Auteur/autrice : Sarah Journée

Vit-on vraiment le retour des années 1930 ?

Par Sarah Journée

Publié le 29 novembre 2021 Vit-on vraiment le retour des années 1930 ? Renaud Meltz, Université de Haute-Alsace (UHA) « Je mesure la droitisation des esprits, ce danger qui progresse depuis des années : on ne peut pas s’empêcher de penser à l’avant-guerre ». Annie Ernaux, dans cet entretien accordé au Nouvel Obs, croit reconnaître les années 1930, pour le pire, dans le visage incertain du monde qui se reconfigure 30 ans après l’espoir d’une « fin de l’histoire » marquée par le triomphe de la démocratie libérale sur le bloc soviétique. Les publicistes sont saisis par l’effroi de l’éternel retour. En 2014, l’universitaire Philippe Corcuff publie Les années 30 reviennent et la gauche est dans le brouillard. En 2017, Farid Abdelouahab et Pascal Blanchard s’inquiètent : Les Années 30. Et si l’histoire recommençait ? La quatrième de couverture assume la réduction du raisonnement analogique à la répétition : « Notre présent apparaît comme un fascinant écho de ces années 30 ».   La hantise de la répétition Le philosophe Michaël Foessel relit le passé à partir des préoccupations présentes, avec son Récidive. 1938, qui interroge plus subtilement la permanence des périls qui ont existé dans les années 1930 ; il se plonge dans la presse de 1938, pris « d’un doute sur la réalité du bégaiement de l’histoire ». D’autres titres versent dans le prophétisme, pour ne pas dire le simonisme (monnayer des prophéties) comme l’écrit François Langlet, dans Tout va basculer. La pandémie virale aiguise cette crainte qui prospère depuis le milieu des années 2010. Un diplomate essayiste voit se lever « l’ombre portée des années 1930 » qui « doit inspirer stupeur et humilité » en levant le regard sur l’avenir. Les hommes politiques ne sont pas immunisés contre cette hantise. L’analogie vient à Manuel Valls en 2014. Le ministre de l’Intérieur trouve à notre temps un « point commun avec les années 1930 » : « L’anti-républicanisme et la détestation violente dans les mots comme dans les actes » des valeurs et principes républicains (Le Journal du Dimanche, 2 février 2014). Emmanuel Macron, élu à la présidence de la République sur le refus du clivage bi-partisan, donne en novembre 2018 un entretien à Ouest-France titré : « Le moment que nous vivons ressemble à l’entre-deux-guerres ». Le ressort analogique conduit à comparer les difficultés de notre temps à celles des années 1930. La crise financière de 2008 rappelle celle de 1929, avec son lot de malheurs sociaux. L’affirmation de la Chine rappelle le passage de relais de l’entre-deux-guerre au profit des États-Unis.   Le retour des « égoïsmes nationaux » La pandémie mondiale et les réponses apportées, frontières closes, ruées rivales des États sur les moyens de lutte contre la propagation du virus, rappellent le retour des « égoïsmes nationaux » des années 30, lorsque les gouvernements choisissaient la hausse des tarifs douaniers et les dévaluations compétitives. La floraison de régimes illibéraux et populistes, enfin, fait craindre le retour des régimes totalitaires qui cernaient la France des années 1930. L’anticipation d’une catastrophe possible explique probablement notre fascination pour cette décennie qui se termine par la disparition de la démocratie, abîmée dans la défaite, liquidée le 10 juillet 1940 avec la IIIᵉ République.   Non, nous n’allons pas revivre les années 30, nous les avons déjà vécues En dehors de toute réflexion théorique sur la validité de la comparaison entre périodes, l’historien doit rappeler ce truisme que nous n’allons pas revivre les années 30. C’est bien pire : « nous » les avons vécues, nous sommes façonnés par elle et, par-là, nous les vivons encore. Reste à savoir comment ! Il n’est pas fatal de se laisser happer par cette angoisse mémorielle. Si la hantise de répéter l’expérience passée, et le mécanisme de reproduction compulsif a été identifié dès le début du XXe siècle par Sigmund Freud chez ses patients, il a fallu attendre l’aube du XXIe siècle pour que le philosophe Paul Ricœur suggère d’appliquer aux sociétés ce travail d’interprétation des évènements traumatiques, travail de deuil auquel Freud invitait ses patients pour échapper à la répétition pathologique après une perte qui n’a pas été regardée en face. Les historiens professionnels eux-mêmes, qui ont construit d’artificielles « périodes », ne s’arrachent jamais complètement à l’illusion d’un temps cyclique. Le péril n’est pas « qu’adviennent » à nouveau les années 1930, comme si notre condition historique était passive, mais que nous soyons à ce point traumatisés par le point d’aboutissement de la décennie 1930 que nous ne puissions pas nous réconcilier avec notre passé, pour qu’il ne pèse plus sur notre devenir comme une fatalité.   D’autres années 1930 Peut-on modestement appeler à une meilleure connaissance de ce passé, dans toute l’amplitude de ses potentialités, sans se polariser sur la catastrophe de 1940, pour se réconcilier avec lui – et ne pas subir ses effets ? Lorsqu’en janvier 2021 Marine Le Pen fustige « la politique du chien crevé au fil de l’eau » du gouvernement Castex, la presse y voit la reprise d’une attaque de François Fillon ciblant François Hollande huit ans plus tôt. Elle répète en réalité la pique d’André Tardieu, disciple de Georges Clemenceau, qui visait en 1921 la politique étrangère du président du conseil Aristide Briand formulée en 1921, suspect de détricoter le traité de Versailles. L’insulte revient sous la plume des journalistes d’extrême droite à l’aube des années 1930, lorsque Tardieu, devenu président du conseil à son tour, maintient Briand au Quai d’Orsay et se rallie à sa politique de conciliation avec l’Allemagne de Weimar. L’Action française fustige inlassablement Tardieu qui contribue au démantèlement du traité de Versailles. Au point que l’emploi de l’expression « chien crevé au fil de l’eau » se généralise dans les journaux de toutes tendances. En 1935, L’Humanité l’applique à Pierre Laval (L’Humanité, « Où nous conduit M. Laval ? Scandale diplomatique ! », le 8 novembre 1935, p. 3] dont la politique étrangère indécise hésite entre la volonté de séparer l’Italie de l’Allemagne nazie et l’exigence juridique de condamner le régime fasciste, agresseur de l’Ethiopie. Le 30 juin 1936, devant la Société des Nations à Genève, le négus Haïlé Sélassié plaide la cause de son pays, l’Éthiopie, envahi par l’armée de Mussolini. Cet exemple permet de rappeler les permanences – la réserve rhétorique de Marine Le Pen vient de l’extrême droite des années 1930 – et les discontinuités : Tardieu, inquiet de l’impuissance du parlementarisme, pressé par une partie de son camp de…

