Mois : octobre 2020

Veolia-Suez : la réussite de l’acquisition dépendra aussi des mécanismes de contrôle mis en place

Par Sarah Journée

Publié le 12 octobre 2020 Veolia-Suez : la réussite de l’acquisition dépendra aussi des mécanismes de contrôle mis en place Marc Bollecker, Université de Haute-Alsace (UHA) et Marion Hertzog, Université de Haute-Alsace (UHA)   L’actualité des opérations de fusions-acquisitions en France est particulièrement marquée par l’offensive de Veolia, acteur majeur de la gestion de l’eau et des déchets, sur son concurrent Suez. En effet, le lundi 5 octobre 2020, le groupe Engie a décidé de céder à Veolia près de 30 % des parts qu’il détient de son concurrent dans un contexte particulièrement polémique, dans lequel la présidence de la République est même accusée d’être intervenue dans le vote (ce que l’Élysée dément). Le 9 octobre, le tribunal judiciaire de Paris a d’ailleurs décidé de suspendre l’opération « tant que les comités sociaux et économiques concernés n’auront pas été informés et consultés quant aux décisions déjà prises ». Les deux entreprises ont annoncé qu’elles feraient appel de cette décision. Au-delà de ce cas, ce type d’opérations fait régulièrement l’objet d’une forte médiatisation : General Electric – Alstom, Fiat Chrysler – PSA, Vivendi – Havas, Siemens – Alstom, etc. Régulièrement, elles conduisent même à l’intervention des plus hautes autorités de l’État, comme l’a encore montré le dossier Veolia-Suez. Cette médiatisation s’explique par les craintes que suscitent les fusions-acquisitions, qui sont loin d’être spécifiques au secteur de l’eau et de la valorisation des déchets.   Peur de l’échec Les craintes se cristallisent le plus souvent autour des difficultés d’une situation post-fusion ingérable, de pertes d’emplois, de position monopolistique, d’offre publique d’achat (OPA) future (ici sur Suez), et des incertitudes sur la rentabilité des sommes décaissées (estimées à près de 3,4 milliards d’euros dans le cas de Veolia). Ces craintes s’expliquent également par les risques d’échecs des opérations de fusion-acquisition qui demeurent élevés. Les différentes études menées sur ces opérations s’accordent sur un taux d’échec approchant les 70 %. Relevons cependant que ce qui est entendu par la performance de ces opérations varie considérablement selon les interlocuteurs. Par exemple, en finance, elle peut se mesurer par la création de valeur pour les actionnaires (rentabilité, croissance du chiffre d’affaires, économie d’échelles) ou par l’abandon des opérations. En gestion des ressources humaines, ce peut être l’impact sur les licenciements ou sur le climat social ; en stratégie, la réalisation des objectifs stratégiques tels que le développement régional. Si des intérêts stratégiques conduisent les groupes à maintenir de telles opérations, malgré des résultats financiers souvent décevants, il est particulièrement utile de s’intéresser aux facteurs postérieurs aux opérations de fusion-acquisition, explicatifs de leurs échecs ou de leurs succès.   Choisir son dispositif d’intégration De nombreux travaux de recherche ont été menés sur la question. Sans être exhaustif, certains montrent le rôle des dirigeants et du leadership, d’autres se focalisent sur la gestion des différences culturelles, les relations humaines et l’identité, d’autres encore sur la gestion de l’incertitude et de l’ambiguïté, ou la vitesse d’intégration. Quel que soit l’angle d’analyse adopté, ces opérations nécessitent d’intégrer, dans une nouvelle entité, des structures et collaborateurs présentant des différences