Mois : février 2025

La franchise résiste-t-elle mieux aux crises ?

Par Sarah Journée

Publié le 24 février 2025 La franchise résiste-t-elle mieux aux crises ? Saloua Bennaghmouch-Maire, Université de Haute-Alsace (UHA) La franchise surmonte mieux les crises que d’autres modèles d’entreprise. Les chiffres l’attestent : le chiffre d’affaires des franchises progresse de 15,5 %, contre 7,7 % pour les autres. Cependant, ils ne prennent pas en compte le taux de survie à dix ans, le renouvellement des structures ni la dépendance du modèle à certains secteurs d’activité. « Dans un contexte de crise sanitaire ayant marqué l’année 2020, le modèle de la franchise apparaît comme un refuge pour les franchisés. 67 % estiment en effet avoir mieux résisté à la crise en tant que franchisés plutôt qu’un commerçant indépendant. » C’est que souligne l’enquête sur la résilience du modèle des franchises, quelles que soient les crises successives, financières – 2008 – ou sanitaires – Covid-19. Les franchises sont un système complexe caractérisé par une relation dyadique franchiseur-franchisé. En corollaire : le droit d’utiliser son enseigne, sa marque, son savoir-faire ou le droit de commercialiser des produits ou services. L’Insee abonde dans le sens de la Fédération française de la franchise (FFF). Les chances de survie d’une entreprise sont de 5 ans supérieures lorsqu’elles sont créées sous l’égide d’un réseau (74 %), contre 58 % hors réseau. La franchise est présentée comme une voie privilégiée d’entrepreneuriat. Cependant, les théories fondatrices et les résultats de travaux empiriques centrés sur la performance des systèmes de franchise nuancent cette résilience structurelle, notion exacerbée par les crises. Alors, la franchise serait-elle régie par une homéostasie (capacité d’un système à maintenir l’équilibre de son milieu intérieur) favorable à la résilience organisationnelle ?   Croissance en hausse, survie en berne Les données ci-dessous soulignent une progression du nombre de franchiseurs et points de vente, ainsi que du chiffre d’affaires réalisé par le commerce et les services sous ce format. Les crises successives de 2008, financière, et de 2020-2021, sanitaire, ne semblent pas infléchir significativement la pente de cette progression. Elles sont de nature à accréditer l’existence d’une résilience globale de la franchise, si l’on se limite à ces données. On pourra toutefois nuancer cette appréciation par une prise en compte plus sectorielle de ces tendances. Ces chiffres ne renseignent pas l’évolution de la part de marché de la franchise dans l’ensemble du commerce de détail et des services. Ces indicateurs de performance traduisent un solde d’opérateurs, franchiseurs et franchisés, sans rendre compte du taux de renouvellement des enseignes ou de leur taux de survie. On ne peut exclure que cette dynamique globale favorable soit obtenue au prix d’un certain taux de renouvellement des enseignes en franchise. Ce résultat est à rapprocher d’une donnée : seul un réseau sur trois survivrait au-delà d’une dizaine d’années. Comme le souligne Rozenn Perrigot, la mixité, la taille, l’origine nationale et l’internationalisation du réseau sont des facteurs influençant positivement sa survie.   Investissements ne signifient rentabilité L’option franchise est historiquement étudiée dans sa dimension financière. Le recours à la franchise par les têtes de réseaux relève principalement de la théorie de « la rareté des ressources ». Il est lié au besoin du franchiseur de trouver certaines ressources rares, telles que les ressources financières ou la connaissance des marchés visés, mais aussi les compétences et la disponibilité des opérateurs locaux. De facto, un « levier financier ». Certains travaux empiriques, notamment ceux initiés par la Fédération française de la franchise (FFF), relativisent considérablement ce point. Le modèle des franchises n’assure pas automatiquement la croissance de l’entité franchisante et une rentabilité financière durable. Un autre enseignement : l’échec de la franchise en Grande-Bretagne repose notamment sur le risque d’inadéquation structurelle entre les investissements immédiats pour assurer la fonction franchise et les profits escomptables du réseau.   Des secteurs d’activité précis (comme la restauration rapide) Plus récemment des travaux concluent de façon très nuancée sur la rentabilité économique et financière des franchises. Il apparaît en effet que les réseaux franchisés dégagent en moyenne une rentabilité économique supérieure à celle des succursalistes dès lors qu’ils sont composés de plus de 75 % d’unités en franchise. Ceci sous deux conditions : que la franchise s’exerce dans un environnement dynamique caractérisé par des ruptures et dans un secteur qui l’a massivement adoptée. Un secteur d’activité emblématique : la restauration rapide. Une rupture : la livraison à domicile pendant la pandémie de Covid-19. En revanche, la supériorité d’une rentabilité financière de la franchise par rapport au succursalisme n’est pas établie. Elle invalide le mythe du levier financier en mettant en question l’existence d’une capacité de résilience propre à la franchise. Ce constat empirique invalide ainsi le mythe du levier financier et remet en question l’existence d’une capacité de résilience propre à la franchise.   Saloua Bennaghmouch-Maire, Directrice de l’UHA Business School, Université de Haute-Alsace (UHA)   Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Saloua Bennaghmouch-Maire Directrice de l’UHA Business School & Maîtresse de conférences en Sciences économiques (UHA Business School & LISEC) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Le chômage : un équilibre involontaire 11 novembre 2020/ Publié le 11 novembre 2020 Le chômage : un équilibre involontaire John Maynard Keynes en mars 1940, au moment de… Podcast BNP Paribas, de l’escompte à la finance mondiale 3 décembre 2020/ Publié le 3 décembre 2020 BNP Paribas, de l’escompte à la finance mondiale Une succursale du Comptoir national d’escompte de… Podcast Crises de l’eau : comment gérer les conflits d’usage ? 17 août 2024/ Publié le 17 août 2024 Crises de l’eau : comment gérer les conflits d’usage ? Bruno Camous, Université de Haute-Alsace (UHA) et Marc… Article