De New York à Tokyo : les métropoles prennent l’eau

Par Sarah Journée

Publié le 20 septembre 2021 De New York à Tokyo : les métropoles prennent l’eau Des kayaks sur une portion de l’autoroute 676 après les fortes pluies provenant de l’ouragan Ida à Philadelphie, en Pennsylvanie, le 2 septembre 2021. ©AFP – Branden Eastwood   L’ouragan Ida qui a touché la ville de New-York ce septembre 2021 interroge sur les capacités des métropoles à s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique. France Culture vous propose dans son podcast “Cultures Monde” une plongée dans les mécanismes d’adaptation adoptés à travers le monde pour contrer les événements climatiques extrêmes.   Les invité·es : Jean François Heimburger est chercheur associé en histoire et géographie du Japon au Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques (CRESAT). Guillaume Poiret est géographe et urbaniste à Paris-Créteil. Jean-Paul Vanderlinden est professeur d’économie écologique et d’études environnementales au CEARC à l’Université de Versailles Saint Quentin.   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Jean-François Heimburger Chercheur associé en histoire et géographie du Japon (CRESAT) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Avis de Recherche N°1 – Comprendre le risque d’inondation : de la recherche à l’action 2 mai 2023/ Publié le 2 mai 2023 Avis de Recherche N°1 – Comprendre le risque d’inondation : de la recherche à l’action… Podcast Chine : les villes faces aux catastrophes climatiques 6 août 2023/ Publié le 6 août 2023 Chine : les villes face aux catastrophes climatiques Une rue inondée à Zhuozhou, dans la… Podcast L’anthropocène, un objet frontière qui signifie plus qu’une tranche de temps géologique 28 octobre 2024/ Publié le 28 octobre 2024 L’anthropocène, un objet frontière qui signifie plus qu’une tranche de temps géologique Luc Aquilina, Université de… Article

