Auteur/autrice : Sarah Journée

Les termes du débat : Référendum

Par Sarah Journée

Publié le 30 septembre 2022 Les termes du débat : Référendum Une femme participe à un référendum dans un bureau de vote mobile à Mariupol, territoire ukrainien occupé, le 25 septembre 2022. ©AFP   La Russie a organisé des référendums dans les territoires ukrainiens nouvellement sous leur contrôle. Mais qu’en est-il du côté de la loi, ces référendum sont-ils légaux et réellement démocratiques alors que le pays est occupé et en guerre ? France Culture vous propose dans son podcast “Le Temps du débat” de revenir ensemble sur ces référendums et leur portée politique avec deux chercheuses spécialistes des formes contemporaines de l’autoritarisme.   Les invitées : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs et Gouvernements en Europe (SAGE).  Laurence Morel est professeure de science politique à l’Université de Lille et chercheuse au CERAPS et associée au CEVIPOF (Sciences Po).   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo La guerre de l’histoire : Poutine et l’héritage stalinien 22 mars 2022/ Publié le 22 mars 2022 La guerre de l’histoire : Poutine et l’héritage stalinien. Les propos de Vladimir et sa… Podcast Russie : des institutions à la société civile, les oppositions au Kremlin 6 octobre 2022/ Publié le 6 octobre 2022 Russie : des institutions à la société civile, les oppositions au Kremlin Arrestation d’une manifestante le… Podcast Procès, condamnations, verrouillage de l’information : que reste-t-il de l’opposition en Russie ? 20 juillet 2024/ Publié le 20 juillet 2024 Procès, condamnations, verrouillage de l’information : que reste-t-il de l’opposition en Russie ? Le 17 janvier à… Podcast

Ukraine : le retour du péril nucléaire ?

Par Sarah Journée

Publié le 9 août 2022 Ukraine : le retour du péril nucléaire ? La centrale de Zaporijia est aux mains des Russes depuis le 4 mars 2022. ©Getty – Dmytro Smolyenko/Future Publishing   La question de la sûreté nucléaire revient sur le devant de la scène internationale avec l’attaque de la centrale ukrainienne de Zaporijia, actuellement sous contrôle russe. France Culture vous propose dans son podcast “L’Invité(e) des Matins d’été” de revenir ensemble sur les risques encourus lorsque le nucléaire est instrumentalisé dans une guerre telle que la guerre entre la Russie et l’Ukraine.   Les invitées : Teva Meyer est maître de conférence en géographie à l’UHA et spécialiste de géopolitique du nucléaire.  Jean-Paul Paloméros est général.   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Teva Meyer Maître de conférence en géopolitique et géographie (FSESJ & CRESAT) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Guerre en Ukraine : les sciences sociales mobilisées 26 mars 2022/ Publié le 26 mars 2022 Guerre en Ukraine : les sciences sociales mobilisées Un bâtiment de sciences sociales de l’université… Podcast Offensive ukrainienne : les Russes plongés dans la guerre 20 août 2024/ Publié le 20 août 2024 Offensive ukrainienne : les Russes plongés dans la guerre Des volontaires locaux passent devant un… Podcast Relance du nucléaire : la nouvelle ruée vers l’uranium naturel 20 février 2025/ Publié le 20 février 2025 Relance du nucléaire : la nouvelle ruée vers l’uranium naturel Teva Meyer, Université de Haute-Alsace (UHA) Selon… Article

La pilule, histoire d’une liberté

Par Sarah Journée

Publié le 16 avril 2022 La pilule, histoire d’une liberté Manifestation du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) à Paris le 6 décembre 1973. ©Getty – Photo by Laurence BRUN/Gamma-Rapho via Getty Images   A partir des années 60, une avancée majeure à l’émancipation des femmes a vu le jour, la pilule contraceptive. France Culture vous propose dans son podcast “Concordance des temps” de revenir ensemble sur l’histoire de cette avancée qui a bouleversé la société.   L’invitée : Myriam Chopin est enseignante à l’UHA et chercheuse au Centre de Recherche sur les Economies, les Sociétés, les Arts et les Techniques (CRESAT).   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Myriam Chopin Maîtresse de conférence et chercheuse en histoire (FSESJ & CRESAT) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Endométriose chez les adolescentes : une prise en charge précoce est nécessaire 14 février 2024/ Publié le 14 février 2024 Article aussi disponible en espagnol ici Endométriose chez les adolescentes : une prise en charge précoce… Article Endométriose : et si l’activité physique aidait à combattre les symptômes ? 12 mars 2024/ Publié le 12 mars 2024 Endométriose : et si l’activité physique aidait à combattre les symptômes ? Marie-Anne Jean, Université de Haute-Alsace (UHA);… Article La démocratie libérale suppose un monde partagé 11 juillet 2024/ Publié le 11 juillet 2024 La démocratie libérale suppose un monde partagé Renaud Meltz, Université de Haute-Alsace (UHA) La séquence politique… Article

Contre l’impuissance citoyenne, penser une démocratie de crise ?