Relance du nucléaire : la nouvelle ruée vers l’uranium naturel

Par Sarah Journée

Publié le 20 février 2025 Relance du nucléaire : la nouvelle ruée vers l’uranium naturel Teva Meyer, Université de Haute-Alsace (UHA) Selon la World Nuclear Association, la demande mondiale d’uranium va quasiment tripler d’ici à 2040. Mais les principaux pays qui abritent cette ressource, en Asie centrale ou en Afrique, avaient levé le pied à la suite de la baisse du cours de l’uranium provoquée par l’accident de Fukushima (2011). Aujourd’hui, tous ne sont pas en mesure de répondre aux nouveaux besoins de productions. D’autres pays pourraient toutefois émerger et l’investissement dans des procédés moins gourmands en uranium sera également nécessaire. Cet article résume les résultats du récent rapport de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) sur la géopolitique de l’uranium Dans le flot des décrets signés par Donald Trump dès son retour à la Maison Blanche, « l’état d’urgence énergétique nationale » vise à intensifier l’extraction d’uranium naturel. Alors que le plan de développement du nucléaire publié par l’administration Biden nécessite 75 000 tonnes d’uranium par an en 2050, les États-Unis n’en produisaient que 193t en 2023. Washington est loin d’être seul à anticiper cette augmentation. La World Nuclear Association envisage une croissance de la demande mondiale à 180 000 tonnes par an en 2040 contre 65 650 aujourd’hui. La production est déjà insuffisante. En 2023, 75 % des besoins étaient assurés par l’extraction de minerais, le reste provenant de stocks et du retraitement des combustibles nucléaires. La totalité de cette production sert à l’industrie nucléaire civile, la consommation militaire restant marginale. La ressource ne manque pourtant pas : les réserves techniquement exploitables suffisent à couvrir les besoins mondiaux jusqu’à la fin du siècle. Tandis que la faiblesse des cours de l’uranium après l’accident de Fukushima avait mené à la fermeture de mines, leur flambée de 24$ à 74$ la livre entre 2020 et 2024 alimente aujourd’hui une ruée vers le minerai. Mais qui pourra y répondre ?   L’Asie centrale : cœur du monde de l’uranium, mais jusqu’à quand ? Avec 37 % de la production mondiale en 2023, le Kazakhstan est la première source d’uranium, devant le Canada (22,6 %) et la Namibie (14 %). Mais à l’été 2024, le groupe minier public Kazatomprom avertissait de son incapacité à augmenter ses extractions, faute d’approvisionnement en acide sulfurique. L’acide est un intrant indispensable à l’extraction de l’uranium par lixiviation in situ (ISL), une méthode qui consiste à injecter une solution dans le sol, pour dissoudre et récupérer par pompage le minerai. Le groupe a lancé la construction d’une usine d’acide, mais elle ne sera opérationnelle qu’en 2026. Simultanément, le pays consolide son tournant vers la Chine. Fin 2024, les entreprises chinoises du nucléaire CGN et CNNC rachetaient au Russe Rosatom ses parts dans deux mines kazakhes, tout en signant un contrat d’achat d’uranium pour plus de 2,5 milliards de dollars. Le voisin ouzbek espère suivre ce modèle. En juillet 2022, le président Mirziyoyev signait un décret visant à tripler la production d’ici à 2030 et atteindre 12 000t/an. Le gouvernement a restructuré la filière au sein d’une entreprise publique (Navoiyuran), favorisé la valorisation de co-produits pour baisser les coûts et engagé le rapprochement avec des groupes étrangers, dont le Français Orano. Avec 80 % de sa production d’ici à 2030 déjà vendue, cette stratégie apparaît efficace. Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan font néanmoins face à un problème commun de transport : historiquement, le principal corridor d’acheminement d’Asie centrale vers l’ouest se faisait par train, via la Russie, jusqu’au port de Saint-Pétersbourg. Bien qu’aucune sanction ne bloque cette voie, Kazatomprom développe la route transcaspienne ouverte en 2018. L’entreprise est poussée à le faire par le groupe canadien Cameco, qui co-exploite des mines avec lui, et anticipe une éventuelle décision du Kremlin de bloquer le passage par son territoire. L’uranium quitte ainsi le Kazakhstan par le port d’Aktaou, traverse la Caspienne pour être chargé sur des trains à Bakou (Azerbaïdjan) avant de rejoindre le port de Poti (Géorgie) en mer Noire. Mais les ruptures de charge sur cette route, par laquelle passent 65 % des exportations d’uranium kazakh allant vers l’ouest, entraînent des surcoûts importants. Et le passage envisagé par le port de Shanghai tarde, la Chine rechignant à ouvrir une route d’exportation pour un minerai qui ne lui profiterait alors plus.   L’Afrique en peine pour s’imposer sur le marché Le salut ne viendra pas de Namibie. Si les extractions y ont augmenté de 40 % en 2022, la croissance se heurte à la disponibilité en eau. La Namibie traverse une grave sécheresse et la mine d’Husab, plus importante du pays, est le deuxième consommateur après la capitale Windhoek. L’industrie uranifère tient par la production d’une usine de dessalement. Une seconde est en construction par la Chine. Pékin contrôle en effet déjà l’uranium namibien : le pays possède les deux mines en fonction dans le pays (Husab et Rössing) et détient 25 % d’une troisième, Langer Heinrich, en cours de réouverture. Quant aux tentatives russes d’y ouvrir une mine, elles ont été repoussées par le gouvernement namibien, invoquant la protection des aquifères. Reste l’inconnu du Niger. Le pays, qui ne produisait déjà plus que 4 % de l’uranium mondial, n’en a plus exporté depuis début 2024, la fermeture de la frontière avec le Bénin après le coup d’État de juillet 2023 ayant bloqué l’acheminement du minerai. La position de la junte vis-à-vis des Occidentaux est dans ce contexte ambivalente : si elle a repris à Orano le contrôle de la mine d’Arlit et retiré son permis d’Imouraren, elle a renouvelé les autorisations d’exploration de groupes états-uniens et australiens. À l’heure, rien ne confirme que la Russie ait essayé d’accaparer les gisements d’Orano. Les tensions franco-nigériennes ont été largement instrumentalisées par la guerre informationnelle menée par le Kremlin sur le terrain de l’uranium. À l’inverse, le réinvestissement chinois au Niger est plus certain, le groupe CNNC réouvrant en mai 2024 sa mine d’Azelik.   Le Canada comme relais de croissance Bien que disposant des réserves les plus importantes au monde, la part de l’Australie dans la production d’uranium (8,5 %) a peu de chance de décoller. L’exploitation nécessite en effet l’autorisation…