Pandémie, Navalny, crise sociale : Poutine imperturbable

Par Sarah Journée

Publié le 23 avril 2021 Pandémie, Navalny, crise sociale : Poutine imperturbable Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours annuel sur l’état de la nation à l’Assemblée fédérale, au Manezh Exhibition Hall, à Moscou, le 21 avril 2021. ©AFP – ALEXANDER NEMENOV   Seconde partie – 20mn20 Poutine a prononcé son traditionnel discours annuel ce mercredi 21 avril 2021. L’occasion pour lui de reconnaître les difficultés économiques et sociales face auxquelles nombre de ses concitoyens font face, et de menacer les Occidentaux d’une riposte s’ils franchissaient « une ligne rouge », tout en omettant de parler de son principal opposent incarcéré, Navalny. France Culture vous invite à écouter son podcast “Cultures Mondes” pour y voir plus clair dans le discours du chef d’Etat russe.   Les invité·es : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernements en Europe (SAGE). Arnaud Dubien est directeur de l’observatoire franco-russe à Moscou et chercheur associé à l’Iris. Gwenaëlle Lenoir est journaliste indépendant pour Mediapart, spécialiste du monde arabe et de l’Afrique de l’est. Marc Semo est journaliste spécialisé sur les questions diplomatiques, éditorialiste à Challenges.   Écoutez le podcast à partir de 20 minutes et 20 secondes : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Russie, ça tousse au Kremlin 19 mai 2020/ Publié le 19 mai 2020 Russie, ça tousse au Kremlin Une patrouille de trois policiers sur la Place Rouge désertée… Podcast Que peut l’opposant Navalny face à Poutine ? 26 janvier 2021/ Publié le 26 janvier 2021 Que peut l’opposant Navalny face à Poutine ? Selon l’ONG OVD Info, 3300 arrestations ont… Podcast Disparition d’Alexeï Navalny : la mort d’un martyr 17 février 2024/ Publié le 17 février 2024 Disparition d’Alexeï Navalny : la mort d’un martyr Navalny, lors d’une manifestation de l’opposition à Moscou,… Podcast

Après l’ENA, comment former les hauts fonctionnaires ?

Par Sarah Journée

Publié le 9 avril 2021 Après l’ENA, comment former les hauts-fonctionnaires ? La promotion Victor Schoelcher de 1955 ©AFP – STR / AFP   L’ENA va enfin être réformée, après des années sous le feu des critiques, mais comment seront donc formés les hauts fonctionnaires de demain ? C’est pour répondre à cette question que France Culture vous invite à écouter son podcast “La Question du jour”.   L’invité : Olivier Quéré est maître de conférence en science politique à l’UHA et chercheur au laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernements en Europe (SAGE).   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Olivier Quéré Maître de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo L’État doit-il mentir pour agir ? 25 mai 2023/ Publié le 25 mai 2023 L’État doit-il mentir pour agir ? Renaud Meltz, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Mentir pour… Article Comment sortir l’action publique d’une logique strictement financière ? 5 septembre 2023/ Publié le 5 septembre 2023 Comment sortir l’action publique d’une logique strictement financière ? Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA)… Article Les universités françaises dans la tourmente budgétaire 24 octobre 2023/ Publié le 24 octobre 2023 Les universités françaises dans la tourmente budgétaire Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) Lors de… Article

Ma Thèse en 180 secondes 2021 – Céline Vogel

Par Sarah Journée

Publié le 18 mars 2021 Ma thèse en 180 secondes 2021 – Céline Vogel Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Céline Vogel est la seule doctorante de l’UHA à s’être présentée à la finale Alsace de 2021. C’est à nouveau une édition spéciale : au vu des mesures sanitaires, les candidat·es ont dû à nouveau présenter leur sujet de thèse face caméra ! Elle a présenté son sujet de thèse intitulé « L’appropriation des outils de contrôle à l’université ». https://www.youtube.com/watch?v=Pf2ePEjToqc&list=PLqKY7fivSf361-HnEifW__bE8V1JDuY6w&index=16 Céline Vogel Doctorante en science de gestion (CREGO) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2017 – Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD 7 avril 2017/ Publié le 7 avril 2017 Ma thèse en 180 secondes : Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 Ma thèse en 180 secondes 2023 – Justine Leclercq Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri 21 mars 2024/ Publié le 21 mars 2024 Ma thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