Par Sarah Journée

Publié le 8 avril 2022 Contre l’impuissance citoyenne, penser une démocratie de crise ? Sébastien Claeys, Sorbonne Université; Nathanaël Wallenhorst, Université de Haute-Alsace (UHA) et Renaud Hétier, Université de Haute-Alsace (UHA) Cette campagne présidentielle s’est engagée dans les impasses propres aux démocraties contemporaines face aux crises multiples qui se succèdent : l’impossibilité de vrais débats contradictoires, la promotion de figures d’autorité et la valorisation de l’efficacité au détriment de la vitalité démocratique, à savoir une manière d’habiter, ensemble, le monde. Le seul échange entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen entre les deux tours n’est que l’arbre qui cache la forêt, et il serait vain de ne critiquer ici que les candidats. Les médias, qui ont choisi avant le premier tour de ne pas faire dialoguer les candidats entre eux, ou même les partis politiques, qui proposent des solutions parfois trop simplistes et, pourtant, peinent à dessiner des options idéologiques claires, sont aussi en cause. L’abstention massive aux deux tours, la volatilité de l’électorat – susceptible de changer de candidat le jour de l’élection – le sentiment de distance vis-à-vis de la politique ou d’inutilité du vote, doivent être interrogés. Selon les sociologues Olivier Galland et Marc Lazar dans leur enquête « Une jeunesse plurielle » auprès des 18-24 ans : « 64 % des jeunes considèrent que la société doit être améliorée progressivement par des réformes », mais 64 % montrent aussi « des signes de désaffiliation politique (en ne se situant pas sur l’échelle gauche-droite ou en ne se sentant de proximité avec aucun parti) ». Et ce chiffre, franchement inquiétant : « seulement 51 % des jeunes se sentent très attachés à la démocratie, contre 59 % des parents et 71 % des baby-boomers ». Même ambiguïté dans les résultats du sondage Harris interactive de décembre 2021 sur le rapport des Français à la démocratie : si 83 % des Français se déclarent attachés au régime démocratique, 57 % pensent qu’un régime autoritaire peut être plus efficace qu’une démocratie pour faire face aux crises multiples qui se succèdent. C’est donc la forme démocratique elle-même qui est ici questionnée.   L’importance du débat Alors que ce moment central de la vie politique française condense les nombreux défis auxquels nous avons à faire face – changement climatique, crise sanitaire, guerre en Ukraine, accroissement des inégalités, transition de notre modèle énergétique… –, elle montre donc aussi notre incapacité collective à organiser des débats autour de ces sujets, pourtant cruciaux pour les cinq prochaines années. Si débattre, sur des sujets aussi complexes revient à s’exposer, on peut comprendre que le jeu politique du moment soit d’éviter habilement les débats et de monologuer à partir de principes explicatifs simples, sans aucune contradiction. Ces moments de crise, qui devraient être des occasions de débats nécessaires, de confrontation d’idées et de partages d’expertises, aboutissent à une crise du débat démocratique en lui-même. Seulement, la méthode de l’évitement du débat aboutit, chez les citoyens, à un sentiment d’incompétence des hommes et des femmes politiques, mais aussi, c’est ce qui est le plus inquiétant, à la mise en évidence d’une forme d’impuissance collective à proposer des solutions et à agir dans ce sens. Une démocratie qui ne débat plus, ou qui débat mal, est une démocratie impuissante. Or, toujours d’après l’enquête Harris interactive, ce sont les Français qui se sentent les plus impuissants qui, à la fois déplorent de ne pas être en démocratie et ne sont pas attachés au régime démocratique.   Le paradoxe de l’autorité Cet apparent paradoxe peut être expliqué par un autre : le paradoxe de l’autorité en temps de crise. Alors que plus de 1186 élus ont été menacés et agressés en 2021, selon le Ministère de l’intérieur, remettant en cause leur autorité et leur légitimité, certains citoyens attendent aussi un « maître », quelqu’un dont le savoir ou le pouvoir seraient providentiels – un maître qui ne devrait jamais se tromper et dont le savoir devrait être infalsifiable. C’est ainsi que face aux hésitations du gouvernement durant la crise sanitaire, Didier Raoult s’est imposé, pour certains, comme un « sachant » qui pouvait nous indiquer la voie à suivre, sans même avoir à prouver scientifiquement sa démarche. De tels « maîtres » ne manquent pas de s’imposer ailleurs et certains émergent ici, nous l’avons vu, qui peuvent prétendre à s’affranchir du réel lui-même : la vérité des faits, la science, l’histoire, leurs propres limites. C’est ainsi que l’aspiration démocratique et la remise en cause des autorités élues peut aboutir en une aspiration autoritaire. C’est ainsi que, selon Dominique Bourg, les déstabilisations liées au changement climatique pourraient aboutir à une forme de climato-fascisme, dont il voit les prémisses dans la guerre en Ukraine. Les idéologies politiques du XXIe siècle pourraient ainsi se reconfigurer autour de nouveaux récits politiques démocratiques ou autoritaires. Le sociologue Ulrich Beck soulignait déjà ce paradoxe d’une impuissance autoritaire durant la crise économique en 2008 dans Le Monde : « À lui seul, un gouvernement ne peut combattre ni le terrorisme global, ni le dérèglement climatique, ni parer la menace d’une catastrophe financière. […] La globalisation des risques financiers pourrait aussi engendrer des “États faibles” – même dans les pays occidentaux. La structure étatique qui émergerait de ce contexte aurait pour caractéristiques l’impuissance et l’autoritarisme postdémocratique ». L’impuissance est une fois encore pointée comme la source d’un risque de glissement vers un régime autoritaire. Autrement dit : impuissance et autoritarisme sont les deux faces d’une même médaille, l’autoritarisme véhiculant le fantasme d’une « toute-puissance » retrouvée.   Vers une citoyenneté-puissance ? Aussi, il serait contre-productif de s’arc-bouter sur une forme de citoyenneté qui produit de l’impuissance : une idée de la participation citoyenne reposant uniquement sur l’exercice du « pouvoir » (élire, être élu, et participer aux institutions) et qui exclut toutes les autres actions transformatrices possibles. Il s’agit, au contraire, de concevoir une forme de puissance citoyenne, une manière de proposer, de développer ses capacités politiques et d’agir qui ne soit pas ignorée par les institutions. C’est donc une dialectique subtile qui doit s’engager entre une « citoyenneté-pouvoir » et une « citoyenneté-puissance ». La formule alchimique est la suivante : la perpétuation de notre régime démocratique dépend de cette aptitude à transformer l’impuissance des citoyens en pouvoir d’action. Et ce n’est…