Portrait de Laura Marchand, responsable de la plateforme de synthèse automatisée Mat-Light 4.0

Par Sarah Journée

Publié le 17 février 2025 Portrait de Laura Marchand, responsable de la plateforme de synthèse automatisée Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette vidéo Laura Marchand, ingénieure de recherche pour le projet Mat-Light 4.0 et responsable de la plateforme de synthèse automatisée SynthIA. Découvrez son parcours, son travail et les recherches qu’elle aide à développer au sein de l’UHA. https://youtu.be/0krYKsrISwo?si=JN5QBhLsjnqK55Me Cette vidéo a été réalisée par des étudiant·es du BUT Métiers du Multimédia et de l’Internet (MMI) de l’IUT de Mulhouse. Laura Marchand Ingénieure de recherche/développement (LIMA) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo C’est quoi Mat-Light 4.0 ? 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 C’est quoi Mat-Light 4.0 ? Découvrez dans cette vidéo le projet d’excellence Mat-Light 4.0 qui… Vidéo Laurent Simon, responsable de la plateforme de caractérisation des matériaux Mat-Lights 4.0 17 février 2025/ Publié le 17 février 2025 Laurent Simon, responsable de la plateforme de caractérisation des matériaux Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette… Vidéo Arnaud Spangenberg, responsable de la plateforme de procédés photo-induits Mat-Light 4.0 26 mars 2025/ Publié le 26 mars 2025 Arnaud Spangenberg, responsable de la plateforme de procédés photo-induits Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette vidéo… Vidéo

Laurent Simon, responsable de la plateforme de caractérisation des matériaux Mat-Lights 4.0

Par Sarah Journée

Publié le 17 février 2025 Laurent Simon, responsable de la plateforme de caractérisation des matériaux Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette vidéo Laurent Simon, coordinateur scientifique adjoint du projet Mat-Light 4.0 et directeur de recherche au CNRS. Dans le cadre de ce projet, il est également responsable de la plateforme de caractérisation par la lumière. Découvrez son parcours, son travail et les recherches qu’il développe et aide à développer au sein de l’UHA. https://youtu.be/FL-UUCC_3BU?si=Wh4LjxorEHQLYVge Cette vidéo a été réalisée par des étudiant·es du BUT Métiers du Multimédia et de l’Internet (MMI) de l’IUT de Mulhouse. Laurent Simon Directeur de recherche au CNRS en science des matériaux (IS2M) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo C’est quoi Mat-Light 4.0 ? 9 mars 2023/ Publié le 9 mars 2023 C’est quoi Mat-Light 4.0 ? Découvrez dans cette vidéo le projet d’excellence Mat-Light 4.0 qui… Vidéo Portrait de Laura Marchand, responsable de la plateforme de synthèse automatisée Mat-Light 4.0 17 février 2025/ Publié le 17 février 2025 Portrait de Laura Marchand, responsable de la plateforme de synthèse automatisée Mat-Light 4.0 Rencontrez dans… Vidéo Arnaud Spangenberg, responsable de la plateforme de procédés photo-induits Mat-Light 4.0 26 mars 2025/ Publié le 26 mars 2025 Arnaud Spangenberg, responsable de la plateforme de procédés photo-induits Mat-Light 4.0 Rencontrez dans cette vidéo… Vidéo