Mulhouse : cinq doctorants fourniront de l’énergie sur la lune

Par Sarah Journée

Publié le 10 mars 2021 Mulhouse : cinq doctorants fourniront de l’énergie sur la lune   Tomasz Wronski, Adeline Andrieu, Axel Meyer, Gregory Guicheney et Driss Laraqui, voici les noms des cinq doctorant·es de l’UHA qui ont remporté le concours ActInSPace du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES). Leur équipe « Full metal energy » ont remporté un voyage à Kourou, où se situe la base de lancement spatial française, un vol en apesanteur, mais également un accompagnement pour développer s’ils le souhaitent leur start-up imaginée pour l’occasion du concours. Découvrez dans cette vidéo leur projet pour la lune !    Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : L’Alsace Tomasz Wronski Doctorant en génie des procédés (LGRE) Adeline Andrieu Doctorante en génie des procédés (LGRE) Axel Meyer Doctorant en génie des procédés (LGRE) Gregory Guicheney Doctorant en génie des procédés (LGRE) Driss Laraqui Docteur en génie des procédés (LGRE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Thèse CIFRE – Conventions Industrielles de Formation par la Recherche 18 mars 2019/ Publié le 18 mars 2019 Thèse CIFRE – Conventions Industrielles de Formation par la Recherche Vous avez certainement déjà entendu… Vidéo Fête de la science : Driss Laraqui, jeune docteur à l’honneur 29 septembre 2020/ Publié le 29 septembre 2020 Fête de la science : Driss Laraqui, jeune docteur à l’honneur   La Fête de… Vidéo BD « Sciences en bulles » : La poudre de Magnésium, un carburant propre et renouvelable pour nos voitures ? 6 octobre 2020/ Publié le 6 octobre 2020 BD « Sciences en bulles » : La poudre de Magnésium, un carburant propre et… Article

Que peut l’opposant Navalny face à Poutine ?

Par Sarah Journée

Publié le 26 janvier 2021 Que peut l’opposant Navalny face à Poutine ? Selon l’ONG OVD Info, 3300 arrestations ont eu lieu en Russie samedi 23 janvier lors des manifestations en soutien à l’opposant Alexeï Navalny. ©AFP – KIRILL KUDRTAVTSEV   Samedi dernier plus de 20 000 russes manifestaient en soutien à Alexeï Navalny, principal opposant à Poutine, arrêté par le régime en place. France Culture vous propose dans son podcast “La question du jour” de revenir ensemble sur l’opposant Navalny et ses possibilités face à Vladimir Poutine.   L’invitée : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernements en Europe (SAGE).   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo De Navalny à Biden : Poutine au défi 15 janvier 2021/ Publié le 15 janvier 2021 De Navalny à Biden : Poutine au défi Le président russe Vladimir Poutine donne sa… Podcast Pandémie, Navalny, crise sociale : Poutine imperturbable 23 avril 2021/ Publié le 23 avril 2021 Pandémie, Navalny, crise sociale : Poutine imperturbable Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours… Podcast Disparition d’Alexeï Navalny : la mort d’un martyr 17 février 2024/ Publié le 17 février 2024 Disparition d’Alexeï Navalny : la mort d’un martyr Navalny, lors d’une manifestation de l’opposition à Moscou,… Podcast

De Navalny à Biden : Poutine au défi

Par Sarah Journée

Publié le 15 janvier 2021 De Navalny à Biden : Poutine au défi Le président russe Vladimir Poutine donne sa conférence de presse annuelle par vidéo à la résidence d’État Novo-Ogaryovo, près de Moscou, le 17 décembre 2020. ©AFP – MIKHAIL KLIMENTYEV / SPUTNIK   Seconde partie – 20mn20 L’année 2021 s’annonce difficile pour Vladimir Poutine, entre le retour au pays de son principal opposant, Alexeï Navalny, et l’arrivée au pouvoir aux Etats-Unis de Joe Biden. France Culture vous propose dans son podcast “Cultures Mondes” d’analyser la situation russe grâce aux regards d’invité·es expert·es de la Russie.   Les invité·es : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernements en Europe (SAGE). Tatiana Kastouéva-Jean est directrice du Centre Russie/Eurasie de l’Ifri. Florence Morice est journaliste au service Afrique à RFI. Marc Semo est journaliste spécialisé sur les questions diplomatiques, éditorialiste à Challenges.   Écoutez le podcast à partir de 20 minutes et 20 secondes : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Que peut l’opposant Navalny face à Poutine ? 26 janvier 2021/ Publié le 26 janvier 2021 Que peut l’opposant Navalny face à Poutine ? Selon l’ONG OVD Info, 3300 arrestations ont… Podcast Pandémie, Navalny, crise sociale : Poutine imperturbable 23 avril 2021/ Publié le 23 avril 2021 Pandémie, Navalny, crise sociale : Poutine imperturbable Le président russe Vladimir Poutine prononce son discours… Podcast Disparition d’Alexeï Navalny : la mort d’un martyr 17 février 2024/ Publié le 17 février 2024 Disparition d’Alexeï Navalny : la mort d’un martyr Navalny, lors d’une manifestation de l’opposition à Moscou,… Podcast