cognitive, sociale, géographique voire institutionnelle plus ou moins importantes. En réalité, il s’agit d’un problème classique et ancien dans toutes les organisations, d’intégration et de différenciation. Les dispositifs d’intégration (ou mécanismes de contrôle) se traduisent par des systèmes, des règles, des pratiques et des valeurs qui orientent les comportements des collaborateurs vers la réalisation des objectifs et de la stratégie de l’organisation. Les chercheurs en contrôle de gestion, Teemu Malmi et David Brown, ont montré la diversité de tels dispositifs d’intégration massivement utilisés par les firmes : plans d’action à court, moyen et long terme (planification), budgets, indicateurs financiers et non financiers, tableaux de bord (contrôle cybernétique), récompenses et bonus, délégations des responsabilités, procédures, gouvernance (contrôles administratifs), valeurs, croyances, normes sociales (contrôles culturels) etc. La grande majorité des fusions-acquisitions sont des échecs (Frédéric Fréry, Xerfi Canal, 2016).   Dans le cas d’une fusion-acquisition, ces dispositifs d’intégration peuvent s’avérer tout à fait utiles pour sensibiliser les employés aux finalités de l’opération, pour véhiculer les objectifs de la nouvelle entité, voire même pour les rassurer quant à leur avenir (à supposer que cela soit envisageable !). Dans ce type d’opération, le groupe acquéreur est alors amené à réaliser un choix complexe sur le degré et les mécanismes de contrôle (intégration) des différentes entités et sur leur autonomie (différenciation) respective. Ce choix peut prendre trois formes différentes si l’on se réfère à l’une des nombreuses typologies réalisées sur le sujet : la préservation, l’absorption, la symbiose. La première forme se traduit par la conservation de l’identité et de l’autonomie de chaque entité, la coordination se limitant à un contrôle financier (par exemple LVMH et Liberty Surf). Elle se retrouve souvent dans des stratégies de diversification menées par le groupe acquéreur. La deuxième se caractérise par une faible autonomie de l’entité acquise et une très forte coordination par l’acquéreur. Elle passe le plus souvent par la recombinaison des ressources et de l’identité de la structure acquise (par exemple Axa et UAP). La dernière forme d’intégration implique le maintien de l’autonomie tout en développant des relations de coordination approfondies sur le plan opérationnel par des mutualisations des processus (par exemple Air France et KLM).   Intégrer de manière optimale Dès lors, parmi les différents facteurs de réussite d’une opération de fusion-acquisition, on peut relever l’importance d’une recherche de cohérence entre les dispositifs d’intégration (ou mécanismes de contrôle organisationnel) existants ou à développer dans chacune des entités et la forme d’intégration choisie. On peut ainsi aisément comprendre que, dans le cas d’une intégration qui vise la préservation des spécificités de l’entité acquise, l’utilisation massive par l’acquéreur d’une variété de dispositifs d’intégration (contrôle culturel, contrôle administratif, contrôle cybernétique, planification…) s’avère peu pertinente. Elle conduit à une mise sous contrôle excessive ou inadaptée des employés. Elle expose l’acquéreur au rejet des dispositifs d’intégration. Nombreux sont les travaux ayant démontré des risques de controverses, de non-appropriation voire de rejet, même au-delà des opérations de fusion-acquisition. Inversement, la seule utilisation d’outils de contrôle cybernétique dans une forme fusionnelle ne serait pas suffisante pour assurer…