L’État à sa juste place

Par Sarah Journée

Publié le 8 avril 2022 L’État à sa juste place Milton Friedman en 1986. ©Getty – George Rose   Les économistes Milton Friedman et Keynes sont souvent considérés comme ayant deux pensées opposées. France Culture vous propose dans son podcast “Entendez-vous l’éco ?” de revenir sur les pensées des deux économistes et d’identifier s’ils s’opposaient vraiment sur tous les points.   L’invitée : Sylvie Rivot est professeure des universités en sciences économiques à l’UHA et chercheuse au Bureau d’Economie Théorique et Appliquée (BETA).    Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Sylvie Rivot Professeure en sciences économiques (UHA Business School & BETA) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Le chômage : un équilibre involontaire 11 novembre 2020/ Publié le 11 novembre 2020 Le chômage : un équilibre involontaire John Maynard Keynes en mars 1940, au moment de… Podcast BNP Paribas, de l’escompte à la finance mondiale 3 décembre 2020/ Publié le 3 décembre 2020 BNP Paribas, de l’escompte à la finance mondiale Une succursale du Comptoir national d’escompte de… Podcast L’État doit-il mentir pour agir ? 25 mai 2023/ Publié le 25 mai 2023 L’État doit-il mentir pour agir ? Renaud Meltz, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Mentir pour… Article

Bonnes feuilles : « Des bombes en Polynésie »