BNP Paribas, de l’escompte à la finance mondiale

Par Sarah Journée

Publié le 3 décembre 2020 BNP Paribas, de l’escompte à la finance mondiale Une succursale du Comptoir national d’escompte de Paris (CNEP) rue de Rivoli. Le CNEP sera fusionné avec la BNCI en 1966 pour former la BNP. ©AFP   Mars 1848, le gouvernement provisoire de la Deuxième République créait des comptoirs d’escomptes, pour répondre aux soucis économiques du pays. Deux de ces comptoirs ont un descendant commun : BNP Paribas. Retour sur cette histoire économique à la française, qui a propulsé des comptoirs d’escompte à la finance mondiale sur France Culture dans le podcast “Entendez-vous l’éco ?” .   Les invité·es : Nicolas Stoskopf est professeur émérite en histoire contemporaine à l’UHA et chercheur au Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques (CRESAT). Laure Quennouëlle-Corre est historienne et directrice de recherche au CNRS, rattachée au Centre de recherches historiques de l’EHESS.   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Nicolas Stoskopf Professeur émérite d’histoire contemporaine (FSESJ & CRESAT) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo De Deauville à la Grande-Motte : une histoire des Français à la plage 17 décembre 2018/ Publié le 17 décembre 2018 De Deauville à la Grande-Motte : une histoire des Français à la plage L’ensemble de… Podcast Le chômage : un équilibre involontaire 11 novembre 2020/ Publié le 11 novembre 2020 Le chômage : un équilibre involontaire John Maynard Keynes en mars 1940, au moment de… Podcast L’État à sa juste place 8 avril 2022/ Publié le 8 avril 2022 L’État à sa juste place Milton Friedman en 1986. ©Getty – George Rose   Les… Podcast