Ma Thèse en 180 secondes 2020 – Ophélie Bringel

Par Sarah Journée

Publié le 9 octobre 2020 Ma thèse en 180 secondes 2020 – Ophélie Bringel Ma thèse en 180 secondes est un concours internationale durant lequel des doctorant·es francophones des quatre coins du monde présentent leur sujet de recherche vulgarisé … en 180 secondes top chrono ! Véritable exercice de vulgarisation, d’éloquence et de mise en scène, ce concours permet de partager au grand public la recherche qui se fait dans les laboratoires.   Ophélie Bringel est la seule doctorante de l’UHA à s’être présentée à la finale Alsace de 2020. Une édition spéciale étant donné qu’elle a eu lieu en plein pendant l’épidémie de Covid-19, forçant les candidat·es à présenter leur sujet de thèse face caméra uniquement ! Elle a présenté son sujet de thèse intitulé « Etude des caractéristiques chimiques et structurales d’une pollution solide formée sur les rails de voies ferrées et les roues de matériels roulants ». https://youtu.be/t2oxOTnZA7E?si=9_9uyBjmLLBBtRkv Ophélie Bringel Doctorante en science des matériaux (IS2M) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2016 – Amna Amri 4 avril 2016/ Publié le 4 avril 2016 Ma thèse en 180 secondes 2016 – Amna Amri Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2017 – Tuba Kavalli 11 avril 2017/ Publié le 11 avril 2017 Ma thèse en 180 secondes 2017 – Tuba Kavalli Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri 21 mars 2024/ Publié le 21 mars 2024 Ma thèse en 180 secondes 2024 – Eya Ghomri Ma thèse en 180 secondes est… Vidéo

BD « Sciences en bulles » : La poudre de Magnésium, un carburant propre et renouvelable pour nos voitures ?

Par Sarah Journée

Publié le 6 octobre 2020 BD « Sciences en bulles » : La poudre de Magnésium, un carburant propre et renouvelable pour nos voitures ? Driss Laraqui, Université de Haute-Alsace (UHA)   Cet extrait de la BD « Sciences en bulles » est publié dans le cadre de la Fête de la science dont The Conversation France est partenaire.   La lutte contre le dérèglement climatique pousse les constructeurs automobiles à chercher une énergie verte et renouvelable qui permette une mobilité abordable et respectueuse de l’environnement. Actuellement, les sources d’énergies renouvelables connues, telles que les panneaux solaires et les éoliennes, sont intermittentes et isolées dans certaines zones géographiques. Pour permettre leur utilisation généralisée, elles dépendent de batteries qui transportent une trop faible énergie par volume pour permettre une autonomie suffisante du véhicule (sans évoquer les contraintes de production et recyclage de ces dernières). Le même problème de densité énergétique est reproché à l’hydrogène. On utilise dans les moteurs thermiques actuels la combustion de diesel ou d’essence. On aurait donc « juste » à trouver un carburant qui permette d’allier performances (forte densité énergétique) et zéro émission de CO2 (carburant décarboné). Revenons donc au tableau périodique pour chercher un élément qui puisse réagir avec l’oxygène, qui ne soit pas rare (pas cher), qui ne soit pas lourd (noyau léger) et dont les oxydes ne soient pas toxiques. Il reste donc les métaux. Parmi eux, l’aluminium, le fer et le magnésium sont parmi les 8 éléments les plus présents de la croûte terrestre. Leur abondance est une force. De plus, la poudre métallique est facile et sûre à transporter et on peut récupérer les oxydes produits par la combustion pour régénérer le métal initial. C’est potentiellement un combustible renouvelable s’inscrivant dans une économie circulaire. La combustion de métaux est tellement énergétique qu’elle est déjà utilisée actuellement dans les fusées pour « booster » leur poussée (depuis les années 60). Néanmoins, il ne serait pas envisageable, même pour les fans de sensations fortes, d’utiliser ce type de propulsion pour une voiture. Mais utiliser de la poudre métallique dans les moteurs de voiture actuels non plus. Il faut faire une modification importante en réalisant la combustion à l’extérieur de la chambre à pistons pour éviter les abrasions et le bouchage du cylindre par les particules. C’est là où l’on est ravi de se rappeler que Robert Stirling a inventé un moteur (qui porte son nom) où la chambre de combustion est à l’extérieur et chauffe un gaz (inerte) dans la chambre à piston pour permettre la conversion de l’énergie thermique en énergie mécanique afin de faire tourner les roues. En tant qu’ingénieur/doctorant motoriste, mon travail consiste à développer cette chambre de combustion unique au monde. Son rôle est d’enfermer une flamme de magnésium et de faire en sorte qu’elle ne bouge pas pour récupérer son rayonnement et ses gaz chauds. Il faut aussi que les particules d’oxydes formées soient toutes récupérées par des systèmes de filtration. Cela permettra de recycler ces oxydes et produire la poudre métallique utilisée au départ (recyclage qui se fera sur une station fixe à l’aide d’énergies vertes). L’objectif final du projet étant d’enrichir la palette d’énergies vertes (biocarburants, hydrogène, métaux) qui permettra de s’adapter à plusieurs applications (puissance requise), utilisations (autonomie suivant le trajet) et localisations géographiques (proximité pour l’approvisionnement). Dans le cas précis des métaux, il faudra trouver une synergie avec les autres acteurs économiques importants tels que le transport maritime, la production d’électricité et la métallurgie.     Driss Laraqui, Docteur en Génie des procédés, Université de Haute-Alsace (UHA)   Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original. Driss Laraqui Docteur en génie des procédés (LGRE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Ma Thèse en 180 secondes 2017 – Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD 7 avril 2017/ Publié le 7 avril 2017 Ma thèse en 180 secondes : Un aller simple pour la lumière ! Clémentine BIDAUD… Vidéo Fête de la science : Driss Laraqui, jeune docteur à l’honneur 29 septembre 2020/ Publié le 29 septembre 2020 Fête de la science : Driss Laraqui, jeune docteur à l’honneur   La Fête de… Vidéo Mulhouse : cinq doctorants fourniront de l’énergie sur la lune 10 mars 2021/ Publié le 10 mars 2021 Mulhouse : cinq doctorants fourniront de l’énergie sur la lune   Tomasz Wronski, Adeline Andrieu,… Vidéo