Par Sarah Journée

Publié le 6 avril 2022 Bonnes feuilles : « Des bombes en Polynésie » Renaud Meltz, Université de Haute-Alsace (UHA) De 1966 à 1996, à partir de la présidence du général de Gaulle et jusqu’à celle de Jacques Chirac, 193 essais nucléaires sont conduits en Polynésie française dans les atolls de Fangataufa et Moruroa. Des bombes bien plus puissantes que celle d’Hiroshima y seront tirées, bouleversant les vies des Polynésiens et des écosystèmes. Sous la direction de Renaud Meltz et d’Alexis Vrignon, l’ouvrage « Des bombes en Polynésie » réunit les contributions d’une quinzaine de chercheurs de différentes disciplines (historiens, géographes, anthropologues) pour revenir sur un épisode dramatique et longtemps gardé secret de notre histoire récente. L’ouvrage paraît ce jeudi 7 avril 2022 aux Éditions Vendémaire, nous en publions de bonnes feuilles extraites du premier chapitre.   Pourquoi la Polynésie ? Qui a choisi la Polynésie pour tester les engins nucléaires français et selon quels critères ? Le processus n’obéit pas à la logique linéaire qu’il est tentant de rationaliser a posteriori. D’autres possibilités ont été envisagées. Les décideurs invoquent plusieurs éléments déterminants, parfois contradictoires. La qualité des mesures, la sûreté sanitaire et la logique financière ne cohabitent pas harmonieusement : l’isolement et la décontamination ont un coût logistique, financier et temporel. La pondération de ces exigences reste une opération subjective, réalisée par quelques acteurs aux mobiles divers. La capacité à concevoir et à réaliser le meilleur site d’essais possible est contrainte par la limite des connaissances : les savoirs sur les conséquences sanitaires des essais évoluent rapidement ; leur diffusion oblige à des précautions qui retardent la mise au point de la bombe. Les intérêts ne sont pas toujours convergents entre les civils du CEA, qui conçoivent les engins, et les militaires, qui ont la main sur le choix et l’aménagement du site. Leur rationalité n’est pas absolue, enfin : mus par une volonté unanime mais diverse de servir les intérêts de l’État, ils sont traversés d’émotions et de représentations. Le charme de la vahiné parasite la rationalité de la décision, face à l’austérité des Kerguelen…   Qui sont ces décideurs, quels sont leurs critères ? L’armée publicise ces derniers deux ans après le choix de la Polynésie dans la Revue de défense nationale de l’été 1964. Ils combinent exigences de sûreté (maîtrise des aléas naturels et du risque technologique), de sécurité (capacité à prévenir des actions malveillantes) et de faisabilité logistique. Six mois avant la reconnaissance du général Thiry dans le Pacifique, le chef d’État-major général de la Défense nationale avait défini peu ou prou les mêmes attentes : sûreté, sécurité (« possibilité de définir des zones interdites ou réglementées à l’écart des grands courants de circulation ») et ressources logistiques : « proche support d’un port équipé et d’un pays disposant de ressources pour la base-vie ». Après sa reconnaissance, le général Thiry justifie sa préférence pour Moruroa suivant ces trois critères. Sûreté : « démographie du site et de ses environs », « météorologie ». Sécurité : « indépendance et sûreté des communications avec la métropole », « pas de voisinage étranger à moins de 330 milles ». Faisabilité logistique : « possibilité de construire une piste d’envol de 1800 mètres », « possibilité d’installer une base-vie ou de trouver des mouillages (lagon) ». Mais ces critères se divisent en exigences contradictoires selon les besoins politiques du moment : la nature de l’explosif (bombe A puis H), la puissance du tir (jusqu’à la mégatonne), l’acceptabilité des retombées, dans un contexte international mouvant. En 1957, la France cherche un site pour tirer des bombes A de faible puissance (moins de 100 kilotonnes), en aérien. Ce sera Reggane, en Algérie. Dès 1959, les militaires cherchent un nouveau polygone de tir pour des explosions souterraines, les autres puissances nucléaires ayant décidé en novembre 1958 un moratoire sur les tirs atmosphériques (en 1963 les signataires des accords de Moscou s’interdisent les essais aériens). Ce sera In Ecker, toujours en Algérie, pour des tirs en galeries horizontales, creusées dans le massif du Hoggar. Un an plus tard, en 1960, la volonté du général de Gaulle de réaliser au plus vite des essais de bombe à fusion oblige à chercher un troisième emplacement. Les incidents à répétition des essais en galerie, pour des explosions inférieures à 150 kilotonnes, conduisent les militaires à chercher un site aérien, aussi isolé que possible, pour des tirs mégatonniques. Cette instabilité des besoins explique que les militaires aient ciblé différentes régions : Landes, Massif central, Corse, massifs alpins, territoires ultramarins. Le nomadisme nucléaire participe de la difficulté à reconstituer les processus de décision ; il n’atteste pas une légèreté brouillonne. Au Conseil de défense qui décide des premières dépenses pour équiper Moruroa, de Gaulle pose solennellement la question : « En votre âme et conscience, est-ce que ce site vous paraît devoir être satisfaisant et sur quels éléments d’appréciation vous basez-vous ? » Puis : « Est-ce que l’atoll lui-même, la mer qui est autour, les distances des autres îles, répondent bien à tout ce qui est estimé nécessaire et aux besoins imprévus ? ».   À qui s’adresse de Gaulle ? Les décideurs sont peu nombreux, les acteurs innombrables. Trois membres du gouvernement et le président de la République ont choisi la Polynésie, à croire Messmer. Dans ses Mémoires, l’ancien ministre de la Défense s’attribue la décision, avec le ministre de tutelle du CEA et le Premier ministre : « Après une visite sur place avec Gaston Palewski, je fais approuver par le général de Gaulle et Georges Pompidou le choix de deux atolls, Mururoa [sic] et Fangataufa, dans l’archipel des Tuamotu. » Ces quatre hommes ne sont pas seuls. Le Parlement est saisi indirectement en votant le financement de la force de frappe ; l’opinion publique pèse et s’inquiète de la localisation des polygones de tir et des effets sanitaires des essais. Les Corses font obstacle au projet d’installations sur leur île, dont ils ont appris l’existence ; les élus calédoniens font tout pour éloigner le calice ; les élites polynésiennes, moins intégrées aux cercles du pouvoir parisien, n’anticipent pas la menace. Entre l’opinion et le décideur il faut aussi compter quelques grands commis de l’État : le directeur des Applications militaires du CEA, les diplomates qui s’inquiètent d’essais riverains de Madagascar…

