante pour assurer…