Coronavirus – Comment Mulhouse fait avancer les masques textiles

Par Sarah Journée

Publié le 1 octobre 2020 Coronavirus – Comment Mulhouse fait avancer les masques textiles   En plein pic de la crise de Covid-19, la France s’est heurtée à un soucis majeur : la disponibilité des masques chirurgicaux, protections essentielles contre la propagation du virus. Ces derniers étant en grande majorité réservés aux professionnels du secteur médical, il a fallu parer au plus pressé pour la population française et de nombreux masques faits maison en tissu ont vu le jour. Cependant le développement de masques en tissus présente une problématique majeure : leur performance n’est pas mesurée et à priori pas comparable aux masques chirurgicaux. Deux laboratoires de l’Université de Haute Alsace se sont donc alliés pour mettre au point des masques textiles et des tests pour que leurs performances soient évaluées : le Laboratoire de Physique et Mécanique Textile (LPMT) et le Laboratoire Gestion Risques et Environnement (LGRE). Rencontrez dans cette vidéo Marie-Ange Bueno et Valérie Tschamber, les deux chercheuses porteuses du projet « Motus ».   Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : L’Alsace Marie-Ange Bueno Professeur en science du textile (ENSISA & LPMT) Valérie Tschamber Professeure en gestion des risques et environnement (FST & LGRE) Sur le même thème Tous |Article |Non classé |Podcast |Question |Recherche participative |Vidéo Du pantalon bouffant à la doudoune pour tous : le style aux sports d’hiver 19 février 2019/ Publié le 19 février 2019 Du pantalon bouffant à la doudoune pour tous : le style aux sports d’hiver Présentation… Podcast Le vêtement sportif, histoire de modes 20 juillet 2023/ Publié le 20 juillet 2023 Le vêtement sportif, histoire de modes Basket montante Adidas par Rick Owens, Automne-Hiver 2015 –… Podcast Portraits de femmes de sciences : Corinne Jung, chercheuse au LPMT 13 mars 2024/ Publié le 13 mars 2024 Portraits de femmes de sciences : Corinne Jung, chercheuse au LPMT Rencontrez dans cette vidéo… Vidéo