Guerre en Ukraine : les sciences sociales mobilisées

Par Sarah Journée

Publié le 26 mars 2022 Guerre en Ukraine : les sciences sociales mobilisées Un bâtiment de sciences sociales de l’université de Kharkiv bombardé le 2 mars 2022 ©AFP – Sergey Bobok   Un mois après l’offensive de la Russie sur l’Ukraine trois chercheuses en sciences sociales s’interrogent sur le rôle qu’elles peuvent mener dans le cadre de cette guerre. France Culture vous propose dans son podcast “La suite dans les idées” une discussion entre trois chercheuses qui tentent de mettre à profit leurs recherches antérieure pour éclairer l’actualité de cette guerre.   Les invitées : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs et Gouvernements en Europe (SAGE).  Anna Colin Lebedev est maîtresse de conférence en science politique à l’Université Paris-Nanterre. Ioulia Shukan est maîtresse de conférence en science politique à l’Université Paris-Nanterre.   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Russie, ça tousse au Kremlin 19 mai 2020/ Publié le 19 mai 2020 Russie, ça tousse au Kremlin Une patrouille de trois policiers sur la Place Rouge désertée… Podcast Industrie nucléaire : le grand jeu géopolitique 1 mars 2022/ Publié le 1 mars 2022 Industrie nucléaire : le grand jeu géopolitique Teva Meyer, Université de Haute-Alsace (UHA) L’invasion de l’Ukraine par la Russie… Article Offensive ukrainienne : les Russes plongés dans la guerre 20 août 2024/ Publié le 20 août 2024 Offensive ukrainienne : les Russes plongés dans la guerre Des volontaires locaux passent devant un… Podcast

La guerre de l’histoire : Poutine et l’héritage stalinien

Par Sarah Journée

Publié le 22 mars 2022 La guerre de l’histoire : Poutine et l’héritage stalinien. Les propos de Vladimir et sa nostalgie de la « Grande Russie » (discours du 16 mars) questionnent ses similitudes avec l’ex-dirigeant de l’URSS Joseph Staline ©Getty – Mikhail Svetlov   Le discours et les actes de Vladimir Poutine sont fortement teintés d’un héritage stalinien. France Culture vous propose dans son podcast “L’invité(e) des Matins” d’analyser ensemble l’importance de l’héritage laissé par Staline dans la politique du leader russe.   Les invitées : Clémentine Fauconnier est maîtresse de conférence en science politique à l’UHA et chercheuse au laboratoire Sociétés, Acteurs et Gouvernements en Europe (SAGE).  Ben Judah est analyste spécialiste de l’Europe à l’Atlantic Council, un centre de réflexion américain.   Écoutez le podcast : Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : France Culture Clémentine Fauconnier Maîtresse de conférence en sciences politiques (FSESJ & SAGE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Les termes du débat : Référendum 30 septembre 2022/ Publié le 30 septembre 2022 Les termes du débat : Référendum Une femme participe à un référendum dans un bureau… Podcast Russie : des institutions à la société civile, les oppositions au Kremlin 6 octobre 2022/ Publié le 6 octobre 2022 Russie : des institutions à la société civile, les oppositions au Kremlin Arrestation d’une manifestante le… Podcast Boris Nadejdine, candidat révélateur d’une dissidence anti-guerre en Russie ? 29 janvier 2024/ Publié le 29 janvier 2024 Boris Nadejdine, candidat révélateur d’une dissidence anti-guerre en Russie ? Des personnes manifestants contre la condamnation… Podcast