Le mouvement anti-Amazon de retour avec la crise de la Covid-19

Par Sarah Journée

Publié le 16 novembre 2020 Le mouvement anti-Amazon de retour avec la crise de la Covid-19 Hanene Oueslati, Université de Haute-Alsace (UHA) Depuis l’annonce du deuxième confinement et de la décision de fermeture des commerces jugés non essentiels, nous assistons à une vague de contestations plaçant le géant du e-commerce Amazon dans le viseur des responsables politiques, des enseignes de distribution et des consommateurs. Amazon, en particulier, devient le responsable des maux de cette société fragilisée par la crise sanitaire de la Covid-19. Cela prend plusieurs formes allant de l’appel à boycott d’Amazon par des politiciens, des associations consuméristes et des enseignes de la grande distribution, jusqu’à la création d’un plugin « Amazon Killer » recommandé aux consommateurs afin de chercher un livre sur Amazon et de l’acheter dans une librairie physique, ou de « Amazon Antidote » qui guide le consommateur vers d’autres sites proposant le même produit vendu par Amazon, à des prix plus bas. L’ampleur de la tendance de boycott d’Amazon en France est jugée sans précédent. Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la transition numérique, l’assimile à « une psychose française sur Amazon qui n’a pas beaucoup de sens ». Il précise que « Amazon, c’est 20 % du e-commerce en France », représentant le pourcentage le plus faible dans les pays de l’Union européenne. Pour cela, deux questions se posent : pourquoi s’attaque-t-on à Amazon en particulier, malgré le fait qu’il ne soit pas seul sur le marché du e-commerce français ? Et pourquoi ce mouvement anti-Amazon est-il propre à ce deuxième confinement ? Pour répondre à ces questions, une étude qualitative, qui paraîtra en 2021, a été menée auprès de commerçants appartenant aux deux catégories : « commerces essentiels » et « commerces non essentiels » et de consultants en matière de RSE (responsabilité sociale des entreprises). Une étude ethnographique complémentaire a permis d’analyser une centaine de réactions clients à différentes publications écrites ou vidéo en relation avec l’appel au boycott d’Amazon. Cela nous a permis d’identifier les facteurs explicatifs du mouvement de boycott d’Amazon lié au deuxième confinement, ainsi que les limites de ce mouvement.   L’injustice cultivée par Amazon… Selon la théorie de la justice sociale de Rawls (1971), l’homme juste est celui qui soutient les organisations justes. Or, Amazon incarne pour certaines personnes interviewées l’image du capitalisme sauvage caractérisé par un engraissement qui ne profite qu’à un très petit nombre de bénéficiaires. Ainsi, il a été pendant plusieurs années attaqué pour ses valeurs sociales et sociétales. Il a souvent fait l’objet de mouvements de contestation à l’égard de sa politique sociale caractérisée par des conditions de travail jugées inhumaines, par une politique salariale injuste, par la suppression de postes et la robotisation de ses entrepôts, etc. Covid-19 : l’inquiétude des salariés d’Amazon.   De plus, Amazon a été pointé du doigt, à plusieurs reprises, à cause d’une mauvaise protection de ses salariés lors de la première vague de la Covid-19, en refusant de fermer ses entrepôts malgré les nombreux cas atteints signalés. Ses salariés se sont retrouvés dépourvus de moyens de protection, seuls face à la pandémie, contribuant ainsi, injustement, à l’enrichissement du géant du e-commerce. En France, on reproche à Amazon, l’opacité des informations au niveau de son chiffre d’affaires de la publicité en ligne, des places de marché et du cloud. Ces chiffres estimés à plus de 50 % du chiffre d’affaires total réalisé en France, ne sont pas taxés. Ainsi, Amazon ne contribue pas à l’économie française grâce aux avantages fiscaux dont il jouit, contrairement à d’autres géants du Web français tel que C-discount, dont les richesses générées profitent à l’économie française, et de manière indirecte aux Français. Amazon est perçu comme un opportuniste qui a énormément profité de la guerre contre la Covid-19, à travers la montée fulgurante de son chiffre d’affaires et de ses cours d’action en bourse. Les quelques initiatives du géant du e-commerce de mettre en avant les produits fabriqués en France et de soutenir les entreprises françaises sur son site Web, sont assimilées à de « la poudre de perlimpinpin ». Amazon est considéré, par certains, comme l’un des « riches de la guerre » avec tout ce que cela porte comme symboles négatifs d’opportunisme, d’égoïsme, d’individualisme et d’injustice. Les attentes de solidarité avec les Français, d’assistance aux petits commerçants et d’aide aux salariés non remplies par Amazon lors de la première vague ont contribué à ternir son image et à faire de lui une cible privilégiée lors de cette deuxième vague de la Covid-19.   L’injustice cultivée par les politiciens et relayée par les médias… L’appel au boycott d’Amazon par madame Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, a fait l’effet de « la seringue hypodermique » sur certains consommateurs qui ont placé le géant du e-commerce dans l’agenda de leurs sujets de discussion. Ce discours a d’autant plus été considéré comme faisant appel au sentiment de culpabilité du consommateur et à son sens de la justice, tel qu’évoqué par le philosophe américain John Rawls (1971). Cela a été accentué par les communiqués des différentes fédérations du commerce, les publicités « solidaires » diffusées par certaines enseignes de distribution, ainsi que les discours politiques contradictoires au sujet d’Amazon. Or, au lieu d’aider à rétablir la justice sociale chez les Français, la médiatisation des différents discours politiques a davantage creusé le sentiment d’injustice sociale chez eux ; elle leur a donné l’impression qu’Amazon est plus fort que l’État français. Certains commerçants se lamentent en rappelant que : « lutter contre Amazon quand on fait partie du gouvernement doit se traduire par des lois et non pas par l’appel au boycott… ». Par ailleurs, lors du deuxième confinement, l’interdiction d’ouvrir les commerces jugés non essentiels, y compris les rayons concernés chez les supermarchés et les hypermarchés français, à l’exception des e-commerçants dont Amazon, a davantage éveillé le sentiment d’injustice sociale chez les consommateurs et les commerçants français. Cela a pris la forme de deux grandes polémiques. La première polémique concerne la catégorisation de ce qui est essentiel de ce qui ne l’est pas. La hiérarchie des biens retenue par le gouvernement ne reflète pas de manière juste et équitable celle des commerçants français qui trouvent que les…