Industrie nucléaire : le grand jeu géopolitique

Par Sarah Journée

Publié le 1 mars 2022 Industrie nucléaire : le grand jeu géopolitique Teva Meyer, Université de Haute-Alsace (UHA) L’invasion de l’Ukraine par la Russie et la prise rapide de Tchernobyl ont mis un coup de projecteur sur le secteur nucléaire ukrainien. Stratégiques pour Kiev, les 15 réacteurs en fonction fournissent encore la moitié de la production électrique ukrainienne. Tandis que le pays exploite ses ressources en uranium, il n’a pas les capacités industrielles pour les transformer en combustibles nécessaires pour alimenter ses centrales de technologie soviétique. Suite à la révolution de 2014, le gouvernement ukrainien a cherché à rompre sa dépendance à l’importation de combustible de Russie. Cette stratégie est partiellement couronnée de succès : en 2021, 6 des 15 réacteurs étaient fournis par des combustibles produits par l’Américain Westinghouse dans son usine suédoise de Västerås. Avant l’Ukraine, suite aux manifestations de janvier 2022 au Kazakhstan, la presse s’était fait l’écho de craintes concernant la sécurité d’approvisionnement en combustible de l’industrie nucléaire ; le Kazakhstan concentre 41 % de la production mondiale d’uranium. À l’inverse du pétrole ou du gaz, et en dehors des questions de prolifération, le nucléaire est fréquemment présenté comme épargné par les risques géopolitiques. La faible part de l’uranium dans le coût de l’électricité, de l’ordre de 5 % à 7 %, limiterait sa sensibilité aux aléas politiques. La répartition des réserves, identifiées dans 52 pays, préserverait de tout risque de dépendance. De plus, la densité énergétique de l’uranium permettrait de constituer des stocks de combustibles. Vidéo expliquant le cycle du combustible nucléaire. (IAEA/Youtube, 2022).   Le rôle clé de la Russie et de la Chine Les reconfigurations de la filière révèlent les limites de cette analyse, comme le souligne le rapport « Les stratégies nucléaires civiles de la Chine, des États-Unis et de la Russie » de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques paru en septembre 2020. La croissance des publications par les think tanks français (IRIS, IFRI, FRS) et anglophones (CSIS, IISS, Carnegie) témoigne également de cette prise de conscience. Et tous s’attardent sur le rôle structurant de la Chine et de la Russie. L’industrie nucléaire russe a été réorganisée en 2007 par Vladimir Poutine dans une unique société, Rosatom. L’objectif était double : atteindre 45 % d’électricité nucléaire dans le mix national en 2050, mais surtout, créer un géant tourné vers l’export. Côté chinois, la filière s’est structurée autour de trois groupes – la China National Nuclear Corporation, la China General Nuclear Power Corporation et la State Power Investment Corporation. Cette organisation a nourri des rivalités à l’international, en dépit des tentatives d’apaisement du gouvernement : fondation d’une coentreprise pour déployer un réacteur commun, division du monde en zone d’intervention. Russes et Chinois ont rempli le vide laissé par le retrait des anciennes puissances industrielles, États-Unis en tête. Dans ce pays, l’effondrement du marché intérieur et le renforcement des réglementations sur la non-prolifération ont marqué le tissu industriel. Deux entreprises, Westinghouse et General Electrics-Hitachi, disposent de réacteurs à la vente.   Le Kazakhstan, cœur de l’industrie uranifère Les réserves mondiales d’uranium restent importantes, estimées à 8 millions de tonnes, soit 135 années de la consommation annuelle (sur la base de 2020). Toutefois, le recul des prix depuis 2011, tombant sous les 90 $/kg avant la crise du Covid, a recentré l’attention sur quelques pays disposant de ces ressources à faible coût. Cette dynamique a fait du Kazakhstan, qui détient 31 % des réserves mondiales exploitables à moins de 80 $, le cœur de l’industrie uranifère. Le secteur états-unien est la première victime de ces prix. Depuis 2014, la production d’uranium y a été divisée par 24, rendant le pays dépendant à 94 % des importations. Poussée par le lobbying des États uranifères républicains (Wyoming, Texas et Nebraska), l’administration Trump a publié en avril 2020 un plan pour contrer l’influence chinoise et russe en quatre points : création de réserves à partir des mines américaines, prolongement des quotas sur l’achat d’uranium russe à 20 % des importations, interdiction d’importation d’uranium transformé de Chine et de Russie, suppression des réglementations limitant l’ouverture de mines. La victoire des Démocrates en 2021 et les divergences sur le nucléaire au sein du parti ont stoppé son application.   L’Afrique au centre des convoitises Les réserves russes sont importantes (8 % des gisements mondiaux), mais seuls 6 % sont exploitables à moins de 80 dollars. De fait, la production (2846 t en 2021) ne permet ni de couvrir les besoins intérieurs (5000 t), ni de répondre aux ambitions d’exportations (20 000 t). La stratégie d’expansion russe repose donc sur le développement d’exploitations à l’étranger, via Uranium One, filiale de Rosatom. Si le Kazakhstan reste l’unique source, Uranium One a fait de l’Afrique, et particulièrement de la Tanzanie, une zone de développement prioritaire. Cette orientation pourrait créer des tensions avec la Chine, dont la consommation d’uranium représente 15 % du total mondial. L’approvisionnement chinois suit la stratégie des « trois tiers » visant à augmenter la production nationale, acquérir des ressources à l’étranger et acheter sur le marché. Mais la faiblesse de ses ressources ne lui permet que de couvrir 20 % des besoins. La filière conduit une stratégie de rachat de mines à l’étranger prioritairement en Afrique. Si la Chine s’est d’abord dirigée vers le Niger, les efforts se sont depuis portés sur la Namibie où l’industrie uranifère est entièrement contrôlée par les industriels chinois depuis 2019.   Comment Rosatom est devenu incontournable Pour rappel, les centrales ne s’alimentent pas d’uranium, mais de combustibles dont la production change selon la technologie des réacteurs. Ceux à eau légère, qui constituent 85 % du parc mondial, nécessitent trois étapes de fabrication : la conversion de l’uranium, l’enrichissement et la fabrication des assemblages. Cinq pays (France, Chine, Canada, Russie et États-Unis) contrôlent la conversion. Le risque de dépendance y est limité par les surcapacités structurelles, seuls 55 % des moyens étant mobilisés. Il en va de même pour l’enrichissement, réalisé dans 13 pays, et dont le taux d’utilisation n’était que de 86 % en 2020. Rosatom est devenu le principal acteur de la production de combustible, dominant la conversion (35 % des parts du marché) ainsi que l’enrichissement (36 %).…

Bonnes feuilles : « La grande résurrection du business de la mort »

Par Sarah Journée

Publié le 2 février 2022 Bonnes feuilles : « La grande résurrection du business de la mort » Faouzi Bensebaa, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières et Fabien Eymas, Université de Haute-Alsace (UHA) Comment un marché ankylosé en 1992 est-il devenu particulièrement dynamique en 2022 ? La mort serait-elle devenue tendance ? Ou est-ce dû à l’ingéniosité de nombreux acteurs qui, surfant sur les évolutions culturelles, législatives et technologiques, sont parvenus à presque faire « aimer » le trépas ? Ces acteurs, ce sont non seulement les pompes funèbres bien sûr, interlocuteurs inévitables des familles et de l’entourage du défunt, mais également les innombrables start-up qui cherchent à disrupter un à un les différents marchés mortuaires, comme Grantwill qui veut être le « premier réseau social post mortem », ou encore Testamento qui attaque les notaires avec son offre de testaments olographes sécurisés. Ce sont ces acteurs, leurs offres et leur manière d’opérer que Faouzi Bensebaa et Fabien Eymas analysent dans leur livre Le business de la mort (Éditions L’Harmattan), dont nous vous proposons ici les bonnes feuilles…   Des marchés (dé)réglementés La dynamisation du marché de la mort débute notamment avec la promulgation de la loi Sueur qui a sonné le glas du monopole communal sur les pompes funèbres. Cela a entraîné le développement d’un petit nombre d’acteurs privés qui, profitant de la structure oligopolistique du marché, ont pu faire croître les prix et augmenter ainsi leur chiffre d’affaires. Néanmoins, le marché des pompes funèbres et, de manière plus générale, les marchés liés à la mort apparaissent encore réglementés. Lorsqu’une personne décède, il est nécessaire de respecter la temporalité précisée par les textes de loi. Par exemple, le constat du décès doit être réalisé par un médecin sous 24h et la crémation ou l’inhumation doit intervenir dans une fourchette située entre 48h après le décès au plus tôt et 6 jours au plus tard. La réglementation joue également un rôle dans le développement de marchés liés à la mort. En la matière, la France apparaît frileuse et sa réglementation empêche – à tort ou à raison – le développement de marchés comme celui de la cryogénisation, de la dispersion des cendres ou du suicide assisté. En imposant la dispersion de l’ensemble des cendres du défunt au même endroit, la législation française réduit la possibilité, pour les familles, de recourir à certaines prestations créatives qui se développent à l’étranger. Pourtant, le développement de la crémation – 1 % des décès en 1980 contre près de 40 % aujourd’hui – accroît la demande potentielle de différenciation dans la dispersion des cendres. S’il est envisageable, en France, de faire disperser ses cendres en pleine nature (forêt, mer, etc.), leur transformation en diamant, leur envoi dans l’espace lointain ou le dépôt d’une partie d’entre elles dans un godemichet comme le propose un designer néerlandais n’apparaissent pas possibles. Faut-il le regretter ? Concernant le sujet plus sensible du suicide assisté, une législation à contre-courant permet à un pays, en l’occurrence la Suisse, de bénéficier d’un avantage concurrentiel vis-à-vis du reste du monde. Concrètement, ce marché ne pouvant exister qu’en Suisse, ce pays attire de nombreux ressortissants européens non suisses désirant mettre fin à leur jour, faisant de la Confédération helvétique la destination phare du « tourisme de la mort ». Même en matière d’obsèques animales, tout n’est pas possible. Si les bêtes de 40 kg au plus peuvent être inhumées sur la propriété familiale, c’est dans une fosse d’une profondeur d’au moins 1 mètre et à une distance de 35 mètres au minimum des habitations et des points d’eau. Mais les inhumations dans des cimetières pour animaux – celui d’Asnières-sur-Seine (92) date de 1899 ! – et, surtout, les crémations ont le vent en poupe. Aux États-Unis, ce sont plus de 500 000 animaux par an qui ont droit à des funérailles !   Une ubérisation en cours ? À défaut de pouvoir se lancer sur des marchés juridiquement inaccessibles, les start-up françaises attaquent les entreprises traditionnelles des pompes funèbres et… les notaires ! Les premières, accusées de pratiquer des prix opaques – et donc forcément abusifs – doivent faire face à l’émergence de pompes funèbres en ligne qui proposent des prestations comparables tout en promettant des prix cassés. Paradoxalement, l’arrivée de ces entreprises numériques dans les années 2010 n’a pas empêché – tant s’en faut – l’inflation des prix pratiqués par les pompes funèbres traditionnelles. Certainement profitent-elles ou ont-elles profité de la faible attirance de leurs clients – des personnes âgées en moyenne de 60 à 70 ans – pour le commerce en ligne. Certainement un simple répit qui appelle une évolution en profondeur d’acteurs qui bénéficient de la situation d’urgence à laquelle sont confrontées les familles. Un autre exemple de tentative d’ubérisation d’acteurs historiques est celui de la start-up Testamento s’attaquant au monopole de fait des notaires sur le marché des testaments. Mais, à y regarder de plus près, il nous semble qu’il ne s’agit pas d’une attaque frontale, mais bien plutôt d’une proposition complémentaire qui ne devrait pas – pour l’instant en tout cas – mettre les notaires en difficulté. En effet, il existe trois types de testaments : olographe, authentique et mystique. Le premier est rédigé et conservé par le testateur lui-même, alors que les deux autres nécessitent l’intervention d’un notaire : pour la rédaction et la conservation dans le cas du testament authentique et simplement pour la conservation dans le cas du testament mystique. Bien entendu, il est beaucoup plus difficile de contester un testament authentique qu’un testament olographe. C’est là qu’intervient Testamento qui, en fournissant des modèles, propose de sécuriser la rédaction d’un testament olographe. Il apparaît ainsi que, pour l’heure, Testamento cherche davantage à exploiter une pratique hors marché – la rédaction d’un testament olographe – qu’à concurrencer les notaires sur leur marché ô combien captif des testaments authentiques. Mais les marchés relatifs à la mort ne sont pas simplement affectés par une digitalisation que l’on retrouve dans la plupart des secteurs, les technologies les plus modernes sont aussi mobilisées afin de découvrir la clé de l’éternité et de ressusciter les morts.   La technologie pour ne pas mourir… La quête de l’éternité…